Philippe SOUPAULT

Philippe SOUPAULT



Philippe Soupault voit le jour à Chaville, le 2 août 1897 à Chaville, au sein d’une famille bourgeoise. Son père Maurice Soupault, est un gastro-entérologue réputé, médecin des hôpitaux de Paris, riche propriétaire terrien en Beauce. Sa mère, Cécile Dancongnée, est la fille de Victor Léon Dancongnée, célèbre avocat au Conseil d'État dont la famille originaire du Puy-en-Velay avait fait fortune dans la dentelle. La sœur de sa mère, Louise, est l’épouse de Fernand Renault, frère aîné de Louis Renault. Son père laissera un livre important : « Les Maladies de l’estomac ». Le jeune Philippe sera surnommé « le fils de l’estomac », par ses camarades. Le père tant aimé, meurt alors que Philippe n’est âgé que de sept ans. Cela se gâte pour le reste de la famille, les oncles et les tantes : « Ma famille représente assez bien cette bourgeoisie qui fait, paraît-il, la force de la France. J’ai beaucoup de mépris pour cette classe de la société, et j’assiste avec plaisir à sa lente décomposition, trop lente à mon gré. Cette bourgeoisie prétend s’appuyer sur deux principes : la religion et les bonnes mœurs. En réalité, elle ne respecte véritablement que l’argent. Exemple : j’ai appris récemment la mort d’un de mes oncles ; je dois dire que c’était un homme particulièrement avare, d’une réjouissante avarice. Il aimait l’argent, mais n’avait jamais fait le moindre geste pour essayer d’en gagner. Il lui suffisait de conserver celui que lui avaient laissé ses parents. Sa plus grande joie était de compter ses billets, de faire chaque mois l’inventaire de sa fortune, de suivre chaque soir le cours de ses valeurs », rapporte le poète dans Histoire d’un blanc, en 1927.

Philippe se sentira différent de ceux qui l’entourent, comme de la mesquinerie de leurs préoccupations. Il n’appartiendra jamais à ce « grand domaine mystérieux et féroce, le royaume du comme il faut ». Son oncle Louis Renault, le sinistre et célèbre constructeur automobile allait confirmer la haine de la bourgeoisie chez Philippe Soupault. Comment taire que la richesse de cet homme repose sur le lessivage (licenciements systématiques des ouvriers, pour en embaucher à des salaires plus bas), l’utilisation du chronométrage, l’enrichissement grâce à la guerre de 14, la collaboration sous l’Occupation allemande. Philippe Soupault nous le rappellera dans Histoire d’un blanc (Au Sans Pareil, 1927), et surtout, dans son roman Le grand homme (Kra, 1929), un féroce tableau de l’oncle Louis et de ses usines.

A la suite de ses frères Robert et Bernard, Philippe intègre le collège Fénelon (dirigé par des prêtres) comme demi-pensionnaire. Il se jette dans la lecture pour fuir cette ambiance tortionnaire : « Je n’ai acquis qu’une seule chose : un goût violent pour la liberté. » Il est reçu à l’écrit du baccalauréat en juin 1914, mais échoue à l’oral. Il passe ses vacances d’été en Angleterre, à Londres. Sur les bords de la Tamise, tel Rilke sur la falaise de Duino, il naît à la poésie.

Le 2 août 1914, jour anniversaire de ses dix-sept ans, la guerre éclate. Le 6 septembre, c’est la bataille de la Marne et son slogan cynique : « Se faire tuer sur place plutôt que de reculer. » Soupault repasse avec succès, en octobre, l’oral du bac, devient externe au lycée Condorcet, et devient bachelier en droit maritime, en 1915, alors que la grande boucherie de 14-18 atteint des sommets d’horreurs. Philippe Soupault est incorporé au 33èmeRégiment d’artillerie d’Angers, en 1916. Il y est choisi comme cobaye pour l’expérimentation d’un vaccin contre la typhoïde. Forte fièvre et délire en découlent. Il est réformé pour un an, et fait la rencontre de Mic Verneuil (alias Suzanne Pillard), une musicienne de vingt ans, qui est professeur de danse, et devient Madame Soupault l’année suivante, le 31 octobre.

Philippe Soupault se trouve affecté au Ministère des Transports en 1917, lorsqu’il écrit le poème « Départ », qu’il adresse à Guillaume Apollinaire. Ce dernier le fait aussitôt publier dans la revue SIC, que dirige son ami Pierre-Albert Birot. Fasciné par l’auteur du Poète assassiné (qui incarne à ses yeux la modernité), Soupault se met à le visiter régulièrement. « On oublie qu’il fut d’abord un poète audacieux, le plus audacieux de son temps et ensuite, que c’est à lui que tous les peintres célèbres de notre époque doivent leur renommée... Je ne puis oublier que c’est lui qui me fitle premier confiance et qui m’affirma (et je le crus) que j’étais un poète. C’est aussi grâce à lui que tous ceux qui l’ont vu et entendu peuvent encore se regarder sans haine », rapportera plus tard Soupault.

