Marie TAKVAM
Parus dans l’après-guerre, à partir de 1952, les premiers recueils de Marie Takvam (1926-2008), accordent une part aiguë à la parole féminine. Femme est celle qui y dit son amour. Et plus encore une passion brûlante, très clairement romantique. Dès ce Baptême sous sept étoiles, qui est aussi celui, littéraire, de son auteur, une parole assez sensuelle offre d’emblée une place au corps rayonnant de désir sensuel, d’envie charnelle. Et assez fortement, sans guère d’ambiguïté, mais aussi sans la moindre trace de vulgarité, que la poésie désignerait alors comme son autre, et plus encore dans une littérature norvégienne qui est peut-être la plus prude de celles des pays nordiques, cette parole née d’une femme marque par son acuité de désir. L’amour physique est vu comme « la génuflexion la plus profonde. » Pour autant, on est frappé par la conformité des rôles : l’homme est là, la femme devant lui, et l’on dirait comme un jeu attendu, une lutte, où l’un des deux doit céder. A partir des années 1960-1970, dans un pays où le débat littéraire sera aussi très politisé, Marie Takvam incurvera son propos vers la politique, réfléchissant notamment sur la place à accorder aux paysans dans la société moderne. A lire : La Rivière est un rai d’argent, édition bilingue, traduit du néo-norvégien par Eva Sauvegrain et Pierre Grouix, (éditions Rafael de Surtis, 2000).
Pierre GROUIX
(Revue Les Hommes sans Epaules).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
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Dossier : POÈTES NORVÉGIENS CONTEMPORAINS n° 35 |