Joseph QUESNEL

Joseph QUESNEL



POUR SALUER JOSEPH QUESNEL & LE POU QUI GRIMPE

Peintre, dessinateur, graveur, poète, romancier, autodidacte, Joseph Quesnel, « à la chevelure en flamme et aux yeux rieurs » (Georges Laisney), est un artiste complet et accompli (« le petit Quesnel avait chargé son imaginaire revolver ») est né à Coutances (Manche), le 19 avril 1897, dans une famille très modeste. Ses parents, Marie et Pierre, sont jardiniers. Autodidacte, Joseph se forge une solide culture au grès de ses lectures et de ses rencontres. Il n’en reste pas moins fidèle à ses origines humbles, rurales et paysannes et à son terroir normand, comme il l’écrit à un ami le 11 novembre 1926, laissant transparaître la fantaisie, l’humour, la bonne humeur et l’esprit qui sont les siens : « Après cinquante lettres, vingt-cinq cartes, douze télégrammes et demi… Que j’ai eu envie de l’envoyer je m’étonne de n’avoir pas de toi la moindre réponse. Mais de partout j’apprends que tu es assez inquiet au sujet de l’emplacement de mon point de contact avec la terre ; si j’en crois les Beuve, les Thézeloup, les Wolff (pour ne citer que les noms honorablement connus)… Je suis encore à La Haye Pesnel, tout simplement. La nature sort à son tour, tout l’or de ses cachettes. Il pleut et je vois une brave femme, en face de moi dans un champ, qui abrite sa vache sous son parapluie. C’est te dire si ce pays est la patrie même de la bonté… »

Quesnel est connu pour être le fondateur, à dix-huit ans, avec les peintres et graveurs Jean Thézeloup et René Jouenne, du Pou Qui Grimpe, un groupe artistique et littéraire (rejoint par Guy Arnoux, Arlette Bouvier, Gérard Cochet, Georges Laisney ou Edmond-Marie Poullain), qui a sévi à Coutances de 1915 à 1923, année de la mort de René Jouenne, à l’âge de vingt-six ans, de la tuberculose. Joseph Quesnel décède en 1931 et Jean Thézeloup, le survivant du groupe, en 1968.

L’une des caractéristiques du groupe, adepte de l’ironie et de l’humour (ils inventent une fête canularesque en l’honneur de saint Pinxit, saint imaginaire protecteur des peintres), est la pluralité des moyens d’expressions : peinture, gravure, livres illustrés, expositions, représentations théâtrales (dont une mémorable, semble-t-il, mise en scène du roman de Barbey, L’Ensorcelée), poésie, chansons, etc. Les artistes du P. Q. G. se proposent de « rénover l’art populaire et de faire connaître et aimer la petite ville non seulement en Normandie, mais encore dans tous les milieux de lettrés et d'artistes du pays », comme en témoigne le peintre, poète et écrivain Georges Laisney.

Les Poux qui grimpent conjuguent l’histoire, la culture et les traditions locales avec un art nouveau, moderniste et populaire, à la fois. Le but est de favoriser l’accès à la culture pour le plus grand nombre, en faisant le choix, comme l’écrit Emmanuelle Amsellem (in Le Livre du Pou, 2002), de l’art populaire (imagerie, petite édition) contre les Beaux-Arts, de la province créative contre Paris, en s’ouvrant à la modernité tout en valorisant leurs racines.

Le ton est donné dès l’avertissement à « l’Ami lecteur » du premier numéro de l’Almanach de la destinée la rose au bois : « Nous parlons le même langage enrichi d’un patois que les académies et leurs employés n’arriveront jamais à tuer. Nous avons les mêmes coutumes, nous vénérons le même art, art si simple et si grand qui fit chanter le coq sur tes soupières et tes assiettes, qui posa des corbeilles de fleurs et de fruits sur les panneaux de tes armoires, qui enjoliva le cadran de tes horloges. » Emmanuelle Amsellem nous dit encore : « La ville de Coutances est la source d’inspiration essentielle de leurs créations. Il n’est qu’à parcourir le Livre du Pou, leur chef-d’œuvre, pour le comprendre. Page après page, c’est la ville, ses habitants, les objets du quotidien qui se croisent et révèlent l’infinie tendresse des trois auteurs pour leur pays. On retrouve les influences de la presse satirique parisienne, sous la plume de Jouenne, des affichistes de l’Art nouveau sous les enluminures de Thézeloup et de Montmartre avec les dessins de Quesnel. Aucune volonté de scandale chez ces trois trublions qui n’aspirent qu’à réveiller joyeusement la ville endormie ! »