C’est Apollinaire qui lui présente Reverdy, Cendrars, Dufy, Carco, Jacob et André Breton. Alors en uniforme, Breton l’entretient de sa correspondance avec Paul Valéry, et lui présente Aragon. Le 28 juin 1917, il découvre, à la Bibliothèque nationale, un exemplaire des Chants de Maldoror : « Ce fut un éblouissement. » Breton, sans réserve, partage cet enthousiasme. Quatre mois plus tard, il publie son premier recueil, à compte d’auteur : Aquarium (Imprimerie Birault, 1917). « C’était l’année de la bataille de Verdun, plus de trois cents mille morts de chaque côté... Désormais, je fus un révolté. »

Dès 1919, la revue Littérature est créé. Le titre est suggéré par Valéry. Soupault en est le gérant. Il fournit l’argent nécessaire pour l’impression des premiers numéros, en ponctionnant sur sa part d’héritage, et dirige la revue en compagnie de Breton et d’Aragon, du numéro un au numéro dix-neuf (mai 1921). Les Trois mousquetaires se rapprochent du mouvement Dada, qui a été lancé en février 1916, à Zurich, au Cabaret Voltaire, par Tristan Tzara.

En cet après-guerre où triomphait le grand capital, la bourgeoisie et le chauvinisme, Dada devait déclencher un furieux incendie de révolte. De jeunes gens allaient bafouer ouvertement les valeurs que la réaction proclamait éternelles pour la consolidation de ses principes et de ses privilèges. C’est dans ce climat d’effervescence et de mal-être, qu’en Avril 1919, Breton et Soupault écrivent en quinze jours Les Champs magnétiques (Au Sans Pareil, 1919), qui débouchent sur une expérience décisive d’écriture automatique, qui marque le véritable acte de naissance du surréalisme. Soupault précise : « L’écriture automatique permettait à un courant réel de la pensée de se manifester, hors de toute préoccupation esthétique, morale ou logique. »

Tzara arrive à Paris en 1920, et les premiers scandales Dada retentissent. Mais si l’entreprise de démolition de Dada, ainsi que ses scandales battent leur plein, Soupault, mais surtout Breton, éprouvent le besoin de passer à autre chose. Après la destruction dadaïste, vient le temps de la construction surréaliste, dont André Breton donnera la définition suivante : « Le surréalisme est un automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. »

Dada critique, détruit, démoli, mais Dada tourne en rond. Le surréalisme proposera une morale et non de la morale. Un souci : l’individu, tous les individus. Un seul principe : la liberté. Inséré étroitement dans son temps, le surréalisme ne se contente pas d’opérer dans les têtes un bouleversement imaginaire. Il prend acte d’un bouleversement de l’imaginaire où il est partie prenante, et qu’il accélère, radicalise. Le Manifeste surréaliste, nous révélera que la poésie n’est pas seulement un mode d’écriture, mais également une activité mentale. Le surréalisme, tout comme l’hystérie, est un état mental qui accomplit les vraies révolutions.

Soupault est employé au Commissariat des Essences et Pétroles, où James Joyce vient le retrouver, lorsque le banquier André Germain lui propose la direction de la revue Ecrits nouveaux, qu’il transforme en Revue Européenne, en y réunissant ce qui se fait de mieux pour l’époque, publiant des inédits de Sherwood Anderson, Aragon, Colette, Dostoïevski, Gorki, James, Jaloux, Tzara, Valéry, Reverdy, Mann ou Cendrars. Il divorce d’avec Mic et devient co-directeur des éditions Kra et du Sagittaire, voyage et publie de nombreuses chroniques, des essais et des romans : Le Bon Apôtre, A la dérive (Ferenczi, 1923), Voyage d’Horace Pirouelle (Le Sagittaire, 1925), Les Frères Durandeau (Grasset, 1924), En joue ! (Grasset, 1925), Georgia (Les Cahiers Libres, 1926).

Soupault participe au premier numéro de La Révolution surréaliste, ainsi qu’au tract Un cadavre, dirigé contre Anatole France, et fait éditer Le Paysan de Paris, d’Aragon, comme Le Manifeste du surréalisme, d’André Breton. Une crise intervient au sein du mouvement surréaliste, en novembre 1926. Philippe est mis en examen. On lui reproche de pratiquer des activités journalistiques. Il part en claquant la porte. Le surréalisme entend avoir une prise de position politique, et se rapproche du Parti communiste. Soupault n’a pas la tête politique. La rupture a bien lieu. Breton lui reproche son indocilité, sa collaboration à des revues et à des journaux opportunistes, comme le fait d’écrire des romans, de récupérer Lautréamont, et de ne pas s’engager politiquement. Arguments auxquels Philippe Soupault répond par une citation de Goethe : « Un poète qui appartient à un parti politique est perdu pour la poésie. » Il conservera toutefois des liens avec le groupe. Cette rupture est suivie par une série de voyages (l’Italie, Prague, Munich, Francfort), de conférences, et de publications, à commencer par Histoire d’un blanc : "J'étais décidé à tout écrire mais voici qu'au seuil d'un passé qui forme mon présent, je n'ose avouer. Ce n'est pas par pudeur, ce n'est pas par peur de souffrir. Je crois qu'au contraire, en expliquant certains de mes gestes, certaines de mes cruautés, certaines de mes indifférences, je me rendrais justice et l'on comprendrait mieux ce qui m'a fait reculer. C'est que je ne veux pas que ma vie puisse être changée et bouleversée par un aveu. Je suis infiniment curieux de savoir ce que je vais devenir, je ne veux pas aiguiller sur une autre voie cette locomotive qui est le symbole de ma vie. " Suivent: Corps perdu (Au Sans Pareil, 1926), Le Nègre (Kra,1927), Henri Rousseau (Quatre chemins,1927), William Blake (Rieder,1928), Les Dernières nuits de Paris (Calmann-Lévy,1928), son chef d’œuvre romanesque, et un essai sur la danse : Terpsichore (Hazan,1928).

