Georges LIMBOUR

Georges LIMBOUR



Georges Limbour est né à Courbevoie le 11 août 1900. Il fait ses études au Havre (Seine-Maritime), la ville d’origine de sa mère, où son père, militaire, avait été muté. Il se lie d’amitié avec d’autres jeunes artistes havrais, tels que le peintre Jean Dubuffet, l’auteur Armand Salacrou et le poète Raymond Queneau. La littérature et la peinture l’intéresse déjà bien plus que les études. C’est au Havre que naît sa fascination pour la mer.

Limbour commence à écrire en 1915. Trois ans plus tard, il descend à Paris, avec Jean Dubuffet, pour préparer une licence de philosophie, qu'il obtient en octobre 1923. Lors de son service militaire, en 1920, il fait, à la caserne la Tour-Maubourg, la connaissance de Marcel Arland, d’André Dhôtel, de Roger Vitrac et de René Crevel. En 1922, Dubuffet lui présente le peintre André Masson, avec lequel il devient aussitôt ami, au point de fréquenter assidûment son atelier, où il rencontre Roland Tual, Michel Leiris, Antonin Artaud et le peintre André Beaudin.

Un an plus tard, en 1923, ses amis « de la Tour-Maubourg » le conduisent rue Fontaine, chez André Breton. Au sein du groupe surréaliste, c’est à Louis Aragon que va sa préférence. Limbour devient un compagnon de route des surréalistes, tout en collaborant à la revue Documents, que Georges Bataille anime avec Michel Leiris et André Masson, jusqu'à sa rupture avec André Breton en 1930, à travers le tract, Un cadavre, qu’il signe avec Ribemont-Dessaignes, Prévert, Queneau, Desnos, Vitrac et Bataille.

En janvier 1924, Limbour enseigne la philosophie à Koritza, en Albanie, puis en Égypte, de 1926 à 1929, et enfin à Varsovie. Il est nommé à Parthenay, en 1938. Mobilisé durant la Drôle de guerre, puis libéré à l’armistice, il est de retour à Parthenay, où il se fait expulser par les Allemands. Il enseigne plus tard à Dieppe (1943-1955), dans l’entourage de Georges Braque, et enfin à Paris, au Lycée Jean-Baptiste Say. L’été, il s’évade vers l’Espagne, pays qui le fascine par sa mer, son soleil, ses taureaux, sa littérature et qui constitue la toile de fond de deux de ses romans, La Pie voleuse et La Chasse au mérou.

C’est Limbour qui, en 1943, présente Jean Dubuffet, dont les travaux sont encore confidentiels, à Jean Paulhan. Cette rencontre se révèle décisive dans la carrière du peintre. Au-delà de ses textes sur Dubuffet (qui fera maintes fois son portrait en 1946) et sur Masson, Limbour écrit, à partir de 1944, de très nombreux articles et préfaces sur les peintres. Il tient aussi des chroniques. C'est en nageant qu'il trouve la mort, sur une plage de Cadiz, le 22 mai 1970.

Georges Limbour est « tué par le soleil et la mer... par ces deux forces qu'il vénérait plus que tout au monde », relate André Masson. Si Georges Limbour apparaît aujourd’hui à quelques-uns comme un poète exemplaire, a écrit Michel Leiris, c’est sans doute parce que – ordonnateur de lignes séparées par des blancs ou fileur de proses somptueusement imagées – il a témoigné, avec plus de relief que quiconque, de cette capacité peu commune de s’enchanter sans jamais se leurrer, de muer en terrain de jeu le pire désert, ambiguïté mal vivable qu’il semble avoir assumée sans se contraindre en rien et qui aura fourni à ses écrits, sinon leur note unique, du moins leur dominante.

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 

Œuvres : Soleils bas (Galerie Simon, 1924), Soleils bas, suivi de poèmes, de contes et de récits (Gallimard, 1972). Romans et nouvelles : L'Illustre cheval blanc (Gallimard, 1930), Les Vanilliers (Gallimard, 1938), La Pie voleuse (Gallimard, 1939), L'Enfant polaire (Fontaine, 1945), Le Bridge de Madame Lyane (Gallimard, 1948), Le Calligraphe (Galerie Louise Leiris, 1959), La Chasse au mérou (Gallimard, 1963), Elocoquente (Gallimard, 1967), Les Espagnols à Venise (1966), Contes et récits, (Gallimard, 1973), Spectateur des Arts, écrits sur la peinture (Le Bruit du temps, 2013), Tal Coat, essai (Le Bruit du temps, 2017).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : Poètes normands pour une falaise du cri n° 52