Emmanuelle LE CAM
Emmanuelle Le Cam est née le 13 juillet 1972, à Lorient (Morbihan). Elle a vécu dans plusieurs villes bretonnes, avant de revenir s’installer à Lorient, sa ville natale. Passée entre Quiberon (elle y a vécu ses dix premières années) et Vannes, la scolarité de cette fille d’enseignants, qui revendique un parcours d’autodidacte, ne lui laisse pas un bon souvenir : « L’école m’a fait horreur, je m’y suis beaucoup ennuyée et je n’y ai surtout pas appris à écrire ».
Après avoir obtenu son Bac, Emmanuelle Le Cam obtient une licence d’anglais, à l’Université Bretagne sud, à Lorient en 1997 : « Au contraire de l’école, j’ai beaucoup aimé mes années universitaires ». Outre l’écriture, Emmanuelle s’adonne aussi à l’édition. Créées en 1998 pour accueillir certains de ses textes, Citadel Road éditions accueillent également des poètes tels que Patricia Suescum ou Arthur Fousse : « La sincérité dans l’expression de leur souffrance et le talent déployé pour la dire m’impressionnent. » La souffrance irrigue la poésie d’Emmanuelle. Elle en est même la source : « Parce que c’est là et que l’écriture, telle une alchimiste, permet d’en faire quelque chose d’autre. Pas une thérapie, un art et une œuvre, voilà tout. »
Emmanuelle Le Cam a toujours écrit. « Petite, ma mère me lisait des comptines. J’en ai imaginé beaucoup, avant même de savoir écrire », raconte la poétesse. Puis vient l’apprentissage proprement dit, le tracé des lettres, la composition des mots. Et les premiers textes, des poèmes évidemment. L’écriture a toujours été là, je ne l’ai pas cherchée. Je n’ai pas eu besoin de déclic. C’était, c’est et c’est tout. » Depuis quelques années, elle écrit également en prose. Elle a, en outre, collaboré à de nombreuses revues littéraires depuis 1990, date de ses débuts en poésie. Le travail d’Emmanuelle Le Cam s’articule autour du corps, d’une attention toute particulière au passage des saisons, aux veilles nocturnes. Elle écrit l’intime, et privilégie un lyrisme discret, des associations de mots inédites. L’écrit au cœur, elle avance sur un chemin où rien n'est gagné d'avance, où la souffrance tient souvent la vie dans son étau, et où la mort ne rôde jamais bien loin de la plume ou du clavier. Le vivant vibre de toutes ses fibres dans sa poésie, ceci dit. Des chats la traversent, qui égaient les textes. Ils sont présence de vie précieuse dans le bureau, dans la « chambre d’écriture » du poète, où « s’alchimise » un présent têtu. Maritimes, ces poèmes ont toujours saveur iodée qui s’imprime, tenace, dans le cerveau et l’âme du lecteur attentif.
Christophe DAUPHIN
(Revue Les Hommes sans Epaules).
À lire : L’Écho (La Rivière échappée, 1992), Gisements (Polder, 1993), Frontières (Le Dé Bleu, 1995), Septembre coagulé (Citadel Road, 1998), Partition d’Invisible (Citadel Road, 1998), Logique hivernale (Citadel Road, 1998), Traversée de la Parole (Citadel Road, 1999), Nous périssons de trop de Lunes (Citadel Road, 1999), À mon Corps défendant (Citadel Road, 1999), Géographie de l’Absence (Citadel Road, 1999), Prélude (Citadel Road, 1999), Sang Angleterre gelée (Citadel Road, 2001), Zazen (Wigwam, 2001), Le Poème de l’Eau (Le Chat qui tousse, 2001), Poèmes pour Chris (Blanc Silex, 2002), Squelette de Bois (Gros Textes, 2002), Un Homme de Sable (Interventions à Haute Voix, 2002), Le Code des Saisons (Froissart, 2002), Mourir peut-être (Citadel Road, 2003), Requiem pour Heather Jane (Citadel Road, 2004), Février (Le Chat qui tousse, 2004), Unique Demeure (Le Dé Bleu, 2005), Puis vient la Neige (Gros Textes, 2005), L’Hospitalité des Anges (La Part Commune, 2006), La Marche du Mot dans les Artères (Citadel Road, 2006), Matière-Corps (Citadel Road, 2006), À la Nichée des Seins (2006), Bleu profond (Citadel Road, 2007), Nocturne (Citadel Road, 2008), En mes Chambres claires (2009), On ne discute pas l’Infini (Gros Textes, 2010), Les Nus (Rhubarbe, 2011), Vivre, disent-ils (Soc et Foc, 2013), Le Temps des Veilleurs (Encres Vives, 2013), Veine, multiple (Éclats d’encre, 2013), Poèmes de l’Ankou, avec whisky et gui du Nouvel an (Rafael de Surtis, 2015), Nous saluons les Orages (Rafael de Surtis, 2017), Sagesse des Ruines (Mazette, 2018), Un Carnage (Citadel Road, 2018, Deuils de Mots et d’Amours froides (Rafael de Surtis, 2018), Vigie (À l’Index, 2019), Le Violet de mes Yeux (Citadel Road, 2019), À l’Absent (Citadel Road, 2019), Le Maître de Thé (Citadel Road, 2019), La Vie nouvelle (Le Réalgar, 2021), Parcours d’ombre(Rhubarbe, 2021), Ukraine (Citadel Road éditions, 2022), La beauté de Siam déchirait le ciel (Citadel Road éditions, 2022), Au tableau des nuits blanches (Citadel Road éditions, 2023), Le partage des chants (Citadel Road éditions, 2023), Éclat de pierre (Citadel Road éditions, 2023).
Traductions : Katherine Mansfield, La Maison de Poupées (Citadel Road, 1998, 2002), Lewis Carroll, Correspondence (Citadel Road, 1998).