Friedrich HÖLDERLIN

Friedrich HÖLDERLIN



Friedrich Hölderlin (Lauffen, Wurtemberg, 1770-Tübingen 1843).

"... Donnons acte aux Romantiques allemands d’avoir le plus assidûment cultivé les valeurs du lointain ; ils participaient de son essence, comme « Les Dieux » de Hölderlin le personnifiaient dans la dimension idéale de l’Éther : Éther paisible ! c’est toi qui conserves à mon âme sa beauté dans la douleur […] La civilisation de la Grèce antique apparaissait là comme le lieu vrai de notre naissance cosmique et humaine, l’origine qu’avait éloignée l’aventure des siècles mais que le poète assignait comme héritage à une humanité nouvelle : […] l’âme humaine surgira jeune et joyeuse, et le souffle béni de l’amour, comme chez les fils bienheureux des Hellènes, soufflera sur des fronts plus libres, dans cette époque nouvelle, et le génie de la Nature, revenant à nous des lointains où il s’attarde, nous apparaîtra comme un dieu planant au sein de ses nuages d’or. Au-delà, pourtant, de la Grèce, le « voyage » perpétuel de Hölderlin devait le mener, sur les ailes de « L’aigle », vers une plus lointaine et mythique origine - les Indes : Mais à l’origine c’est des forêts odoriférantes de l’Indus que sont venus mes ancêtres. Les Indes figurent ainsi l’instant-charnière qui va ramener vers la patrie possédée en propre. Martin Heidegger a montré, dans son Approche de Hölderlin, comment une telle idée, simple pressentiment à l’époque d’Hypérion, a pu, sur le plan du sens, gagner dans l’évolution de l’œuvre consistance et richesse d’implications propres à nous instruire sur les vrais pouvoirs poétiques du lointain : « "Plus loin" ne signifie pas qu’on pousse simplement plus loin l’aventure d’un voyage. Aller au plus loin, c’est se mettre en quête d’un commencement, c’est remonter à l’origine qui fut celle des parents. Les Indes désignent le lieu où s’accomplit le tournant du voyage, qui ramène désormais de l’étranger au pays, et ainsi la traversée qui aboutit à ce point où commence le retour vers le pays germain, a fait parvenir le voyage à l’étranger à son lieu décisif...»"

À lire : Œuvres, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1967.

Paul FARELLIER

(Revue Les Hommes sans Épaules).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules



 
Dossier : DIVERS ÉTATS DU LOINTAIN n° 34

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