Carlos DRUMMOND DE ANDRADE

Carlos DRUMMOND DE ANDRADE



Carlos Drummond de Andrade (1902, Itabira, MG – Rio de Janeiro, RJ, 1987) passe son enfance dans sa région natale, dont le souvenir imprégnera une partie de son œuvre. Plus tard, il étudie au Collège Arnaldo à Belo Horizonte et au Collège Anchieta des Jésuites à Nova Friburgo.

En 1919, il est expulsé de ce dernier collège pour « insubordination mentale » lors de discussions avec son professeur de portugais. À partir de 1921, il commence à publier ses premiers poèmes dans le Diário de Minas. Il obtient son diplôme en pharmacie, mais n’exercera jamais la profession. Avec Emílio Moura il fonde A Revista, « La Revue » pour promouvoir le modernisme au Brésil.

En 1925, il épouse Dolores Dutra de Morais. En 1928, l’un de ses poèmes, No meio do caminho, « Au milieu du chemin... », publié dans la Revue d’Antropophagie de São Paulo, provoque l’un des plus grands scandales littéraires du Brésil. Il publie ensuite Alguma poesia, « Un peu de poésie » (1930) et Brejo das almas, « Le Marais des âmes » (1934), dans la lignée du modernisme (liberté linguistique, vers libre, mètre libre et thèmes quotidiens). En 1934, il occupe le poste de Chef de Cabinet du Ministère de l’Éducation. Dans Sentimento do mundo, « Sentiment du monde » (1940), José (1942) et A rosa do povo, « La rose du peuple » (1945), il se lance à la rencontre de l’histoire contemporaine et de l’expérience collective, tout en exprimant sa crainte la plus intime pour la vie. Dans « La Rose du peuple », il dénonce la vie mécanisée et inhumaine et en appelle à un autre monde, fondé sur la justice et la solidarité. Torturé par le passé, hanté par l’avenir, Drummond, témoin lucide de lui-même et du parcours des hommes, exprime, non sans mélancolie et scepticisme, un présent déchiré.

En 1945, Drummond quitte le Cabinet pour les rangs du communisme et est démissionné de ses fonctions. Son expérience de militant va toutefois le conduire à un certain nombre de désillusions. Sa visite au dirigeant communiste Luís Carlos Prestes, emprisonné depuis près de dix ans par le gouvernement, et l’attitude conciliatrice de celui-ci vis-à-vis de Getúlio Vargas, le déçoivent. Il accepte toutefois l’invitation de Prestes d’être l’un des administrateurs de Tribuna Popular, « Tribune Populaire », la revue culturelle du Parti nouvellement créé, mais se sent rapidement mal à l’aise. Il continue cependant à participer à la revue en tant que simple collaborateur, en publiant des poèmes, des traductions et des critiques littéraires, puis finit par démissionner.

En 1946, il assume encore la présidence de l’Ateneu Garcia Lorca, ayant pour mission de lutter contre la dictature de Francisco Franco en Espagne et participe à la progressiste Associação Brasileira de Escritores, « Association Brésilienne des Écrivains ». En 1949, il met définitivement fin à sa collaboration avec le Parti et redevient fonctionnaire public. Prenant sa retraite en 1962, il se consacre entièrement à ses activités littéraires.

À la fin des années 1980, l’érotisme gagne de la place dans sa poésie jusqu’à son dernier livre, O amor natural, « L’amour naturel ». Il meurt d’infarctus du myocarde et insuffisance respiratoire en 1987 à Rio de Janeiro, douze jours après le décès de sa fille Maria Julieta. La poésie de Drummond se distingue par ses interrogations autour de l’existence humaine, son inquiétude sociale, religieuse, philosophique et amoureuse. Son style est imprégné d’ironie, d’observations de la vie quotidienne, de pessimisme face à la vie. Outre la poésie, Carlos Drummond de Andrade a produit des livres pour enfants, des nouvelles et des chroniques. Il est également traducteur de Molière, Choderlos de Laclos, Balzac, Marcel Proust, François Mauriac et Federico García Lorca.

Oleg ALMEIDA et Philippe MONNEVEUX

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
DOSSIER : La poésie brésilienne, des modernistes à nos jours n° 49