On doit au Pou Qui Grimpe un portrait de Gourmont gravé sur bois, une édition de la Petite Ville (une ode à Coutances) avec des bois de Quesnel ; l’édition de Huit aphorismes, avec des bois de Suzanne de Gourmont. Le Pou Qui Grimpe publie également Zigoui, Musique immobile, de Jean de Gourmont et les Fantômes d’Henri de Gourmont, les Roses-Sang de Henri Dutheil, La vie de Jean-Julien Lemordant de Léon Chancerel, l’Album Jeanne Ronsay de Henri et Berthe Martinie, La Noce devant le photographe de Georges Laisney, ainsi l’Almanach des saisons (printemps 1920-printemps 1921, 5 numéros), qui accueille les textes ou les « images » de Desnos, Dubus, Bachelin, Harel, Fontainas, Carco, Raynaud, Mac Orlan, Barbey d’Aurevilly, Chapront, Willette... À l’Almanach des saisons succède l’Almanach de la Destinée la Rose au Bois (1922-1924). Le Pou Qui Grimpe organise les Journées Remy de Gourmont en 1922 à l’occasion de l’inauguration de son buste (œuvre de Suzanne de Gourmont, belle-sœur de Remy) dans le jardin public à Coutances : « La petite ville est agréable à contempler. On la voit de partout et c'est toujours la même île de pierres accumulées émargeant d’une mer de verdure. D’entre les pierres, il surgit quelques rocs sveltes et dentelés ; ce sont les fèces de ses églises, jadis phares des âmes. De toutes les pierres, à des heures, tombe la voix des cloches. L'air limpide se résout en musique... »

En août 1924, Joseph Quesnel écrit à Marcel Lebarbier : « Si le petit Quesnel savait où il est, y a longtemps qu’il te l’aurait écrit ! Je suis parti un beau matin de février comm’ ça pour un carnaval à Chalon-sur-Saône. Après je suis venu installer la boutique rue de Seine, à Paris. Je me suis fait choyer, chouchouter deux longs mois chez Ronsay. J’ai organisé des expositions au P.Q.G. parisien. J’en ai organisé depuis à Saint-Lô, Granville, et me revoilà parisien avec un tas de beaux projets. On m'a ouvert les appartements de Remy de Gourmont pour abriter ma petite carcasse et j’y travaille en ce moment à réorganiser l’Imprimerie gourmontienne. Je pense repartir vers Coutances quand le soleil me fera signe... »

Monté à Paris (« Paris est non pas dans le brouillard, mais dans la nuit, la vraie : l’électricité a fait un pacte avec le soleil, on doit porter son deuil »), Quesnel fonde une Société d’amateurs de gravures originales et la revue Le Chien de pique, où se côtoient : Chas Laborde, Raoul Dufy, André Derain, Othon Friesz, Marie Laurencin, Antoine Bourdelle, Foujita, Pierre Mac Orlan, Jules Pascin, Georges Rouault, le compositeur Edgar Varèse, Jean Giono, Max Jacob, les poètes normands Jean de Gourmont, Fernand Fleuret (grand ami inconsolable de Guillaume Apollinaire), Louis Beuve (le grand poète de langue normande, de Saint-Lô) et Vincent Muselli, d’Argentan. Quesnel illustre de bois gravés le Joujou et trois autres essais de Remy de Gourmont aux Éditions de la Belle Page, alors qu’il loge dans l’appartement de ce dernier (décédé en 1915), 71 rue des Saints-Pères, Paris 6, et travaille à la réorganisation de l’Imprimerie gourmontienne : le bulletin trimestriel qui recueille la correspondance et publie les inédits de l’auteur des Livre des masques.

Logis du Pou qui grimpe ! Je sais : il y avait de quoi effaroucher les gens-bien ; faire faire la moue à ceux qui trouvaient que cela sentait le rapin fin-de-siècle à cheveux longs et pantalon de charpentier, écrit Marcel Lebarbier. Quesnel lui-même n’a pas adopté de prime abord cette enseigne à épater le bourgeois : la plaque en forme de palette au-dessus du marteau de porte de son atelier ne porte que les initiales mystérieuses C. D. S. Plus tard, quand le foyer d’art, situé 13, boulevard de l’Ouest, devient foyer d’édition, le titre effarouchant est abrégé en Éditions du P. Q. G., et cela depuis la première publication, l’album de bois gravés de la Cathédrale de Coutances, jusqu’à la dernière, les Églogues de Jean Giono.