L’année 1928 est une passe difficile sur le plan matériel. Il faut attendre 1929, et la parution de son roman Le Grand homme, qui est une satire de l’oncle Louis Renault, pour que la situation s’améliore quelque peu. Renault, furieux, fait acheter tous les exemplaires du roman en librairie (ce qui vaut un succès commercial à l’auteur), après avoir songé à faire « tabasser » son neveu.

Le tract Un Cadavre (1930), circule contre Breton, mais Soupault refuse d’y prendre part. La vie ne se joue pas seulement sur le papier. Le poète est excédé par les cénacles, les conversations aux terrasses des cafés. Il veut vivre et courir le monde, mais il n’a guère de moyens. Il se tourne alors vers le journalisme et le grand reportage : « Le voyage n’est pas une évasion. Encore moins que la lecture. C’est le meilleur moyen de se comparer et de se connaître. » Le voyage, c’est aussi une façon de ne pas tourner en rond, sachant bien que : « Celui qui revient, n’est jamais le même que celui qui est parti. » Le Petit Parisien l’envoie en Amérique pour une série de reportages sur le chômage et sur les suites de la crise de 29. Accompagné de Marie-Louise, sa nouvelle femme, il traverse les Etats-Unis et constate le paradoxe de ce pays, où la grande pauvreté côtoie éhontément la grande richesse. 

En 1931, paraît son essai Charlot. Ce récit n’est ni une biographie de Charlie Chaplin ni une analyse critique de ses films, mais une biographie du personnage de Charlot, créé en 1914 : « Pour les millions d’êtres humains qui vont au cinéma, le personnage créé par Chaplin était devenu un ami. Il jouissait d’une popularité et d’une affection qu’aucune créature née de l’imagination humaine n’a connues, que ce soit Don Quichotte ou le Petit Poucet, Robinson Crusoé ou le Bon Petit Diable. Il vivait avec plus d’intensité que tous les personnages des légendes qui, du nord au sud et de l’ouest à l’est, enchantent les enfants des hommes et les hommes enfants. Charlot était le héros de notre temps, un héros universel, l'homme qui avait fait rire le monde et qui l’avait aussi fait pleurer. Je n’ai voulu être que le modeste historiographe du petit bonhomme qui avait su exprimer, en la résumant, l’angoisse profonde du monde d’aujourd’hui. J’ai suivi pas à pas ses aventures retracées dans les films. Je n’ai donc fait que raconter ce que j’avais vu sur l’écran, en respectant dans toute la mesure du possible la merveilleuse poésie qui anime Charlot. »

Nous retrouvons le poète en U.R.S.S, pour le compte de Vu, puis en Allemagne pré-hitlérienne où il perçoit tous les dangers à venir, qu’il dénonce : « Hitler, c’est la guerre ! »

Lors d’une réception à l’ambassade soviétique, en 1933, qu’on lui présente Neta Erna Niemeyer dite Ré, qui deviendra bientôt sa femme. L’année suivante, il publie son roman Les Moribonds (Rieder), et écrit un scénario pour Jean Vigo : Le Cœur volé. Lors de son deuxième voyage en Allemagne, il dénonce à nouveau les violences, l’embrigadement des jeunes, l’adhésion des intellectuels, les persécutions dont sont victimes les juifs et les opposants au national-socialisme. Dès son retour, il crée une chronique littéraire à la radio Paris-PTT, et publie ses Poésies complètes 1917-1937 (G.L.M, 1937), alors que Léon Blum et Pierre Brossolette le chargent de créer Radio-Tunis, pour contrebalancer la radio fasciste Radio-Bari.

