FEMEN

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Tout et son contraire a été rapporté sur le mouvement FEMEN. Certains, des détracteurs pour l’essentiel, ont reprochés aux sextrémistes de masquer une supposée faiblesse de discours par la teneur provocatrice des actions. Il n’en est rien. Le Manifeste FEMEN le confirme, dont la première partie relate l’historique du mouvement, alors que la deuxième aborde le fond : les combats et les modes d’actions employés.

Les FEMEN luttent avec détermination contre le totalitarisme (« C’est parce que l’idéologie patriarcale et les dictatures se complètent et s’alimentent que leur renversement constitue un enjeu majeur du féminisme »), mais aussi contre l’influence de la religion (« Loin de nous attaquer à la précieuse liberté de penser, que nous défendons par ailleurs avec vigueur, nous combattons toutes les religions en ce qu’elles constituent systématiquement des modèles de sociétés concurrents et antidémocratiques où hiérarchie et obéissance absolue sont les maîtres mots. »)

Le troisième ennemi des FEMEN n’est autre que l’industrie du sexe : le sexe n’est pas une marchandise ; le consentement moral ne s’achète pas ; la prostitution n’est pas une profession. Elles écrivent : « Nos sociétés doivent se défaire de la vision romantique de la « prostitution choisie », qui manipule les principes du féminisme et du droit des femmes à disposer de leur corps pour les transformer en un droit des hommes à disposer du corps d’autrui. (…) Le seul rapport qui existe ici est celui entre un être humain acheteur et un être humain acheté. Il est donc tout à fait illusoire de penser qu’un quelconque rapport d’égalité puisse exister entre le client et la prostituée. »

Les FEMEN dénoncent la non-reconnaissance de la sexualité féminine, soit « l’interdiction à la femme d’être un sujet de sa sexualité, de son corps, de son plaisir, de son être au monde » et appellent les femmes à refuser leur objectification en luttant contre la pornographie et l’utilisation par la publicité d’image hyper-sexualisée des femmes comme argument de vente.

Les FEMEN le clament haut et fort : « Les femmes n’ont pas besoin de réformes, elles ont besoin d’une révolution ! » Aussi sont-elles de toutes les luttes pour renverser les représentations du corps féminin et pour dénoncer tous les systèmes d’oppression, la violence dont les femmes sont victimes.

Courageuses et dignes, elles ne lâchent rien, dans leurs multiples surgissements. Les seins nus, grimés de slogans chocs, le poing levé, le dos droit, des fleurs multicolores dans les cheveux, les FEMEN, qui considèrent que l’action est impossible sans l’idée et l’idée inutile sans l’action, ont inventé un nouveau mode de combat, d’expression et de communication, le sextrémisme, qui allie la sexualité à la radicalité politique, le spectaculaire de la performance à la provocation, mais sans gratuité : la pensée et l’efficacité motivent et animent leurs actes ; soit la lutte en faveur de la démocratie et des droits humains et contre la corruption de la classe politique, la violence conjugale ou encore des formes de discriminations telles que le sexisme, le racisme, la prostitution ; sans oublier l’influence néfaste des religions dans la société. Pour FEMEN, « là où commence la religion, s’arrête le féminisme ».

Le mouvement ne fait aucune différence entre les religions, les réfute toutes (« les institutions religieuses représentent une atteinte directe aux droits des femmes et au principe d’égalité ») et dénonce leur ingérence dans la vie politique, l’éducation, les mutations sociales. FEMEN refuse catégoriquement que les religions s’imposent comme régisseur moral de l’ensemble de la société.

FEMEN revendique être un blasphème et élève le blasphème au rang de « célébration de la liberté d’expression et outil de lutte nécessaire et efficace pour tenir les institutions religieuses à distance. » Les sextrémistes, attaquent ce qu’elles considèrent comme « les valeurs patriarcales qui imprègnent la plupart des sociétés industrialisées ».

Implanté dans une quinzaine de pays, le mouvement FEMEN a été créé à Kiev, en Ukraine, en 2008 par Anna Hutsol (née en 1983), Oksana Shachko (née en 1987) et Alexandra « Sacha » Chevchenko (née en 1988), rejointes en 2010 par Inna Shevchenko, indignées par la place réservée aux femmes dans la société ukrainienne.

