Monique W. LABIDOIRE
Monique Labidoire est née à Paris, en 1942, de parents hongrois. Elle est l’auteur d’une œuvre poétique foisonnante qu’elle ne sépare pas de son important travail critique, mené en parallèle, sur les poètes (lire notamment, S’aventurer avec Guillevic et neuf poètes contemporains, Éditinter, 2006).
Livre après livre, et aucun n’échappe à la règle, un cri traverse la langue, pour que les mots sortent de l’ombre, de la mémoire, de ses craquelures et du paysage ; un cri qui a pris ses racines et dans l’imaginaire et dans la terre magyare, la terre natale (chantée avec force dans Mémoire du Danube), mais à jamais bafouée par ce camp de la mort où le père du poète a disparu. L’œuvre de Monique Labidoire est traversée par un cri qui dénonce la barbarie. Labidoire dit la douleur, mais la surmonte pour glorifier une présence au monde – Et léguer, jour après jour, une force, une bonté. Son poème, espace de vie, aéré, n’est pas replié sur lui-même. Il est ouverture au monde et aux autres, aux beautés minuscules ou cosmiques (Un monde fait tant de mondes), à la nature (la terre bulbeuse de jacinthe, grosse de graines) ; il ne cesse d’interroger les énigmes de l’écriture et de la poésie, toujours au centre de chaque voyage : Le poème requiert lumière et rythme, mouvement, mémoire, embrasement. Chez Labidoire, le poème sauve ce qu’il reste du monde.
Monique Labidoire a publié des poèmes dans la 3ème série des HSE, ainsi que des études importantes sur les œuvres d’Elodia Turki (HSE 13/14, 2003), Eugène Guillevic (HSE 23/24, 2007), Jacqueline Brégeault-Tariel (HSE 26, 2008) et Christophe Dauphin (HSE 32, 2011).
À lire : Le Maillon, la chaîne (éd. Chambelland, 1964), Saisir la fête (éd. Chambelland, 1967), Arythmies (éd. Saint-Germain-des-Prés, 1978), Cassures (éd. Saint-Germain-des-Prés, 1983), Géographiques (Le Milieu du Jour, 1991), Natures illimitées (Le Milieu du Jour, 1995), Triptyque (La Bartavelle, 1997), L’âne et la myrtille (La Bartavelle, 1999), Mémoire du Danube (La Bartavelle, 2000), L’Exil du Poème (éd. Librairie-Galerie Racine, 2001), Peuplement de la parole (Éditinter, 2003), Epeler le monde (éd. Librairie-Galerie Racine, 2003), Lointaines écritures (Éditinter, 2005), Soudaines sources (Sacs à mots, 2006), Requiem pour les mots (Éditinter, 2010), Mémoire d’absence (Éditinter, 2010).
Christophe DAUPHIN
(Revue Les Hommes sans Épaules).