Gonzalo ROJAS
Gonzalo Rojas, né le 20 décembre 1917 dans une modeste famille de mineurs, à Lebu, à cinq cents km au sud de Santiago. La maison familiale en bois, la vie âpre des mineurs et le souvenir d’un père tôt emporté par la mort, le marquent très jeune, alors qu’il découvre aussi, la sauvage grandeur de la terre et de la mer chiliennes.
Gonzalo Rojas poursuit des études de philologie et de littérature, à Santiago. Fortement encouragé dès ses débuts par Vicente Huidobro, il participe aux activités et publications du groupe surréaliste chilien Mandrágora, qui publie ses premiers poèmes. Rojas gagne sa vie comme surveillant dans un internat et fréquente les écrivains de sa génération, connue comme « la génération de 1938 ».
En 1948, il publie son premier recueil de poèmes, La miseria del hombre. Le deuxième livre paraîtra seize ans plus tard, Contra la muerte. « Poète de l’intempérie et instable dans le meilleur sens du terme, j’ai toujours été un mouvant, voire même un errant, et je n’ai aimé que la liberté avec tous ses risques… C’est pour cela que je n’ai pas été l’homme de l’adhésion totale et je me suis toujours éloigné du sectarisme. Je n’ai jamais eu de commerce avec l’orthodoxie. Pourtant, j’ai lutté contre l’injustice et je crois que j’ai été un témoin de mon peuple et de mon temps », déclarera plus tard le poète.
Professeur à l’Université de Concepción de 1952 à 1970, il exerce par la suite diverses charges diplomatiques sous le gouvernement de l’Unité Populaire : conseiller culturel en Chine (1971), puis chargé d’affaires à Cuba.
Après le coup d’Etat militaire, il vit en exil en Allemagne et au Vénézuela, pays dans lesquels il travaille comme professeur d’université. Il rentre au Chili en 1994 et s’installe à Chillán, alors que sa poésie a été traduite dans le monde hispanophone. Il reçoit le Prix de poésie de la Reine Sofia, en Espagne (1992), le Prix Octavio Paz, au Mexique (1998), le Prix José Hernández, en Argentine, ainsi que le Prix National de Littérature du Chili en 1992 et le Prix Cervantes en 2003.
Foudroyé par un accident cérébral, Gonzalo Rojas décède le 25 avril 2011. Le gouvernement du Chili décrète deux jours de deuil national. Poète de l’amour, de l’Éros, du mystère et du merveilleux, volontiers sarcastique ou révolté, mais jamais dénué d’humour, Gonzalo Rojas est l’auteur d’une quarantaine de livres et plaquettes de poèmes.
Christophe DAUPHIN
(Revue Les Hommes sans Epaules).
À lire (en français) : La Misère de l’homme (Lettre volée, 2005), L’illuminé (Myriam Solal, 2003), Nous sommes un autre soleil (La Différence, 2003).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
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Dossier : Poètes chiliens contemporains, le temps des brasiers n° 45 |