Le 2 septembre, la guerre est déclarée. Soupault est donc nommé directeur de l’information à Tunis. En juin 1940, c’est l’armistice. Philippe est démis de ses fonctions par le gouvernement de Vichy. Le 12 mars 1942, il est arrêté pour « haute trahison », sur ordre du gouvernement de Vichy, puis relâché en septembre, après avoir été menacé et humilié sans relâche. Sur cet épisode, le poète donnera Le Temps des assassins (éd. de la Maison Française, New York, 1945), livre qu’il refusera de rééditer, estimant que ses propres souffrances étaient bien moindres que celles des autres : "Je vivais à Tunis depuis 1938 où j’ai dirigé jusqu’à l’armistice de 1940 les services de presse, d’information et de radiodiffusion de la Tunisie. J’habitais dans une maison arabe, au centre de la ville indigène, qu’on appelle la Médina.
Depuis juin 1940, dans ce protectorat français, spontanément des centres de résistance se formèrent. Timidement, maladroitement ceux qui ne pouvaient accepter Vichy (ce nom résume toutes les lâchetés, les bêtises, les crimes de la "Révolution" dite nationale) cherchèrent à se grouper et à agir. Ils firent de leur mieux. — Mais ceci est une autre histoire. De 1941 à 1942, la police vichyssoise chercha à réduire ces centres de résistance et à intimider les opposants. Une liste de suspects fut dressée. On me fit l’honneur de m’y inscrire. Puis au mois de mars 1942 on commença à poursuivre les suspects. Je fus chargé sur l’une des premières charrettes. Le 12 mars l’ordre fut donné de m'arrêter."

Ré et Philippe gagnent Alger et retrouvent Max-Pol Fouchet qui publie la revue Fontaine. Soupault devient directeur de Radio-Alger, avant d’être chargé par le gouvernement de la France Libre, d’organiser une nouvelle agence de presse (ce sera l’A.F. P). Pendant ce temps, son poème « Ode à Londres bombardée » (1944), est utilisé par la R.A.F. Soupault poursuit la réorganisation de l’A.F. P, voyage en Amérique Latine et retourne aux Etats-Unis, en Pennsylvanie, pour y donner des cours. Il s’éprend à la folie de l’une de ses élèves. Muriel Reed (qui deviendra journaliste à Réalités) accompagne le poète lors de son retour en France, en octobre 1945. Le poète publie l’un de ses meilleurs recueils de poèmes : Message de l’Ile déserte (Stols, La Haye), et devient responsable des émissions vers l’Etranger à la Radio Nationale, avant de devenir producteur et animateur d’émissions culturelles à la Radio Nationale (jusqu’en 1977) : « Prenez garde à la poésie », et « Faites vous-mêmes votre anthologie ».

En 1965, c’est le drame. Le couple vient de s’installer dans un appartement de la rue Gay-Lussac. Un soir, dans une crise de désespoir, Muriel se jette par la fenêtre, du cinquième étage. La mère de Muriel fait aussitôt saisir le logement du couple ; n’étant pas marié, Soupault avait mis, pour la protéger, l’appartement au nom de Muriel. L’homme qui se réfugie à l’hôtel du Quai Voltaire est un arbre de douleur. Il y vivra seul durant huit ans, avant de venir s’installer rue de Chanez en 1973, six ans après avoir commencé la rédaction de ses fameuses Mémoires de l’oubli, témoignage lucide, vivace, fascinant, en trois volumes, faisant suite à Histoire d'un Blanc, 1897-1927 : « Rien que la vérité, toute la vérité, je le jure. Ce serment, je voudrais le prononcer alors que je sais que je n'ai plus que quelques jours, semaines, mois ou... années à vivre. (Sait-on jamais ?) J'éprouve le besoin de témoigner. Est-ce parce que je suis irrité par d'autres témoignages qui, à mes yeux, à mon souvenir, sont légendes, mensonges ou truquages ? »

Ré et le poète occupent deux appartements sur le même palier. Le 12 mars 1990, Philippe Soupault décède à son domicile, après de nombreux problèmes de santé (il était un grand fumeur). Il est inhumé au cimetière Montmartre dans la plus stricte intimité, selon ses propres souhaits : Dans le ciel fument de grands vaisseaux - et sur la terre il y a ce soir un homme qui écrit-près d’une bougie - avec un stylographe - il pense aux oiseaux gris - aux valses lentes qui sont des oiseaux gris-il pense aux pays qu’il ne connaît pas - comme on pense à son chien endormi.

Aragon disait de lui : « Il cherche à se faire oublier comme d'autres cherchent à se faire pardonner », et Soupault se définissait ainsi: «Je ne suis pas sérieux. J'ai d'autres ambitions » et aussi : « Je suis un esprit qui ne peut se satisfaire que de sa perte qui le rapproche enfin de l'infini.» A sa mort, Philippe Soupault laisse derrière lui un grand souffle d’amitié et de poésie, ainsi qu’une œuvre aux nombreux labyrinthes. Si le poète se disperse et le reconnaît lui-même volontiers, c’est toujours au profit de l’enthousiasme et de l’entendement humain. Le nombre et la diversité de ses écrits révèlent sa curiosité et son intérêt pour autrui comme pour toutes les formes de cultures : « Partir à la découverte d’un nouvel aspect de l’art universel est aussi passionnant, aussi enrichissant, aussi exaltant que de découvrir les beautés d’un pays qu’on ignorait encore. Et ce n’est plus l’espace qui est en jeu, mais le temps. Ainsi nous apprenons à connaître les sources d’une civilisation avec la même soif que lorsque nous découvrons celles d’un fleuve. Mais trop souvent il ne nous est possible de connaître que des fragments, des détails d’un courant artistique, comme des lueurs ou des reflets » ; son intérêt pour autrui comme pour toutes les formes de créations : le cinéma, « ce nouveau serviteur est à la disposition de son imagination », le théâtre, la radio, la musique, le jazz, la chanson, l’opéra, la danse, le roman, la poésie, la nouvelle, le récit, la peinture ou la sculpture. Grand reporter, conférencier, globe-trotter, il demeurera, sa vie durant, un poète du mouvement selon son cœur.