L’idée de départ est de dénoncer le développement du tourisme sexuel dans le pays, avec pour slogan : « L ’Ukraine n’est pas un bordel ». Les FEMEN manifestent les seins nus (le topless), pour affirmer que leur corps n’est pas un instrument au service d’une société patriarcale, au service de l’homme, mais qu’il leur appartient : « Nous avons gardé les corps dénudés, nous les avons parés de slogans et postés dans une attitude guerrière. »

FEMEN, écrit le journaliste Olivier Goujon, qui a suivi le mouvement depuis 2009, "c’est l’expression d’une révolte humaniste portée par trois jeunes femmes, Oxana Chachko, Anna Hutsol, Sacha Shevchenko (aucun lien de parenté avec Inna) au sortir de l’adolescence dans une petite ville de l’ouest ukrainien, Khmelnytskyi, puis à Kiev dès 2008. Le moteur de cette révolte, c’est le besoin d’égalité et le refus de la société patriarcale ukrainienne. Oxana refuse qu’on batte sa mère, Anna d’étudier la comptabilité, Sacha qu’on la marie… Elles se réunissent autour de l’étude de textes philosophiques et surtout de l’ouvrage d’August Bebel : “La femme et le socialisme”. Elles organisent quelques actions dans leurs écoles, devant un hopîtal, lors de célébrations… Très vite, elles identifient le féminisme dans leur révolte, du fait de la domination masculine de la société ukrainienne, mais c’est l’injustice, au sens large, qui les meut. Parallèlement à leur formation intellectuelle, ce qui court tout le long de l’histoire ukrainienne de Femen, c’est la fulgurance géniale des intuitions de Sacha, Oxana et Anna – surgissement, posture hiératique, inscriptions, seins nus - et leur perception aigüe des codes médiatiques. La mise au point du “sextrémisime” est le fruit de cette genèse."

L’image est simple et radicale : les corps, esclaves hier, se lèvent et marchent ensemble vers la libération. Le corps est « politique » et est perçu comme une arme et un capteur d’attention, que les FEMEN utilisent comme instrument premier dans leur révolution : « Nous avons analysé combien les seins sont symboliques, combien il est courageux pour une femme de retirer le haut, non pas pour promouvoir quelque chose, pour sourire et plaire, mais pour intégrer un combat. Nous avons constaté combien, même dans un pays européen comme la France, la poitrine de la femme et de l’homme étaient perçues de manières différentes. Nous devons toujours nous sentir coupable de nos seins ! Contrairement aux hommes qui peuvent retirer leur T-shirt sans être jugé. Ils ne traitent la poitrine féminine que comme un organe sexuel. C’est ce que nous avons voulu changer en mettant notre corps en action, et en posture d’agressivité – contrairement aux corps passifs et souriants que nous voyons dans les pubs. »

Les FEMEN se définisent comme des sextrémistes. De quoi, s'agit-il ? Olivier Goujon précise : "C’est un concept complexe, bien loin de l’idée simpliste dans laquelle on l’enferme souvent et qui consisterait à “faire de la politique à poil”. Le sextrémisime, c’est la conjugaison réfléchie de la radicalité politique et de la sexualité. La radicalité indique qu’on reste dans le champ du débat social pacifique et non du terrorisme, et la sexualité renvoie au rapport au mâle, quand la nudité renverrait, elle, simplement à l’hygiène ou à l’archaïsme. Elles reconstruisent un sujet féminin, émietté par des siècles de domination, qui brandit face au patriarcat, l’objet de son désir et lui disent: “cet objet m’appartient et me constitue comme sujet”. C’est un message d’une puissance symbolique déstabilisante. Les seins deviennent anti-séducteurs. Les codes domestiques et sociaux sont bousculés. Et ce message est d’autant plus fort que les filles correspondent généralement aux canons de la beauté et de l’attraction sexuelle en occident. Sacha résume le malaise créé d’une formule lapidaire: “Barbie can speak” (Barbie peut parler)."

Les autorités, en France comme ailleurs, ne l’entendent bien sûr pas ainsi, et poursuivent régulièrement les FEMEN pour exhibition sexuelle. Mais pour ces dernières, leur nudité n’est pas pornographique mais militante. Elles ne devraient donc pas être poursuivies par la loi.