Aux jeunes vendeurs de la librairie Crès qui demandaient à Quesnel : « Mais, qu'est-ce que cela veut dire, P. Q. G. ? », il répondait : « Cela veut dire Petit Quartier Général ». Quesnel lui-même n’avait pas adopté de prime abord cette enseigne à épater le bourgeois : la plaque en forme de palette au-dessus du marteau de porte de son atelier ne portait que les initiales mystérieuses C. D. S. Plus tard, quand le foyer d’art devint foyer d’édition, le titre effarouchant fut pudiquement abrégé en éditions du P. Q. G., et cela depuis la première publication, l’album de bois gravés de la Cathédrale de Coutances, jusqu’à la dernière, les Églogues de Jean Giono. Aux jeunes vendeurs de la librairie Crès, qui demandent à Quesnel : « Mais, qu'est-ce que cela veut dire, P. Q. G. ? », il répond : « Cela veut dire Petit Quartier Général ».

Pendant la Première Guerre mondiale (Quesnel est mobilisé en 1917 à la 10èmesection d’infirmiers militaires, à Rennes) qui voit leurs débuts, Joseph Quesnel, Jean Thézeloup, René Jouenne, secouent la curiosité du public bas-normand, peu porté à s’intéresser à des formes neuves et à l’« Art vivant ». Une enseigne insolite n’est donc pas inutile. Comme dans ma première lettre, en mai 1918, écrit Marcel Lebarbier, je lui avais fait part de l’irritation que me causait, de la part de nos compatriotes, une curiosité intellectuelle trop exclusivement tournée vers le passé, Quesnel me répondait : « Et pourtant quand on leur présente du nouveau, ils viennent en curieux, mais viennent. Avec nos amis en 1915 nous avions organisé une exposition d’art, chose sans précédent à Coutances. Tout le monde criait folie au, projet de trois gosses. Après quinze jours de durée (au lieu de trois comme nous l’avions pensé), nous versions aux hôpitaux plus de 1.200 francs et tous applaudissaient. » Le Pou avait remporté sa première victoire coutançaise. Il devait en remporter d’autres. Ce fut un spectacle réconfortant que de voir des commerçants de la ville travailler de bon cœur au succès de l’Assemblée Saint-Pinxit, un saint de fantaisie (on s’en doute !) bombardé par nos amis patron des artistes peintres et fêté les 17 et 18 septembre 1921. Un an plus tard, en septembre 1922, l’Union des Commerçants mettait sur pied une participation locale fort jolie à l’inauguration du buste de Remy de Gourmont, et y attirait les foules ! Quesnel était devenu un personnage, sans cesser - heureusement ! - d’être un enfant terrible. »

Le compositeur normand Erik Satie écrit dans la préface de la première exposition parisienne du Pou Qui Grimpe : « Le pou — ce modeste compagnon de l’Homme, et dont la tenace fidélité égale celle dit chien — est leur égide… Fortement calomnié, le pou est un animal qui n’est pas plus sale qu'un autre. C'est donc un banal préjugé que de craindre le pou. Parasite ?... Lui ?... Il ne l’est pas plus que le cheval, et coûte mille fois moins cher à nourrir, à élever que le célèbre coursier. Oui… N’insultons plus les poux, je vous prie ; ne les écrasons plus de nos ongles, de notre mépris... » Jean Follain ajoute : « Les poèmes et dessins de Quesnel manifestent une fantaisie ornée et sensible, une tendresse gouailleuse et futée. »

De la « résurrection » de Joseph Quesnel, poète normand du « Pou qui grimpe ».

