Christian BACHELIN

Christian BACHELIN



Né à Compiègne en 1933, Christian Bachelin a connu un parcours atypique : enfant de troupe en «École militaire préparatoire», puis manutentionnaire d’un entrepôt, occasionnellement accordéoniste, surveillant pour une coopérative agricole, pointeau dans une parfumerie de Grasse, «saute-ruisseau» d’un huissier de justice, il occupera enfin à Paris, par l’entremise de Jean Rousselot, un poste administratif à la Société des Gens de Lettres. La sécheresse des éléments d’une biographie ne peut donner la moindre idée du vertige que fait éprouver la lecture de Bachelin. Nous parlons naturellement d’une vraie lecture, honnête pour l’empathie et profondément «artiste». Car c’est bien de grand art qu’il s’agit : Rousselot avait relevé, dans sa préface de 1967 à Neige exterminatrice, «le choix que Christian Bachelin a fait d’un verbe qui chante et qui exprime» ; et c’est là un merveilleux baroquisme, tout moderne à leurrer le «classique» par une versification musicalement chaloupée. Le poète n’écrit pas par hasard le mot «blues», ni d’ailleurs le mot «nostalgie». Son étrange lyrisme, d’aspect si singulier, touche d’autant plus qu’il s’attache à ce qui, du réel, donne d’abord l’apparence du plus modeste, du plus banal, souvent du plus dégradé. Christian Bachelin a été publié dans la deuxième et la troisième série des HSE. Il a également été présenté (par Paul Farellier) et publié à nouveau dans Les HSE 31 (2011), comme «Porteur de Feu». Christian Bachelin est décédé le vendredi 29 août 2014.

À lire : Neige exterminatrice (Chambelland, 1967), Le Phénix par la lucarne (Chambelland, 1971), Ballade transmentale (Chambelland, 1975), Médiéval in blues (Chambelland, 1981), Fatrasies en revenant d’aujourd’hui (La Bartavelle, 1988), Complainte cimmérienne (La Différence, 1989), Cantilène engloutie (La Bartavelle, 1991), Soir de la mémoire (Méréal, 1998), Butoirs rouillés de la mémoire (La Bartavelle, 1999), Atavismes et Nostalgies (L’Arbre, 1999), Neige exterminatrice – Poèmes 1967-2003 (Le Temps qu’il fait, 2004), Le Démon d’antichambre (Rehauts, 2007).

Paul FARELLIER

(Revue Les Hommes sans Épaules).

Je suis n’importe qui
Mêlé à la poussière errante de la foule
Et mes mains sont trop lourdes pour la poésie
Et mon coeur se renverse à la table commune
Trinquant à la santé du monde comme il tourne

Je n’ai rien accepté je n’ai rien refusé
Je laisse les mouches ensevelir les morts
Et s’il m’arrive encore de me souvenir
D’une aurore en forêt d’un vol de libellules
C’est d’un élan trop bref pour toucher les étoiles

Le feu des images me couronne de cendres
Et seule mon angoisse s’émerveille parfois
D’une vie trop fragile pour être vécue.

Christian BACHELIN

Poème extrait de Les Hommes sans Epaules n°31, 2001.



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules




René DEPESTRE, Roger KOWALSKI, les éditions GUY CHAMBELLAND n° 10

Numéro Spécial GUY CHAMBELLAND POETE DE L'EMOTION n° 21

Dossier : HORIZONS POÉTIQUES DE LA MORT n° 31


 
Dossier : ALAIN BORNE, C'est contre la mort que j'écris ! n° 39