En 2010, cinq FEMEN seins nus s’introduisent, juste avant l’arrivée du président Ianoukovytch, dans un bureau de vote ukrainien en brandissant des pancartes « Arrêtez de violer le pays ».

En 2011, à Moscou, en opposition à Poutine, devant la cathédrale du Christ Sauveur, les FEMEN manifestent seins nus avec le slogan « Dieu, jette le Roi ». Quelques mois plus tard le groupe féminin de punk rock, Pussy Riot, reprend le slogan en chanson dans la même cathédrale. On connait la suite et le retentissement international que provoquera leur arrestation.

Le même mois, les FEMEN se rendent à Minsk en Biélorussie pour manifester seins nus et dénoncer les emprisonnements, les tortures et les disparitions dont sont victimes les opposants politiques au régime en place. Oksana Shachko, Inna Shevchenko et Alexandra Nemchinova sont kidnappées par la police politique biélorusse. Gardées dans une camionnette pour la nuit, les trois FEMEN sont torturées et menacées de mort avant d’être abandonnées dans une forêt ensevelie sous la neige.

La répression à l’encontre des FEMEN est d’une violence extrême. Cela démontre la justesse de la cause. Outre de fréquents passages à tabac, les actions FEMEN ont souvent menées les activistes devant la justice dès lors qu’elles dénonçaient particulièrement une institution religieuse ou les méthodes liberticides de certains États.

Le combat des FEMEN est vaste. Ces femmes donnent le la à leur manière parmi d’autres, partout où elles sévissent. Elles mettent à mal la rhétorique autoritaire, occupent l’espace public, défient directement les représentants et des régimes totalitaires et des oligarchies capitalistes-financières que sont devenues les démocraties bourgeoises. Elles pourraient reprendre à leur compte les mots de l’admirable Simone Weil, qui écrivait en 1950 (in Note sur la suppression générale des partis politiques, 1950) : « ... Nous n’avons jamais rien connu qui ressemble même de loin à une démocratie. Dans ce que nous nommons de ce nom, jamais le peuple n’a l’occasion ni le moyen d’exprimer un avis sur aucun problème de la vie publique » ; ou encore : « Les partis sont un merveilleux mécanisme, par la vertu duquel, dans toute l’étendue d’un pays, pas un esprit ne donne son attention à l’effort de discerner, dans les affaires publiques, le bien, la justice, la vérité (…) Si on confiait au diable l’organisation de la vie publique, il ne pourrait rien imaginer de plus ingénieux. »

FEMEN a brisé le tabou du corps nu de la femme, en le dissociant radicalement du cadre imposé par l’imagerie officielle, tant religieuse que commerciale et publicitaire ; soit l’appropriation et la mise sous contrôle du corps de la femme par le patriarcat et le capitalisme.

FEMEN a transformé définitivement l’image de la femme tout en interrogeant la place de son corps dans un monde structuré par des normes masculines. Parce que l’émancipation de la femme passe nécessairement par la libération de son corps, les FEMEN se sont réappropriées ce corps confisqué tout en déconstruisant les stéréotypes et en exposant leur nudité dans un contexte politique.

FEMEN a vu le jour en Ukraine et a insufflé une dimension universelle à ses revendications, qui ne doivent pas seulement être seulement les leurs, mais celles de toutes et de tous.

L’histoire s’accélère à partir de juillet 2012 : Safia Labdi, Anna Hutsol, Oksana Shachko, Alexandra Shevchenko et Inna Shevchenko, créent Femen France. Le 17 août 2012, Inna Shevchenko, avec le concours d’Anna Hutsol, d’Oksana Shachko et d’Alexandra Shevchenko, abat la grande croix orthodoxe située devant le Centre des arts et de la culture de Kiev, pour dénoncer la discrimination des femmes par l’Eglise et soutenir les musiciennes du groupe Pussy Riot, arrêtées à Moscou le 21 février pour avoir chanté et proféré des slogans anti-Poutine dans la cathédrale du Christ-Saint-Sauveur. Quelques heures plus tard, le parquet annonce l’ouverture d’une enquête criminelle pour hooliganisme. Le 27 août, Inna Shevchenko quitte l’Ukraine, arrive en France où elle obtient en un temps record (49 jours !) le statut de réfugiée politique et prend d'une main de fer FEMEN France.