Que se passe-t-il après la mort d’un poète ? Que deviennent ses archives, ses manuscrits, ses livres, sa bibliothèque ? Il se passe à peu près toujours la même chose, je le vois depuis trente ans, mis à part quelques exceptions. La famille s’empresse de tout jeter à la déchetterie. Dans le meilleur des cas, il y a une tentative avortée de don auprès d’une bibliothèque, ou une braderie en brocante ou aux enchères. Mais, parfois, il y a des surprises et des bonnes. Je reçois ainsi le 5 novembre 2022 un message par mail de Sylvie L. : « En train de ranger ma maison, je trouve un carton rempli de petits bouquins de Joseph Quesnel. Et une centaine de lettres d’amour adressées à une demoiselle vivant à la Haye Pesnel, proche de Coutances. Je m’apprêtais à brûler les lettres et mettre à la poubelle les livres. Et puis je trouve ce texte relatant sa vie sur votre site. Est-ce que cela intéresse encore quelqu’un ou puis je tout brûler ? »

Joseph Quesnel de mon pays normand venait de ressusciter. Sylvie L. a lu la notice que je consacre à Joseph sur le site de la revue Les Hommes sans Épaules, après l’avoir publié dans le numéro 52 (Dossier Poètes normands contemporains). Naturellement, je réponds à Sylvie L. : « Ne jetez rien, ne brulez rien ! Je prends ! » Sylvie L. m’a tout envoyé dans un carton, en refusant d’être dédommagée. Mieux, elle se plonge dans ses archives et sa mémoire pour me fournir des informations. Et je reçois un petit trésor bien émouvant, une œuvre-vie dans un carton. Ce n’est pas la première fois que je me retrouve dans cette situation. La plus bouleversante étant les cartons de l’œuvre-vie de Marc Patin. J’ouvre le carton et y trouve : livres, photos, documents, manuscrits, correspondances, dont la plus importante (près d’une centaine de lettres) est liée à la grande histoire d’amour de Joseph Quesnel (« Comme tu m’aimes, ma chérie, comme je t’aime. Je ne crois pas que rien jamais puisse se glisser sournoisement entre ces deux amours, ils sont trop resserrés, trop unis ») avec Geneviève Brizard, normande comme lui (« intrépide amazone », d’après Henry de Gourmont), née le 1er avril 1890 à Vire, où ses parents tiennent un commerce de mercerie. Geneviève vit entre La Haye-Pesnel (entre Villedieu-les-Poêles et Granville, dans la Manche), Les Rames de Vire (chez ses parents) et Paris.

Quesnel et Geneviève se fréquentent (un amour intense et très complice) depuis 1923. Son poète-imagier lui écrit en 1927 : « Je crois, madame Quesnel, que madame de Sévigné n'a jamais été à l’école de ta demoiselle de Vire, je crois surtout qu’elle oubliait dans ses lettres de mêler son cœur à ses phrases. Il couvait sous la cendre ou sous le sablier ; le tien rayonne de telle façon ma chérie, que les kilomètres qui nous séparent ou croient nous séparer (comme tu le dis si justement) doivent être bien vexés. Tes lettres sont ma vie. Baisers, petits pois. Je te donne une marée de baisers… »

Un an plus tôt, Quesnel écrit à Geneviève : « Moi, j’ai tes lettres, tes chères lettres, comme je me sens moins seul aujourd’hui, comme j’ai un tout autre élan pour bondir dans le noir d’un bon Dieu humoriste et dans le noir de la quotidienne vie. » Mais de ce noir qui le frappe dans sa chair (la maladie terrible : la tuberculose), comme des aléas de la vie d’artiste (il vit de la vente de ses dessins, tableaux et d’œuvres de commandes en publicité), Quesnel, ne se plaint jamais. Ce noir, il le transperce de son rire énorme. S’il est question de mariage et de s’installer ensemble, Joseph demeure lucide par rapport à sa situation (santé et finances) et s’en remet à Geneviève (in lettre du 10 décembre 1926) : « J’ai comme toi, tout l’espoir, tout le désir de cette vie prochaine, très prochaine, dis. Mais je ne suis que le petit Pou. L’appartement est beau, trop beau : je le vois, nous le voyons bien nôtre. Nous saurions y créer une atmosphère à nous, y vivre, y travailler, nous y aimer dans la joie. Certes. Et la « barrière » à franchir est vite abattue de ce fait. Mais les « valeurs » auxquelles je ne connais rien doivent seules te donner à réfléchir. Le moment, parait-il, est rude. Que sera demain ? Ta décision doit être raisonnée sur ce point, la mienne ne peut-être, tu le sais, qu’enthousiaste, que tu me rends heureux, combien tu me transformes. Aimons-nous fort. Rien ne « saura prévaloir « contre ces portes du ciel. Et je t’aime fort. »