A ce vaste tableau, il convient d’ajouter l’activité journalistique, celle de grand reporter pour le compte de Vu, Excelsior, Le Petit Parisien, Miroir du Monde ; le chroniqueur de théâtre et de cinéma, ainsi que l’anthologiste de poèmes et de contes, le chroniqueur littéraire, l’homme de radio, l’éditeur. Mais Philippe Soupault est avant tout poète, un étrange voyageur sans bagages, l’homme de l’être par excellence. Dans ses Entretiens, André Breton n’a pas rapporté en vain : « L’apport d’un Soupault consiste dans un sens aigu du moderne... Sans doute était-il le seul à laisser le poème comme il vient, à le tenir à l’abri de tout repentir. »

L’œuvre de Philippe Soupault n’aspire pas à être segmentée, elle tient d’un seul bloc. L’œuvre romanesque comprend quant à elle : romans, nouvelles, récits, et demeure l’approfondissement de grands thèmes, de réflexions qui conservent une grande actualité, mettant en scène des personnages bien conscients de la futilité et du dérisoire du jeu social, comme de la condition humaine ; des personnages qui finissent bien souvent par s’enfuir, prendre le large, pour échapper à l’ennui, à leur propre condition. « Je crois que le roman doit-être avant tout, si on peut appeler ça roman, près de la réalité et témoignage », a écrit Philippe Soupault.

Les romans et proses du poète se lisent comme des témoignages, et des suites lyriques particulièrement saisissantes. Sens de l’humour, de la dérision et de la vivacité, style impeccable, mots du langage ordinaire, les romans de Soupault échappent à la banalité et sont ponctués par de réels et superbes mouvements de lyrisme poétique : « Le train sort d’un tunnel et la ville apparaît avec la lenteur d’un soleil qui se lève. A travers les vitres des wagons, on aperçoit des gouttes de rosées qui sont les bassins des places publiques. »

Les romans de Soupault traduisent la crise morale de la jeunesse contemporaine. Une crise toujours actuelle. Passons-en quelques-uns en revue :

Le Bon Apôtre (1924) : « J'affirme que toute l'histoire du roman, à notre époque, est obligée de tenir compte de ce roman-là», écrit Aragon dans Les Lettres françaises. Avec ce premier roman, Philippe Soupault atteint d'emblée un achèvement. L'auteur n'a que vingt-cinq ans, et ce petit livre est un chef-d'œuvre. Entre les deux héros - Jean, l'Autre, et Philippe qui se campe lui-même, tour à tour acteur et témoin - se mesure et se joue la question de leurs jeunes existences : Où, comment vivre ? La grande ombre de Rimbaud leur fait signe, Jacques Vaché ne répond plus. Drôle, cruel, émouvant, admirablement écrit, Le bon apôtre décrit sa course. Reflet des années 20, Jean est le jeune écrivain en proie au néant par excellence, l’impuissance de vivre après les années de guerre, qui ont mis à bas toutes les tares et faux semblants de la civilisation occidentale.

A la dérive (1923) : David court le monde pour s’oublier ; s’adonne à l’opium en guise de consolation, et assiste impuissant et désabusé, à sa propre chute.

Les Frères Durandeau (1924) : « On me guettait. On espérait que j'allais sombrer et que j'allais enfin reconnaître mes torts, et supplier qu'on me pardonnât ce qu'on appelait mes "frasques", et que je renierais mes opinions. Je savais que j'étais seul et même traqué. Je ne pouvais m'empêcher d'avoir de la rancune contre cette bourgeoisie dont j'avais eu tant de peine à m'évader. C'est alors que j'eus l'idée d'écrire un roman qui serait une vengeance et une caricature, celle de ma famille, qui critiquait sévèrement et sans indulgence mon non-conformisme. J'écrivis [...] ce roman que je ne craignis pas d'appeler "Les Frères Durandeau".» Le roman frôla le prix Goncourt, et demeure l’une des plus belles réussites de l’auteur. Le poète y peint la grande bourgeoisie, celle-là même qu’il n’a que trop connue : successions, querelles, bassesses, argent, conseils de famille, sont quelques-unes des trames de ce roman, dans lequel se croisent les frères Durandeau, c’est à dire les frères Soupault.

En Joue ! (1925) : Roman de l’impuissance, du mal de vivre, par excellence. Rien ne paraît pouvoir sauver Julien, pas même l’amour.

