Francis JAMMES

Francis JAMMES



Francis Jammes naît à Tournay en 1868, fait ses études au lycée de Pau, puis à Bordeaux ; élève normalement studieux, il prend goût au voyage imaginaire avec Jules Verne, puis se passionne très jeune (1880-1883) pour l'aventure entomologique, science avec prolongements poétiques ! En 1886, il découvre Baudelaire, échoue au bac (relation de cause à effet ?); confronté à l'échec et en pleine quête de lui-même, il écrit tout simplement 89 poèmes. C'est à Orthez, qu'en 1889, il devient clerc chez un notaire. Il s'y ennuie assez pour envoyer à la presse littéraire ses essais poétiques qui seront remarqués par Mallarmé, par Gide. Il va vivre, de 1895 à 1898, une période Gide et mettre le cap pour toujours vers la vie poétique. Déjà célèbre, il crée le Jammisme qui confirme qu'il n'appartient qu'à son école, genre école buissonnière (expression de Robert Mallet, en préface du recueil Deuil des Primevères). De 1898 à 1900, il écrit De L'angélus de l'aube à l'angélus du soir, puis Le Deuil des Primevères et se lie en 1901 avec Claudel ; il voyage pour défendre sa cause et soutient les poètes contre la littérature, à Bruxelles, Anvers, Bruges, Amsterdam. À 35 ans, à l'instar des héros (plutôt héroïnes) d'Alexandre Dumas fils, il va vivre une triste histoire d'amour: Acte I : Fol amour partagé par une jeune fille en fleur. Acte II : Refus des parents. La jeune fille obéit. Acte III : La jeune fille épouse un homme riche. Cette histoire apparemment banale va le frapper de plein fouet et dégénèrer en crise de foi ? Francis Jammes va gagner le château de Cayla, près de Gaillac où vécurent Eugénie et Maurice de Guérin. Il écrit Clairière dans le Ciel. En 1907, à 39 ans, il épouse Geneviève Goedorp : ils eurent six enfants. Il reste toujours lié au milieu littéraire inspirant de plus jeunes poètes: Cocteau, Mauriac... En 1912 paraissent les Géorgiques chrétiennes. En 1928, il rencontre Paul Valéry. Il meurt à Hasparren à la Toussaint 1938, le jour où l'une de ses filles prend le voile.

Jammes "apparaît" toujours fidèle aux formes classiques, mais seulement comme l'époux adultère dissipe les soupçons en multipliant en public les attentions envers son épouse. Il se joue la tristesse, les regrets, recourt à l'emploi musical du conditionnel, choix sans risque d'un futur. Francis Jammes est toujours en situation dans le poème. Il tourne les yeux, pour découvrir le décor qu'il "occupe", nouvel arrivant en permanence, brouillant par son intrusion le temps des lieux. Comme tout amoureux des chiens, il marchait beaucoup dans la campagne. Il doit autant à ses pas qu'à la terre qui les reçoit. Il raconte, avec des rimes surprises, avec des arrêts pour piéger la durée dans son élan. Il y a du Fargue piéton de Paris dans ce piéton des sentiers.

Jean DUBACQ

(Revue Les Hommes sans Épaules).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Jean MALRIEU, André MARISSEL, Mahmoud DARWICH n° 12