Foire d’Hanovre, le 8 avril 2013 : Oksana Shachko et Alexandra Shevchenko s’interpose devant Vladimir Poutine, en visite avec Angela Merkel, en criant : « Fuck dictator ! » L’étau va désormais se resserrer autour des Femen : surveillance continue, menaces, arrestations, agressions, tortures, interrogatoires, passage à tabac…  Les FEMEN s’exposent physiquement et les coups qu’elles reçoivent ne sont pas que psychologiques ou moraux ; mais aussi physiques.

En août 2013, l’État ukrainien lance une procédure juridique pour terrorisme contre les FEMEN. Il s’agit d’un coup monté par les services secrets : des armes, des grenades, et le portrait de Poutine transformé en cible ont été « retrouvés » dans un de leurs ateliers. Suite au procès intenté contre le groupe et la fermeture du bureau des FEMEN, menacées de mort, Anna Hutsol se réfugie en Suisse, Oksana Shachko et Alexandra Shevchenko s’exilent à Paris le 30 août 2013 et demandent l’asile politique, qu’elles obtiennent au bout de 330 jours pour Alexandra et 480 pour Oksana, au terme d’un véritable parcours du combattant dans les méandres de l’administration, tout en ayant des conditions de vie très difficiles et rudimentaires.

FEMEN, HISTOIRE D'UNE TRAHISON

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L’histoire se gâte. En 2007, les deux FEMEN débarquaient à Kiev pour changer la face du monde. Dix ans plus tard, à Paris, Alexandra « Sacha » Shevchenko et Oksana Shachko sont évincées et dépossédées brutalement de leur mouvement. C’est sur la base de leurs confessions douloureuses, que le journaliste et photoreporter Olivier Goujon, rétablissant dans leurs vérité et honneur Oksana et Sacha, les deux cofondatrices historiques injustement et violemment écartées de l’histoire officielle par Inna Shevchenko et ses consœurs de FEMEN France, a rigoureusement retracé (in Femen, Histoire d’une trahison, Max Milo éd., 2017) l’épopée planétaire d’une idée née dans les plaines d’Ukraine occidentale et qui s’est égarée dans les querelles intestines et les ambitions personnelles.

Olivier Goujon est l'un des meilleurs journalistes indépendants français, ce qui est certain, c'est qu'il fait honneur à sa profession. Il est l'auteur de 500 reportages dans 160 pays, qui ont été publiés dans le monde entier. Dans ses reportages, il part, comme le faisait également Christophe de Ponfilly, toujours de l’histoire incarnée, vécue, de femmes et d’hommes, pour rejoindre des enjeux de société, expliciter des conflits ou illustrer la défense de valeurs universelles. Dans cette optique, il a, de son propre aveu, été l’un des premiers à s’intéresser à FEMEN, alors que le mouvement était naissant, en Ukraine en 2009.

Alexandra "Sasha" témoigne, dans le livre d'Olivier : "Les FEMEN, c'est terminé pour moi. Des idées et formes novatrices que nous avons, Oksana et moi, élaborées, et qui émanaient d'un travail difficile et scrupuleux, il ne reste plus rien. Mon modèle s'est transformé en monstre de Frankenstein. Inna et son petit cercle de fanatiques ont décidé que les FEMEN étaient une franchise, un commerce grâce auquel on pouvait désormais faire carrière. Elles ont mutilé ce mouvement qui était un corps complet, le privant de ce qui faisait son essence: la solidarité et la camaraderie. Ce faisant, elles n'étaient alors plus des soeurs, mais de méprisables rivales en train de créer une parodie disgracieuse de notre organisation, sans âme, ni intelligence. Je ne veux plus, je ne veux plus faire partie de ce rassemblement de "freaks" qui vide le mouvement révolutionnaire de toute sa force et de son potentiel."

