David DIOP

David DIOP



Né le 7 juillet 1927, à Bordeaux, David Mandessi Diop accomplit ses études à Paris, tout d’abord en Faculté de Médecine, avant de se tourner vers les lettres modernes. Au cours de ses études, Léopold Sédar Senghor est son professeur. Après avoir obtenu sa licence, David Diop part pour le Sénégal où il enseigne au lycée Maurice Delafosse.

Ses premiers poèmes sont publiés dans la revue Présence Africaine et aussitôt reproduits par Léopold Sédar Senghor dans son Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française, en 1948. Son premier livre de poèmes paraît en 1956 : Coups de pilon. Diop écrit : « Le créateur noir d’expression française contribue à la renaissance de nos cultures nationales. Que nous importe alors que son chant, ample et dur, éclate en alexandrins ou en vers libres : pourvu qu’il crève les tympans de ceux qui ne veulent pas l’entendre et claque comme des coups de verge sur les égoïsmes et les conformismes de l’ordre. La forme n’est là que pour servir l’idée et le seul héritage qui ait du prix c’est la tendresse d’un poème d’Éluard, la rayonnante lucidité de Nazim Hikmet, c’est « l’orage déchaîné » de Pablo Neruda… »

En 1958, David Diop répond à l’appel de Sékou Touré et part enseigner à Kindia (Guinée), où il accepte en tant que membre du Parti africain de l’indépendance, d’assurer les fonctions de directeur de l’École normale. Il meurt au large des côtes du Sénégal dans un accident d’avion le 29 août 1960. Il a pris place à bord du vol 343 Air France, un Lockheed L-1649, avec 54 autres passagers et 8 membres d’équipage. Il n’y a pas de survivants.  Il emporte dans la mort le manuscrit de son second livre.

David Diop a marqué et influencé de nombreux poètes africains. Son cri puise jusqu’aux racines mêmes de l’être et de la terre africaine, dont le poète célèbre la beauté ancestrale, tout en dénonçant le sort douloureux de l’homme noir. Amadou Lamine Sall écrit (in Poésie 1 n°131, Poètes du Sénégal, 1986) : « Il portait en lui comme un immense brasier, les accents et le rythme d’une poésie qui ne s’est trompée ni de discours, ni de peuple, ni de combat. Sa poésie apportait un nouveau souffle et un incomparable claquement de fouet. C’était un militant. Un vrai. Les accents de sa poésie en un seul et désormais solitaire recueil, ont rejoint les succès les plus populaires de la poésie sénégalaise. La parole, la poésie de David Diop ont libéré du complexe colonial et fait prendre conscience à l’Afrique de cette grandeur qu’elle ignorait en elle. Là est le véritable poète, artisan et visionnaire du monde de demain. »

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : Tchicaya U TAM’SI, le poète écorché du fleuve Congo n° 54