ADONIS
Poète et essayiste, Adonis, de son vrai nom Ali Ahmad Saïd Esber, né le 1er janvier 1930, à Qassabine, en Syrie, réside en France depuis 1985. Depuis la publication des Chants de Mihyar le Damascène en 1961, au retour d’un premier séjour en France, l’œuvre d’Adonis a ouvert la voie à une nouvelle esthétique de la poésie arabe et à une relecture du legs de la tradition, y compris des écrits antéislamiques. Car, pour Adonis, comme l’a écrit Jean-Pierre Perrin, l’homme ne peut exister qu’en opposition à la religion, accusée d’annihiler toute identité. Adonis vit en poésie depuis l’âge de treize ans. Né dans un modeste village alaouite, il quitte très tôt la Syrie, en 1957, jugeant que vivre dans ce pays « lui fermait l’horizon », pour s’installer à Beyrouth, puis en France. À dix-sept ans, il prend le pseudonyme d’Adonis : « Ce nom m’a libéré de mon nom, Ali, et d’une appartenance sociale refermée sur la fermeture de la religion. » Depuis, il n’a cessé de braver les interdits. Pour avoir déclaré que « les Juifs sont une composante de l’histoire du Moyen-Orient », il est exclu de l’Union des écrivains arabes. Après avoir cofondé à Beyrouth les revues Chi’r (1957) et Mawâqif (1968) – qui avaient pour but de libérer la poésie arabe du carcan de la tradition et de l’ouvrir aux influences étrangères – Adonis est devenu professeur de littérature arabe à l’Université de Beyrouth, puis délégué permanent adjoint de la Ligue des États arabes auprès de l’Unesco, en 1989. La Syrie, son pays d’origine, est devenue pour lui une plaie ouverte : « Du destin d’Alep, j’arrache mes pas. Voici mes chemins et voici la fin du pays. Je vais m’enfoncer dans ma blessure et dans ma langue comme si mon cœur était aplati sous le poids de ma maison. » Adonis a donné et continue de donner des articles sur les conflits du Proche-Orient dans la presse internationale, aussi bien dans le monde arabe qu’en Europe occidentale ; c’est ce dont rend compte, Printemps arabes, religion et révolution, un livre qui fait entendre sa voix sur les révolutions arabes et sur la situation actuelle en Syrie à travers un ensemble de ses interventions parues à l’étranger.
César BIRENE
(Revue Les Hommes sans Epaules)
A lire :
Le livre de la migration, Luneau Ascot, 1982 ;
Le temps des villes, Mercure de France, 1990 ;
Célébrations, La Différence, 1991 ;
Chronique des branches, Orphée/La Différence, 1991 ;
Mémoire du vent, Poésie/Gallimard, 1991 ;
Singuliers, Sindbad/Actes Sud, 1995.
Chants de Mihyar le Damascène, suivi de Singuliers, Gallimard, 2002
Soleils seconds, Mercure de France, 1994
Célébrations, Paris, éditions de la Différence, 1991
Tombeau pour New York suivi de Prologue à l'histoire des tâ'ifa et de Ceci est mon nom, Sindbad, 1986
Introduction à la poétique arabe, traduit de l'arabe par Bassam Tahhan et Anne Wade Minkowsky, Sindbad, 1985
Commencement des corps, fin de l'océan,traduit de l'arabe par Vénus Khoury-Ghata, Mercure de France, 2004
Célébrations, La Différence, 2005
Chronique des Branches, La Différence, 2005
Le livre (al-Kitâb), Le Seuil. 2007
Histoire qui se déchire sur le corps d'une femme, Mercure de France, 2008
Printemps arabes, religion et révolution, La Différence, 2014
A.L’œuvre graphique, 128 pages, 29 €, Actes Sud, 2015
La peau du chaos, correspondance avec Adel Abdessemed, Actes-Sud, 2015
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
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Dossier : Jacques LACARRIERE & les poètes grecs contemporains n° 40 |