Gunvor HOFMO
Gunvor Hofmo (1921-1995) est née à Oslo, dans une famille d’ouvriers très militante sur le plan social et politique. Gunvor Hofmo fut une enfant turbulente, mais aussi mélancolique, angoissée. Son vécu pendant la Dexuième Guerre mondiale (elle est âge de 19 ans) est essentiel pour comprendre sa vie et son œuvre. Elle tombe amoureuse de Ruth Maier, une réfugiée juive autrichienne. Mais Ruth est arrêtée au cours d’une rafle en Norvège, le 26 novembre 1942, en même temps que quasiment tous les juifs norvégiens. Ruth meurt assassinée à Auschwitz. A la fin de l’été 1947, Gunvor Hofmo, ravagée par la perte de son amie, voyage en train à travers l’Allemagne détruite, en direction de Paris, où elle restera jusqu’au début de l’année 1948. Après avoir publié cinq recueils entre 1946 et 1955, Hofmo sombre dans la maladie et la dépression. Elle est enfermée, pour seize ans, dans un hôpital psychiatrique. Les médecins ont diagnostiqué une « schizophrénie de type paranoïde ». En 1971, Hofmo renait à l’écriture (un psychiatre avisé a fait installer un endroit pour qu’elle puisse écrire au sein de l’hôpital), avec Invité sur la terre, un ensemble de textes plus minimalistes, puisant leur inspiration aussi bien dans le quotidien que dans l’Ancien Testament. Peu de temps après, Gunvor Hofmo peut s’installer dans un appartement sur la colline d’Ekeberg, avec vue sur Oslo, non loin de l’ancien atelier de Munch. Hofmo vit dans l’isolement et le retrait, jusqu’à la fin de sa vie. Dans cette deuxième phase de son existence, pas moins de quinze livres de poèmes paraissent. Gunvor Hofmo n’est cependant pas passée à côté de l’évolution historique (qui a eu lieu durant son internement) de la poésie. Elle continue sur sa lancée expressionniste, mais ses poèmes apparaissent à présent plus minimalistes. Elle a remarqué que la pratique de la poésie dans l’ensemble des pays nordiques s’est éloignée du style hautement moderniste, lourd de symboles, pour se diriger vers le monde des choses, le quotidien, le trivial. Gunvor Hofmo est considérée comme la poétesse norvégienne la plus douée de son siècle, le XXe, dont elle épouse les tressaillements, les doutes, les angoisses, avec une voix très proche de celle de Tor Jonsson, son contemporain et comme son jumeau. Sa parole en poésie frappe par son intensité métaphysique, sa nécessité, sa véracité. A lire : Tout de la nuit est sans nom, préface de Ole Karlsen, édition bilingue, traduit du norvégien par Pierre Grouix et Grete Kleppen, éditions Rafael de Surtis, 2009).
Pierre GROUIX
(Revue Les Hommes sans Epaules).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
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Dossier : POÈTES NORVÉGIENS CONTEMPORAINS n° 35 |