Ferreira GULLAR

Ferreira GULLAR



Ferreira Gullar, pseudonyme de José Ribamar Ferreira (São Luís, MA, 1930 - Rio de Janeiro, RJ, 2016), est écrivain, poète, critique d’art, traducteur, mémorialiste et essayiste, et l’un des fondateurs du néoconcrétisme. Son pseudonyme reprend le nom de son père, Newton Ferreira, et s’inspire de celui de sa mère, Alzira Ribeiro Goulart. En 1949, il publie son premier livre, Um Pouco Acima do Chão, « Un Peu au-dessus du Sol ».

En 1951, il part pour Rio de Janeiro, où il travaille comme journaliste. En 1954, il publie le livre de poésie A Luta Corporal, « La Lutte Corporelle » et fait la connaissance des poètes Augusto de Campos, Haroldo de Campos et Décio Pignatari. En 1956, il participe au mouvement concrétiste. Gullar n’est toutefois pas d’accord avec ce qu’il considère comme un rationalisme excessif de la poésie concrète. Il exprime ses divergences dans l’article Poesia Concreta : Experiência Fenomenológica, « Poésie Concrète : Expérience Phénoménologique » publié en 1957.

En 1959, il crée, avec Lígia Clark et Hélio Oiticica, le néoconcrétisme, qui valorise l’expression et la subjectivité en opposition au concrétisme orthodoxe. Au début des années 1960, il s’éloigne également de ce groupe, pour produire une poésie plus engagée. Il écrit des textes de poésie de cordel, tels que João Boa Morte, « Jean Bonne Mort », et Cabra Marcado pra Morrer, « Bougre marqué pour mourir ». En 1962, il est élu président du Centre de Culture Populaire de l’Union Nationale des Étudiants (CPC/UNE). En 1964, il rejoint le Parti Communiste brésilien (PCB).

En 1968, il est arrêté avec le journaliste Paulo Francis et les musiciens Caetano Veloso et Gilberto Gil, et doit s’exiler. Il vit successivement à Paris, Moscou, Santiago, Lima et Buenos Aires. Il écrit dans cette dernière ville son livre de poésie Poema Sujo, « Poème Sale » (1976), qui est enregistré sur une cassette et introduit clandestinement au Brésil par Vinícius de Moraes.

En 1977, il retourne au Brésil, écrit pour le théâtre et la télévision. Trois ans plus tard est publiée une édition complète de ses poèmes, intitulée Toda Poesia, « Toute Poésie ». En 2014, il est reçu à l’Académie Brésilienne des Lettres. La poésie de Gullar est marquée par différentes phases de recherche esthétique, allant de l’expérimentalisme et du lyrisme à la poésie de cordel et à la diction familière. Dans le livre A Luta Corporal on trouve déjà des compositions intimes de forte musicalité, des poèmes en prose, des œuvres concises et substantielles proches de João Cabral de Melo Neto, et des textes expérimentaux qui anticipent la poésie concrète de par la spatialisation des lignes sur la page, la fragmentation de la parole et la création de néologismes.

Dans les années 60, le poète privilégie les thèmes sociaux. Son intérêt pour la culture populaire, l’histoire nationale et la participation politique est également présent dans les essais et pièces de théâtre qu’il écrit à l’époque. Poema Sujo inaugure une phase plus existentielle, la mémoire de l’enfance et la description de scènes de la vie quotidienne d’une ville conduisant à une évocation de la finitude douloureuse des gens et des choses.

À partir de 1980 enfin, avec Na Vertigem do Dia, « Dans le Vertige du Jour », il revient à l’intimité de ses premières œuvres, exprimant ses propres incertitudes et inquiétudes. Le monde de la mémoire et des émotions est approfondi dans Barulhos, « Bruits » (1987) et Muitas Vozes, « De Nombreuses Voix » (1999).

Oleg ALMEIDA et Philippe MONNEVEUX

(Revue Les Hommes sans Epaules).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
DOSSIER : La poésie brésilienne, des modernistes à nos jours n° 49