Tomica BAJSIĆ

Tomica BAJSIĆ



Tomica Bajsić est né à Zagreb (Croatie) en 1968. Etudiant, il n’est âgé que de vingt-trois ans, lorsqu’éclate, en 1991, la Guerre de Croatie (Guerre d'indépendance croate). Les Croates veulent établir un état souverain indépendant de la Yougoslavie. Les Serbes de Croatie (12% de la population), soutenus par la Serbie, s'opposent à cette sécession et constituent la République serbe de Krajina, dans les territoires croates avec une forte population serbe. La guerre éclate. Elle s’achève en 1995, avec une victoire décisive de la Croatie, qui obtient l'indépendance et la préservation de ses frontières. La plupart des sources avancent le nombre de 20 000 morts pour les deux camps. Confronté à la guerre,  à ses atrocités, aux combats, Tomica Bajsić qui a endossé l’uniforme, qui a vu mourir ses meilleurs amis, avant d’être grièvement blessé, n’en est bien sûr pas ressorti indemne. Son premier livre de poèmes, Južni križ (La Croix du Sud), publié en 1998, après que Bajsić ait reçu le « prix de Goranovo proljeće », en garde la trace, comme l’écrit le critique Tonko Maroević : « Tomica Bajsić, un trentenaire, possède une réelle expérience de la vie et une large culture générale. Il est évident qu’il a erré et lu, essayant de relier ces actions dans un esprit d’aventure… Toutefois, la guerre et la participation aux combats ont signifié non seulement un défi existentiel, mais ont aussi profondément élargi les registres de sa sensibilité poétique. A la tendance à faire de l’ironie et du sarcasme s’ajoutent une solidarité amère avec sa génération et une détermination impitoyable dans les situations limites. « La grande porte de la guerre » qui s’est ouverte devant lui l’a attiré dans des labyrinthes et des cauchemars d’une envergure sensiblement rimbaldienne. Son témoignage exorcisant et très convaincant est d’une force rarement atteinte dans la réalité croate actuelle… » Tout bascule, début 2001. Tomica Bajsić, alors père d’une petite fille et d’un garçon, qui vient de naître, est arrêté et emprisonné pour des raisons arbitraires, non définies, par la police. L’action d’Amnesty International est payante : Tomica Bajsić est libéré le 13 septembre 2001. Il reprend ses activités. Poète, mais également traducteur, Tomica Bajsić fait paraître, en 2002, Španjolske pjesme ljubavi i izgnanstva (Poèmes espagnols d’amour et d’exil), puis, en 2003, Sve do srca svijeta – Izabrane pjesme Blaise Cendrarsa (Jusqu’au cœur du monde, Poèmes choisis de Blaise Cendrars). En 2004 paraît son deuxième recueil, Pjesme svjetlosti i sjene (Poèmes sur la lumière et les ombres). Il publie, en 2007, Dva svijeta i još jedan ; en 2008, Pobuna obješenih ; en 2009, Zrak ispod mora et Južna pošta. Tomica Bajsić vit à Zagreb, où il collabore à la revue Poezija. Tomica Bajsić a été publié pour la première fois en français dans le dossier réalisé par Christophe Dauphin, « Les Poètes dans la guerre » (in Les HSE n°15, 2003), puis, une deuxième fois, dans la rubrique « Vers les terres libres » (in Les HSE n°35, 2013), avec une présentation de Karel Hadek (« Tomica Bajsić, poète à Zagreb ») et des poèmes traduits du croate par Brankica Radić & Vanda Mikšić.

Karel HADEK

(Revue Les Hommes sans Epaules).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules



 
Dossier : LES POETES DANS LA GUERRE n° 15

Dossier : POÈTES NORVÉGIENS CONTEMPORAINS n° 35