Les FEMEN, résume Olivier Goujon, dont le livre fera date autant que justice, c’est l’histoire de blondes à tomber par terre, d’espions russes à Montmartre, de passages à tabac, de politiciens corrompus, de vraies et de fausses cavales, de fachos, d’islamistes, d’argent détourné, d’une administration complaisante, de médias affamés, de mensonge, de haine et d’indifférence. C’est l’histoire d’une trahison et d’une révolution pas perdue pour tout le monde. L’histoire très humaine d’une passion volée…

Pourquoi ? Parce que, répond Olivier Goujon : "Sacha et Oxana sont des révolutionnaires sincères qui mettent en place un mouvement égalitaire et solidaire en Ukraine, alors qu’Inna poursuit un objectif personnel. Ce n’est pas condamnable en soi, sauf que la réalisation de cet objectif va passer par la mise à l’écart politique et la mise en danger des deux autres. Le tout avec la complicité de Caroline Fourest et devant les yeux aveugles de la presse et des institutions. Au-delà de cette guerre pour le pouvoir, c’est tout le mouvement qui va perdre son idéal avec ce hold-up. Au départ égalitaire (en Ukraine, les fondatrices partageaient tout), le mouvement devient une structure verticale avec culte du chef et décisions autoritaires. Mouvement révolutionnaire, il se démultiplie et perd son idéologie première : la lutte pour l’égalité des sexes à travers le sextrémisme. Ce dernier, mouvement de fond qui multipliait les actions quotidiennes, notamment contre l’industrie du sexe, ne va plus se focaliser que sur les actions à forte plus-value médiatique… "

Nous ne pouvons, enfin, que partager la conclusion d'Olivier Goujon, en affirmant que les FEMEN, Oksana et Sasha, au premier chef, ont changé la face du féminisme. FEMEN est bien le premier grand mouvement féministe du troisième millénaire. Il y a un avant et un après FEMEN dans l’histoire du féminisme, et c’est grâce à Sasha et Oksana. Olivier poursuit : " Je voulais raconter l’histoire factuelle, et dire comment Sacha et Oxanna ont été matériellement dépossédées de leur mouvement. On me dit souvent avec mauvaise foi que c’est une guéguerre comme il y en a dans toutes les associations. Non. Sacha et Oxana ont vécu une véritable dépossession de l’être. Elles étaient Femen du matin au soir. On leur a pris ce qu’elles étaient et non pas ce qu’elles avaient créé, c’est une différence énorme. Voilà les trois bonnes raisons d’écrire le livre."

Sasha ajoute : "Je me suis battue pour la justice pour les femmes et maintenant je me bats pour ma justice personnelle. Je crois que chaque femme le mérite, moi y compris. Toutes et tous les activistes et toutes celles et ceux qui croient dans le vrai Femen méritent de connaître la vérité. J’ai rencontré beaucoup de gens qui m’ont dit « qu’est ce qui est arrivé à Femen ? Je ne les apprécie plus maintenant, elles disent des choses étranges, elles font des choses étranges. » Par exemple, en Ukraine, on a accepté toutes les femmes, mais ici Inna accepte juste les femmes qui ne pourraient pas la concurrencer. Si elle voit qu’une activiste commence à parler avec les journalistes, après quelques semaines, on verra que cette activiste n’existe plus au sein de Femen, car Inna l’a exclue, ce n’est pas une coïncidence. C’est comme cela qu’Inna fonctionne. Si Femen a changé, c’est à cause d’Inna. L’Ukraine s’en fiche de Femen et s’est toujours fichue de l’histoire de Femen et du féminisme, mais pour la France je crois que c’est important, car les femmes en France ne sont pas stupides, et elles ne devraient pas être menacées par Inna ou d’autres personnes, c’est très important pour la France de découvrir la vérité, de poser des questions, d’avoir les réponses, car les gens en ont quelque chose à faire ici. Je ne veux pas que les Français et les Françaises soient manipulé.e.s."

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Epaules).

Femen, 10 ans à peine après sa création :

Entretien avec Sasha Shevchenko et Olivier Goujon sur TV5, octobre 2017.

Entretien avec Sasha Shevchenko et Olivier Goujon sur Figarolive, septembre 2017.


A lire : Olivier Goujon, FEMEN, Histoire d’une trahison (Max Milo, 2017), Manifeste FEMEN (éd. Utopia, 2015), Héloïse Bouton, Confession d'une ex-Femen (éditions du Moment, 2015), Galia Ackerman, FEMEN (Calmann-Lévy, 2013),

DVD : Joseph Paris, Naked war (Editions Montparnasse, 2017), Alain Margot, Je suis FEMEN (Luminor Films, 2015).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules



 
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