Le Nègre (1927) : « Il est celui qui ne pense à rien parce qu'il n'a rien à penser. Il est celui qui aime le sommeil une fois pour toutes et qui aime mordre la nuit et l'écraser. Il est aussi celui qui marche seul dans l'ombre et le silence.
Il avance. Ses pas frappent la terre. Il n'y a plus pour lui que le froid et le chaud, la pluie et le vent. Rien d'autre. La terre tourne. Il avance dans l'air fluide, dans la lumière rose du matin et du soir. Rien d'autre. Qui l'étonne ?
Il est né dans un pays où les fleuves ont des milliers de kilomètres, où l'eau roule des cailloux gros comme des têtes, où les orages durent plusieurs semaines, où les lacs qui ont la forme des yeux sont féroces comme les mers, où les nuages sont plus lourds encore que la chaleur, où le feu se propage à la vitesse d'une locomotive. »  Edgar est invisible parce qu’il est libre comme un esclave affranchi ou comme un cheval sauvage. Il connaît la prison en Amérique, le succès à Paris, avant de s’engager comme militaire au Portugal. Il finira dans l’oubli et la solitude, en Afrique, sans parvenir à se trouver lui-même : « Le nègre, visage bleu, va vers le sud comme s’il partait à l’assaut du soleil. ».

Les Dernières nuits de Paris (1928) : « Elle n'aimait que la nuit qu'elle semblait épouser chaque soir, et son allure même ne devenait réelle que lorsqu'elle s'éloignait de la lumière pour pénétrer dans l'obscurité. Elle était la nuit même et sa beauté était nocturne. De même que l'on répète avec une parfaite inconscience : clair comme le jour, on ne pouvait s'empêcher d'estimer Georgette belle comme la nuit. Je songe à ses yeux, à ses dents, à ses mains, à cette pâleur qui la couvrait tout entière. Et je n'oublie pas cette fraîcheur qui l'accompagnait. Il me semble que Georgette devenait plus désirable lorsque la nuit s'avançait, que chaque heure la dépouillait d'un vêtement et rendait sa nudité plus apparente. Tout cela, ce sont des souvenirs qui s'égarent et s'allument, tout cela, ce sont des désirs de la nuit, mais Georgette avait compris que, pour être belle et désirée, il fallait qu'elle s'identifiât à la nuit, au mystère quotidien. » Le roman paraît juste après la rupture de Soupault avec le groupe surréaliste, et en même temps que la Nadja, d’André Breton, en mai 1928. Le thème des deux livres est similaire, troublant. Véritable exploration du Paris nocturne, enchanté et désenchanté, cette magnifique prose poétique à la mélancolie sans remède, est comme à la poursuite de l’amour ; celui-ci pourrait apparaître sous les traits de Georgette, prostituée ou fée, passante capitale dans la lumière spectrale du Paris de la solitude. Si l’aventure peut surgir à chaque coin de rue, c’est, une nouvelle fois, la blessure, le tragique qui sont au rendez-vous. Un véritable chef-d’œuvre. Le grand roman de Soupault.

Le Grand homme (1929) : Qui est le grand homme? Est-ce Lucien Gavard, qui grâce à sa passion de la mécanique devient un magnat de l'industrie automobile? Ou Ralph Putnam, étrange et célèbre chanteur de jazz, en tournée à Paris? L'épouse de Lucien Gavard, Claude, dont la vie est une lente, une monotone promenade sur une route bordée de miroirs, celle des mondanités, hésite. C'est Paris, 1929. Les bourgeois font la fête et les ouvriers font la grève. Les autos vont de plus en plus vite. La crise est pour demain. Ce roman de Philippe Soupault, aux allusions à peine déguisées sur la belle industrie familiale, est porté par un grand air de liberté. Il «part comme une flèche» selon Benjamin Crémieux qui poursuit : «Après le premier chapitre, on se sent soulevé d'espoir et de curiosité. Pas une lourdeur, pas une bavure, pas une description et tout est dit, évoqué, suggéré.» De cette peinture juste, et très fine, de l'atmosphère de Paris à la veille de la crise s'élève pourtant un cri d'angoisse, un cri de détresse. L'écriture désinvolte, au fil de la plume, révèle aussi le désarroi, l'inquiétude de Soupault face à la bourgeoisie, ses préjugés, ses vices et ses volontés criminelles, et fait de ce roman à la poésie désespérée un témoignage tendrement féroce sur une époque.Le poète dénonce les tares de la société capitaliste et du monde bourgeois, en transposant le portrait de son oncle Louis Renault, en la personne de l’industriel Gavard. Il dénonce les procédés de l’enrichissement sur le dos des autres, le culte de l’argent et de l’égoïsme, l’hypocrisie d’un monde abhorré.

La diversité de l’œuvre ne saurait nous faire oublier que Philippe Soupault est avant tout poète. En Soupault, Breton n’admirait-il pas le fait que « n’importe où - au café le temps de demander : garçon, de quoi écrire ! il pouvait répondre à la demande d’un poème. Le poème finissait - j’allais dire : retombait comme un chat sur ses pattes - au premier dérangement extérieur. »

