Paul-Marie LAPOINTE

Paul-Marie LAPOINTE



Paul-Marie Lapointe (1929-2011) est né à Saint-Félicien, au lac Saint-Jean, dans la province de Québec. À dix-neuf ans, Paul-Marie Lapointe fait, en 1948, une entrée fracassante dans la littérature québécoise avec Le vierge incendié (une poésie de la révolte et de la déflagration du langage, dont il adaptera les sources, Rimbaud et le surréalisme notamment, à la réalité nord-américaine dans ses recueils suivants), qu’il a écrit alors qu’il était étudiant de l’École des Beaux-Arts, à Montréal. Ce livre est publié, grâce, entre autres, à Claude Gauvreau, aux Éditions Mythra-Mythe où ont déjà paru Refus global et Projections libérantes de Paul-Émile Borduas, peintre fort connu et chef de file du mouvement Automatiste. Refus global mettait en question les valeurs traditionnelles (foi catholique et attachement aux valeurs ancestrales), mais il proposait aussi le « refus » de toute idée de repliement sur soi (« Au diable le goupillon et la tuque ! ») tout en prônant une idéologie d’ouverture sur la pensée universelle pour la société québécoise. Exprimant un profond besoin de libération, le manifeste allait jusqu’à souhaiter l’anarchie resplendissante et la naissance d’un nouvel espoir collectif. Ces idées scandalisèrent les autorités et Borduas perdit son emploi à l’École du meuble, où il enseignait depuis 1937. La presse québécoise appuya le gouvernement et censura en grande partie le manifeste. Le recueil de Lapointe sera perçu, notamment par le critique Paul-Émile Léger, comme : « un volume de pure révolte », mais une révolte qui « s’exprime dans l’essence même du discours et qui, je l’espère, saura réveiller chez nos contemporains un sentiment d’appartenance qui dépassera l’aspect peut-être trop religieux de leurs quotidiens ». En 1950, Lapointe devient journaliste à L’Événement, de Québec. Il y restera cinq ans. En 1952, il épouse le peintre Gisèle Verreault, puis, en 1954, travaille au journal La Presse (à Montréal). Il y restera jusqu’en 1961. En 1959, il publie Arbres, dans le premier numéro de la revue Liberté (dont il est l’un des membres fondateurs), soit « le premier, le plus achevé peut-être de ces longs poèmes mêlant l’improvisation au retour d’un thème fixe qui vont s’imposer dans son œuvre», pour Robert Melançon (auteur de Paul-Marie Lapointe, collection Poètes d’aujourd’hui, Seghers, 1987). Ce recueil est suivi de Choix de poèmes en 1960. En 1961, il participe avec Jean-Louis Gagnon à la création du Nouveau Journal. Après la faillite de l’entreprise, il devient pigiste, puis scénariste. En 1964, il devient le rédacteur en chef du magazine Maclean, puis, en 1969, il entre au service de Radio-Canada. D’abord rédacteur en chef des émissions d’affaires publiques, il devient directeur de l’information à la radio et, enfin, directeur des programmes et vice-président de la radio de langue française, jusqu’en 1992. Avec Le Vierge incendié, texte fétiche, recueil incandescent d’une oeuvre majeure, Paul-Marie Lapointe imposa au jeune paysage littéraire québécois un langage qui, en France, s’était déployé dans les arcanes du Surréalisme. Paul-Marie Lapointe est assurément l’une de plus hautes voix de la poésie québécoise contemporaine. À lire : Le vierge incendié (Mythra-Mythe, 1948. Réédition Typo, 1998), Choix de poèmes (Hexagone (1960), Pour les âmes (L’Hexagone, 1965), Le Réel absolu, poèmes 1948-1965, (L’Hexagone, 1971), Tableaux de l’Amoureuse, suivi de Une, unique, Art égyptien, Voyages et autres poèmes (L’Hexagone, 1974), Bouche rouge, lithographies de Gisèle Verreault (l’Obsidienne, 1976), Tombeau de René Crevel (l’Obsidienne, 1977), Arbres (Erta, 1978), écRituRes, deux volumes, (l’Obsidienne, 1980), The 5th season (Exile Editions, 1985), Pour les âmes (Typo, 1993), Le sacre (L’Hexagone, 1998), Espèces fragiles (Éditions de L’Hexagone, 2002).

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Épaules).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : VICENTE HUIDOBRO ou la légende d'Altazor n° 28