Monique ROSENBERG

Monique ROSENBERG



Rien ne semble occuper davantage Monique Rosenberg (née en 1933) que la Beauté. Rien aussi qu’elle ne partage plus généreusement dans tout le sensible et le visionnaire d’une œuvre qui dit à la fois, étroitement unis, l’Art et le Monde. On voit comme on est loin ici du desséchement esthétique contemporain. Et donc, beaucoup d’éclat dans cette poésie ; partout l’hymne palpite, la clarté s’étonne. Mais tout aussi bien poésie bachelardienne : toutes les images du vivant s’interpénètrent quand le poème, non seulement devenu l’osmose parfaite des trois règnes, animal, végétal et minéral, fait encore littéralement palper, humer l’unité fondamentale où l’être du corps et de l’âme s’affirme celui même des quatre éléments. En toute occasion de l’œuvre, et en particulier dans l’exemple de ce livre (Moorea, suivi de Dive Lumière), la matière verbale est ciselée en ostensoir de la lumière, cette patience à inonder de vie : d’abord dans l’immensité de la nuit même, majeure et constellée, qualifiée de ferlante, et qui figure ainsi la grand-voile porteuse des milliards de matins d’été / pressés en diamants et poudre d’apaisement / Car les étoiles sont les fours des dieux ; mais aussi dans l’intimité brève de l’image-fruit du plein été. Quant au tragique de l’existence, au malheur, à l’absence des êtres chers, rien n’en est ignoré; le poème, Mozart, les peintres, Florence, Venise, tout vient là, non par idéale consolation ou médiocre pitié, mais comme l’éclair qui surmonte et transcende. Et c’est l’image qui le permet ; chez Monique Rosenberg, elle procède toujours d’une nécessité rigoureuse, adoucie toutefois par l’aimable laisser-aller d’un style qui enchante, tout à l’opposé du purisme: les syncopes du phrasé, les brusqueries dans l’aménité y abondent, comme échappées au poète – le charme des improbables inadvertances. Monique Rosenberg a publié des poèmes dans la 3ème série des HSE. Elle a été présentée (par Paul Farellier) dans la rubrique « Une Voix, une œuvre », dans Les HSE 25, en 2008. À lire : Bâton de sommeil (Le Pont de l'Épée, 1980), Soutenu et oppressé (Caractères, 1983), Vrai large (Librairie-Galerie Racine, 1989), Courbé, fini et illimité (La Bartavelle, 1992), Moorea, suivi de Dive Lumière, (La Bartavelle éditeur, 1998), Démesure I (La Bartavelle éditeur, 1999), Le comble et le calme (Librairie-Galerie Racine, 2000), Démesure II (Librairie-Galerie Racine, 2002), Béatrice (L'Harmattan, 2004), Démesure III (Interventions à Haute Voix, 2005), La Splendeur déjà (L'Harmattan, 2006), Le Sucre de mes pas (Jacques André éditeur, 2007).



Paul FARELLIER

(Revue Les Hommes sans Épaules).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules



 
Dossier : CHRONIQUE DU NOUVEAU LYRISME n° 13

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