Rejoignant le témoignage du « Grand indésirable », Georges Hugnet rapportera quant à lui : « Il convertissait la poésie en actes. Ses poèmes se promenaient dans la rue. Lorsqu’il les rencontrait, il les saluait. ». La poésie est bien l’aliment de Soupault, son oxygène, sa manière d’appréhender et de comprendre le monde. Reprenant la formule de Novalis, le poète fa fait sienne : « La poésie, c’est le réel absolu », avant de poursuivre : « Le poète est d’abord celui qui voit le réel absolu, et de l’immédiat à l’infini. Ayant vu, le poète éprouvera le besoin, qu’on suppose irrésistible, de « présenter » ce qu’il a « vu » et ce qu’il « voit »... A un rêveur, aucune explication n’est demandée. On n’exige pas qu’il comprenne ce qu’il « vit »... De même ne doit-on pas demander à la poésie de justification selon la logique. Il n’y a rien à comprendre, doit-on toujours répéter. La poésie est au-dessus de la réalité. Le poète qui accepte cette surréalité est ainsi libéré. Il se fait voyant. »

Chez Soupault, la poésie est naturelle et spontanée. La liberté qu’exige le surréalisme, le poète la réclame pour lui, la fait sienne et la retranscrit dans sa poésie : Il suffit que je sache ta voie proche de la mienne pour que, ô Liberté, je sois plus grand, plus fort, plus décidé. L’art de Soupault est au service des hommes, du bonheur et de la liberté. Il se fonde sur la part de vérité qu’elle contient et relègue au second plan, le souci esthétique. Il n’est plus question, dans un poème, de faire joli, mais « de se délivrer, de saccager le conformisme des règles, d’être sans cesse en garde contre le frein de la logique, d’accepter toutes les images offertes sans la moindre discrimination. » Philippe Soupault affiche une liberté totale ainsi qu’un appel constant à prendre le large : Une enveloppe déchirée agrandit ma chambre - Je bouscule mes souvenirs - On part. Le poète écrit sur différents registres avec la même aisance, la même spontanéité, le même élan lyrique. 

Soupault nous parle d’amour : Cherchant ton regard et ta voix - la lumière et l’air me manquent, de liberté, de solitude, de mélancolie, du mal de vivre, de l’inquiétude de l’être face à la mort, de la vieillesse. Son poème sait aussi se faire intimiste, fraternel, fantaisiste, insolite, mystérieux : Rien que cette lumière que sèment tes mains - rien que cette flamme et tes yeux - ces champs cette moisson sur ta peau - rien que cette chaleur de ta voix - rien que cet incendie - rien que toi - Car tu es l’eau qui rêve - et qui persévère.

Poésie nocturne ? Il est vrai que le thème de la nuit hante les poèmes de Soupault et revient de manière inlassable et obsessionnelle. Insomnie du poète, elle peut être confiance ou angoisse : Je n’ai confiance que dans la nuit -Je n’ai confiance qu’en toi - dont le nom - à la forme de tes lèvres - Nuit-Toi nuit. Marque de « l’esprit nouveau », la poésie est intérieure, et les images sortent du fond de l’être, incisives, elles fusent dans l’air : Dans le ciel fument de grands vaisseaux.

Sans véritable souci du : « joli », le poète reste disponible au merveilleux. Il conserve sa spontanéité. S’il sait être insolite ou humoristique, n’en demeure pas moins cette inquiétude pour l’homme. Une inquiétude qui avance dans un monde qui souille le vent... Le temps coule comme coule le sang - et je passe comme passe le temps-portant mon cœur ce fardeau-que chaque jour gonfle et alourdit. Le poète récuse la logique et prône l’insolite qui, nous renseigne-t-il : « N’est pas seulement comme le prétendent les dictionnaires, ce qui est contraire à l’usage, aux règles, aux habitudes... C’est pour moi, ce qui est vrai dans ce monde où tout est faux, conventionnel, accepté, « comme il faut », est exigé et imposé par le commun des mortels, parce qu’ils ont peur. Peur de quoi ? De tout, mais surtout d’eux, de leur visage dans un miroir, de leur mesquinerie automatique, de leur vertige hebdomadaire, de leur sexe, de leur existence même... Mon ambition est d’être l’explorateur de l’insolite. Je n’en suis encore qu’au rêve du domaine inconnu. Il n’y a que quelques jours par mois où je me sens d’accord avec l’univers que je préfère. »

Témoin actif de son siècle, Philippe Soupault nous laisse une œuvre de premier plan, au sein de laquelle, la révolte rejoint l’amour, l’insolite et l’émotion. La poésie est toujours au rendez-vous. Dans un siècle fertile en conflits de tous ordres, s’inventa et circula malgré tout, une certaine électricité de la pensée et de la création qui voulait changer la vie et la face du vieux monde, et qui y parvint en partie, puisque le surréalisme demeure toujours cette source inaltérable de révolte et de découvertes magiques.

Philippe des syllabes pirates, je vous devine dans la nuit. Je vous devine et je vous salue.

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Epaules).

