Christian VIGUIE

Christian VIGUIE



Christian Viguié, né le 13 juillet 1960, à Decazeville, vit dans un village abandonné (Agar) de 1982 à 1984. Son Livre des transparences et des petites insoumissions et son roman, Des rois dans les arbres, évoquent cette période de sa vie. Il fait ensuite de multiples métiers saisonniers avant de devenir veilleur de nuit dans la région parisienne puis éducateur et  instituteur. Il vit à Condat-sur-Vienne, près de Limoges.

Poète, Christian Viguié est aussi auteur de théâtre, de nouvelles, récits, romans, préfacier, illustrateur... Paul Farellier écrit (in Les Hommes sans Épaules n°17/18, 2004), à propos de Juste le provisoire, de Christian Viguié : « Le souci de son propre statut, la mesure de son degré, voire de son absence de légitimité, sont des exigences auxquelles, en poésie, la parole contemporaine échappe, comme on sait, difficilement. Lisant ou écrivant, nous rencontrons mille témoignages, les plus explicites comme les plus souterrains, de l’astreinte à cette vérification permanente.

Christian Viguié est de ces poètes, soigneux visiteurs des choses, des heures, des silences, à quoi, comme à des pierres de touche, il vient frotter sa parole pour des effritements d’éternités, pour une brièveté étonnée. Aucune sécheresse académique, aucun dogmatisme pour cette recherche, mais, dans la lumière du paysage (Le matin s’accroche à un châtaignier/ Un volet pousse un nuage), le simple accomplissement d’un exister conscient par lequel se jauge l’exigence/ du néant.

Si le poème de Christian Viguié consent à ne se penser qu’en limite (S’approcher/ sachant que rien ne fut pris/ mais juste effleuré/ ajoutant une ombre à une ombre), il revendique aussi quelque non-violente insoumission dont il se veut redevable à la pierre légère d’un parfum/ à une branche que tu casses/ et qui retentit à peine/ dans l’éternité surprise. Ainsi se décante et s’épuise le destin d’homme.

Le poète n’entend pas échapper à l’éphémère. Il reste au contraire, résolument mais sans effort, dans un immanent dont il montre le chemin, échangeant ce qui passe/ et ne passe pas… un dieu/ contre une brindille. Une belle et profonde lecture. De précieuses pages pour écouter une voix/ qui soulève le temps.

Paul FARELLIER

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 

À lire : L’Âge est de rompre (Messidor, 1987), Prix Europe/Poésie 1986, Fables (L’Arrière-Pays, 1996), Petites écritures (Rougerie, 1996), Paysages dans la neige (L’Arbre à Paroles, 1996), Biographies (Tarabuste, 1997), prix Emile Snyder 1993, Le Livre des transparences et des petites insoumissions (Le Dé bleu, 1997), Prix Max-Pol-Fouchet 1997, Le Carnet de la roue (Le bruit des autres, 1999), Économie d’un paysage (Rougerie, 1999), La Dure Lumière (Rougerie, 2001), Prix Antonin-Artaud 2003, Le Jardin, récit (Le bruit des autres, 2001), Pour les oiseaux ou les fous ou Les derniers jours du Caravage, théâtre (Le bruit des autres, 2001), Un homme inutile, roman (Le bruit des autres, 2002), Le vieux Maître, roman (Le bruit des autres, 2003), Contre-chant (Propos 2 Éditions, 2003), Juste le provisoire (Rougerie, 2004), Comme un chemin, récit (Circa 1924), Guerres sur fond bleu, nouvelles (Le bruit des autres, 2006), Cheminements (Rougerie, 2007), Partis pris 1, Lettres à René Pons (Le bruit des autres, 2009), Partis pris 2, Poésie et politique, essai (Le bruit des autres, 2009), Des oiseaux (Le cadran ligne, 2009), Autres choses (Rougerie, 2010), René Rougerie, une résistance souveraine, entretien, livre accompagné d’un DVD (Le bruit des autres, 2010), Partis pris 3, Esthétiques, essai (Le Bruit des autres), Des rois dans les arbres, roman (Le Mot fou,  2010), Nuits d’été, théâtre (Le bruit des autres, 2012), Outre mesure (Dernier Télégramme, 2013 ), Baptiste l’idiot, roman (Le Mot fou, 2014), Prix Murat 2015,  Passé décomposé, roman policier (Le geste noir, 2015), Limites (Rougerie, 2016), Conjonction d’insubordination, entretiens avec Laurent Albarracin et Laurent Doucet (La passe du vent, 2018), Damages, approche graphique de Olivier Orus (Rougerie, 2020).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : René DEPESTRE ou l’Odyssée de l’Homme-Rage de vivre n° 50