Jean-Pierre LASSALLE

Jean-Pierre LASSALLE



Jean-Pierre Lassalle (né à Padirac le 9 août 1937), « qui sait caresser l’oiseau dans la pierre, capter le soleil ou la lune d’une monnaie », selon André Breton, a participé aux activités du mouvement surréaliste de 1959 à 1966. C’est à lui, que l’auteur de Nadja confia le soin d’inventorier la bibliothèque de son ami Benjamin Péret, lors de sa disparaition. « La succession de Benjamin Péret avait traîné car son fils et seul héritier était brésilien, officier supérieur dans l’Aviation, et avait donné tout pouvoir à Breton. Péret était, on le sait, plutôt cigale que fourmi et vivait au jour le jour. Les Bédouin lui avaient procuré une chambre, rue Gramme, et il se plaignait d’être très mal logé. Il y avait entassé livres et documents, dont de nombreuses photographies d’identité de militants de la IVe Internationale, sans noms pour identification, obscurs témoins d’années de militantisme. Je procédai à ce travail exténuant d’inventaire, avec l’aide de Jean-Louis Bédouin. Je garde un bon souvenir de ces heures pourtant harassantes », a témoigné Jean-Pierre Lassalle qui, un an plus tard, publia (in revue Bief n°10/11, 1960) ses théories monétaires : «- macroscopique: mettre en circulation d’énormes billets de banque en béton précontraint avec figurant la République une vestale murée vive dans un bain de plexiglas... - microscopique: frapper une monnaie plus petite qu’un grain de sable, une monnaie que l'on perdra tout le temps; que l’on aura sous l’ongle, dans l’œil, dans une dent creuse... »

Après la mort du Grand Indésirable en 1966, Lassalle se réinstalla en province et suivit une carrière universitaire, comme professeur de Linguistique et Littérature françaises, parallèlement à l’élaboration de son œuvre poétique et critique.

Il a, entre autres, écrit sur François Maynard, Alfred de Vigny (dont il a donné une biographie de référence) ou Lautréamont. Il a publié des textes et des poèmes dans les revues Évohé, Préverbes, Non Lieu, Les Hommes sans Épaules et Supérieur Inconnu.

Jean-Pierre Lassalle propose des poèmes volontiers hermétiques, c’est-à-dire sous la haute figure d’Hermès. Jean-Pierre Lassalle se meut entre le Trobar leu et le Trobar clus des anciens troubadours, cherchant constamment à atteindre et transfigurer le surréel.

On retrouve dans ses poèmes, Eros, Thanatos, et la Haute Tradition ésotérique et chevaleresque.

Une œuvre poétique totalement atypique qui n’en rappelle aucune autre, ce que confirme la belle anthologie, Le Grand Patagon.

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Epaules).

À lire : Le Grand Patagon (éd. Salingardes, 1962), Retour de Rodez (éd. Riol, 1963), Rituel de Gueules (Morphèmes, 1967), Brusquement les oiseaux (Temps Mêlés, 1968), Diramant (éd. Riol, 1969), Clé d’amiante et clé d’or (Morphèmes, 1969), Enfin Lépante (éd. Riol, 1971), La Fuite Écarlate (éd. MCP, 1998), Poèmes Presques suivis de La Grande Climatérique (éd. MCP, 2000), L’Écart Issolud suivi d’Agalmata (éd. MCP, 2001), Les petites Seymour (Encres vives, 2007), Alfred de Vigny (Fayard, 2010), Il convient (Encres vives, 2015), Le Grand Patagon, anthologie 1962-2015 (Le Grand tamanoir, 2018).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules



 
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