Raul ZURITA

Raul ZURITA



Raúl Zurita est né le 20 janvier 1950 à Santiago. Ingénieur civil de profession, il suit des études d’Ingénierie Civile à l’Université Federico Santa María de Valparaíso ; époque ou il commence à écrire. Son incarcération et les tortures qu’il subit au début de la Dictature militaire, en 1973, ainsi que le traumatisme de cette période marquent de leur empreinte tant sa vie que son œuvre. Son poème, « Prison Stade du Chili », en garde, par exemple, la trace : Lorsque nous entrâmes par le couloir des eaux ouvertes et / en nous traînant vîmes les casernes de planches traversées / entre les deux murs du Pacifique et au-dessus de lui les gradins / brisés du Stade du Chili blanchissant sous la neige comme/une gigantesque cordillère de bâtons emprisonnant l’horizon.

À la fin des années 70, Raúl Zurita intègre le Colectivo de Acciones de Arte (C.A.D.A.), qui mène des actions artistiques visant à faire descendre l’art dans la rue. Il écrit le poème « La vida nueva », tracé dans le ciel de New York en 1982, ou le vers Ni pena ni miedo, gravé dans le désert d’Atacama en 1993.

Raúl Zurita est en outre l’auteur d’actes d’auto-agressions contre son propre corps : brûlure de la joue en 1975, comme réponse à une situation précaire, ou tentative avortée d’aveuglement à l’ammoniaque en 1980.

Dans ses poèmes, les plages, le désert, les fleuves du Chili sont en mouvement permanent, s’élevant ou chutant : Où transfigurées les vallées sont descendues comme / depuis le ciel du Chili. Mais, la mer et le désert reçoivent aussi les corps des disparus de la dictature : De surprenants appâts rose sang ont plu depuis / d’étranges nuages sur la mer. L’écriture de Raúl Zurita, singulière, torturée et douloureuse, est malgré tout un chant d’espoir et d’amour à la vie, aux espaces naturels et à la poésie : Je sais que vivent les vallées / une couleur nouvelle chantait / les plaines médusées / Où touchés au-dessus du Chili le joli petit ciel ne faisait qu’un / avec les pâturages fleuris et cieux étaient ainsi leurs visages / en extase face aux vallées : la couleur nouvelle qu’il chantait.

Lauréat du Prix National de Littérature en 2000, Raúl Zurita est aujourd’hui considéré comme l’un des poètes les plus importants du Chili. Il est l’auteur d’une trentaine de livres et d’un  récit autobiographique, El día más blanco (1999).

Benoît Santini (in nouveaux espaces latinos)


À lire (en français) : Chant à son amour disparu, édition bilingue (L’Harmattan, 2015).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : Poètes chiliens contemporains, le temps des brasiers n° 45