Geneviève, prévenante contrairement à son poète, a fait son testament. Sa sœur doit veiller à ce qu’une pension soit versée à Quesnel s’il lui arrive quelque chose. Mais, Quesnel meurt en 1931 et sa sœur en 1947. Elle-même bien plus tard, le 25 janvier 1986. Joseph Quesnel, dont la toux fait trembler les murs alors que son sang se répand sur le pavé, meurt de la tuberculose à son domicile 17 rue du Prieuré à Saint-Germain-en-Laye, le 17 novembre 1931, à 34 ans. Jeanne-Yves Blanc écrit (in Le Petit Méridional, 9 décembre 1931) : « Joseph Quesnel, le bon imagier et éditeur normand est mort, — dans sa trente-cinquième année, ajoute l’avis funéraire. Ainsi, en pleine production, disparaît un esprit original, un artiste toujours sollicité par un projet nouveau, une intention savoureuse. Joseph Quesnel ressuscitait avec une pointe de modernisme aigu la naïveté des chantefables, la galanterie désuète des almanachs et des madrigaux du XVIIIe. En peinture, l’outrance l’effrayait peu et parfois une toile hâtive est chez lui une toile de grande classe. (Il avait vécu dans l’intimité des Pierrots de Willette et avait gardé quelque chose de leur grâce funambulesque.) Enfin, comme éditeur, à l’enseigne capricieuse du Pou qui grimpe, il a donné quelques livres et brochures que rechercheront les bibliophiles, quand ce ne serait que de très précieuses éditions de Rémy de Gourmont, à la gloire duquel il se consacra un moment, et sa dernière pensée, cette anthologie du Chien de Pique où avaient collaboré, avec d’autres, Jean Cocteau, André Salmon, Yves Alix, Gus Bofa… »

Geneviève est dévastée. Mais, c’est elle, la fidèle, la généreuse (« J’ai eu le temps de peser par petits morceaux (car c’est trop lourds !) tout ce que tu es, tout ce que tu as fait pour moi », lui a écrit Joseph), le grand amour de notre poète-imagier, qui règle ses obsèques ainsi que ses dettes, comme cela est attesté devant un notaire le 12 janvier 1932 : « Geneviève Brizard a payé personnellement tous les frais de maladie de Joseph Quesnel et qu’elle va payer également toutes ses dettes ainsi d’ailleurs qu’elle s’y est engagée personnellement. Par suite nous abandonnons à Geneviève Brizard à titre de compensation tous les droits d’auteur et autres droits qu’avait ou pourrait avoir Joseph Quesnel sur toutes publications en cours, œuvres littéraires et picturales ainsi que sur toutes éditions faites par Joseph Quesnel. »

Geneviève Brizard n’aura ni mari ni enfant autre que son « petit Pou » À sa mort en 1986, à l’âge de 96 ans, Geneviève lègue 200 peintures, dessins et gravures de Joseph et des artistes du Pou qui Grimpe au Musée Quesnel-Morinière de Coutances. En 1991, la ville de Coutances acquiert une part des archives de Joseph Quesnel, soit 800 lettres, certaines émanant de Jean Giorno, Raoul Dufy, Erik Satie, Max Jacob... Six livres de Quesnel ont été publiés à ce jour, dont Bricabrac ou le voyage de la chambre autour de moi (La Chimère, 1922), Petit alphabet galant à l’usage des femmes d’esprit (éditions du Pou qui grimpe, 1927), Café, Sacristie (L’Amitié par le livre, 1945), roman qui a reparu sous le titre, Tirelire (J. Susse, 1945), Le Livre du pou, avec René Jouenne Jean et Jean Thézeloup (Les Cahiers du temps, 2002). Quesnel le Pou Qui Grimpe déambule toujours dans les rues de Coutances….

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Épaules).


Œuvres : Cathédrale de Coutances, dix images dessinées et coloriées par l’auteur, taillées dans le bois par Jean Thézeloup (éditions du Pou qui grimpe, 1919), Les mystiques litanies de Jeanne d’Arc (éditions du Pou qui grimpe, 1920),  Bricabrac ou le voyage de la chambre autour de moi, suivi du Quinze août rotatoire, avec des bois gravés et coloriés par l’auteur (La Chimère, 1922), Petit alphabet galant à l’usage des femmes d’esprit, orné de bois gravés par l’auteur (éditions du Pou qui grimpe, 1927), Café, Sacristie (L’Amitié par le livre, 1945), roman qui a reparu sous le titre, Tirelire (J. Susse, 1945), Le Livre du pou, avec René Jouenne et Jean Thézeloup (Les Cahiers du temps, 2002).

 



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules



 
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