  

Œuvres de Philippe Soupault: 

Poésie : Aquarium, Imprimerie P. Birault, 1917. Rose des vents. Au Sans Pareil, 1919. Les Champs magnétiques, avec André Breton. Au Sans Pareil, 1920. Westwego, Librairie Six, 1922.  Georgia. Éd. des Cahiers libres, 1926. Il y a un océan, Guy Lévis Mano, 1936. Poésies complètes 1917-1937, Guy Lévis Mano, 1937. Ode à Londres bombardée, Alger, Charlot, 1944. Odes 1943-1946, Seghers, 1946. L'Arme secrète, Bordas, 1946. Message de l'île déserte (1942-1944), Stols, 1947. Chansons, Eynard, 1949. Sans phrases, Osmose-Girard, 1953. Poèmes et Poésies (1917-1983), Grasset, 1973. Arc-en-ciel, Valori Plastici, 1979. Odes 1930-1980, J.-M. Laffont, 1981. Poèmes retrouvés 1918-1981, Lachenal & Ritter, 1982. Poésies pour mes amis les enfants, Lachenal & Ritter, 1983. Georgia, Épitaphes, Chansons, Poésie/Gallimard, 1983. Poèmes et Poésies, Grasset, 1987. 

Romans et nouvelles : Le Bon Apôtre, Éd. du Sagittaire, 1923; Réédition Lachenal et Ritter, 1988. À la dérive, Ferenczi, 1923. Les Frères Durandeau, Grasset 1924; Réédition Lachenal et Ritter, 1995. Voyage d'Horace Pirouelle, Éd. du Sagittaire, 1925. Le Bar de l'amour, Les Cahiers du mois, n° 11, 1925. En joue !, Grasset, 1925 ; Réédition Lachenal & Ritter, 1984. Mort de Nick Carter, nouvelle, in Anthologie de la Nouvelle Prose française, Simon Kra, 1926 ; réédition Lachenal & Ritter, 1983. Corps perdu, Au Sans Pareil, 1926. Le Cœur d'or, Grasset, 1927. Le Nègre, Éd. du Sagittaire, 1927 ; Réédition Gallimard, 1997. Les Dernières Nuits de Paris, Calmann-Lévy, 1928 ; Réédition, Gallimard, 1997. Le Roi de la vie, Cahiers libres, 1928 ; Réédition, recueil revu et augmenté (Le Roi de la vie et autres nouvelles), Lachenal & Ritter, 1992. Le Grand Homme, Kra, 1929; Réédition Gallimard, 2009. Les Moribonds, Rieder, 1934.

Théâtre : Tous ensemble autour du monde. Pièce en 3 actes d'après un conte des frères Grimm. Alger, Charlot, 1943. La prescription anonyme. Sketch, en coll. avec Isidore Bernhart, Lausanne, Eynard et Blanqui, 1947. Vous m'oublierez, "sketch" (1920), S'il vous plaît, "pièce en 3 actes" (1920), en coll. avec André Breton, in Les Champs magnétiques, Gallimard, 1967.  À vous de jouer. Recueil de 5 pièces. Lyon, J.-M. Laffont, 1980.

Essais : Anthologie de la Nouvelle Poésie française. Établie par Ph. Soupault avec Léon Pierre-Quint, Francis Gérard et Mathias Lübeck. Paris, Aux Éditions du Sagittaire, 1924. Guillaume Apollinaire ou Reflets de l'incendie. Les Cahiers du Sud, 1926.  Anthologie de la Nouvelle Prose française. Établie par Ph. Soupault avec Léon Pierre-Quint et Nino Frank. Éditions du Sagittaire, 1926. Henri Rousseau, le Douanier, Éditions des Quatre-Chemins, 1927. William Blake, Rieder, 1928. Terpsichore, Émile 1928. Jean Lurçat, Éditions Cahiers d'Art, 1928. Paolo Uccello, Rieder, 1929. Baudelaire, Rieder, 1931. Charlot, Plon, 1931; Réédition Gallimard, 2014. Souvenirs de James Joyce, Charlot, 1943. Eugène Labiche, sa vie, son œuvre, Sagittaire, 1945. Lautréamont, Seghers, 1946. Alfred de Musset, Seghers, 1957. Comptines de langue française, anthologie, Seghers, 1961. Profils perdus, Mercure de France, 1963, 2015. L'Amitié. Hachette, 1965.  Écrits de cinéma 1918-1931, Plon, 1979. Écrits sur la peinture, Lachenal & Ritter, 1980. Un Sieur Rimbaud se disant négociant, ouvrage collectif, Lachenal & Ritter, 1984. Écrits sur l'art du XXe siècle, Éditions Cercle d'Art, 1994. Littérature et le reste 1919-1931, Gallimard, 2006.

Écrits autobiographiques : L'Invitation au suicide, Imprimerie Birault, 1922. Déposition, Les Cahiers du mois, n° 21/22, 1926. Histoire d'un Blanc, Au Sans Pareil, 1927; Réédition Gallimard, 2003. Le Temps des assassins, Histoire du détenu n° 1234, New York, Éditions de la Maison Française, 1945; Réédition Gallimard, 2015. Journal d'un fantôme, Éd. du Point du jour, 1946. Apprendre à vivre, Rijois, 1977. Vingt mille et un jours, entretiens avec Serge Fauchereau, Belfond, 1980. Mémoires de l'oubli (1914-1923) Tome. I, Lachenal & Ritter, 1981. Mémoires de l'oubli (1923-1926) Tome II, Lachenal & Ritter, 1986. Mémoires de l'oubli (1927-1933) Tome III, Lachenal & Ritter, 1997.



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
DOSSIER : Georges HENEIN, La part de sable de l'esprit frappeur n° 48