Camille BRYEN

Camille BRYEN



Camille Bryen est le nom d'artiste de Camille Briand, né à Nantes en 1907 et mort à Paris en 1977; poète, peintre et graveur français de la nouvelle École de Paris, appartenant aux courants de l'abstraction lyrique et du tachisme. Dans les années 1925-1927, Camille Briand fait partie de la bohème nantaise, utilisant le pseudonyme d'"Aristide", sans doute par allusion à son illustre homonyme, lui aussi d'origine nantaise. Il apparaît notamment en couverture de la Revue nantaise d'avril 1927, portraituré par Henri Bouyer, avec le commentaire : Type nantais, le Bohème Aristide. Durant cette période, il est impliqué, ainsi que la revue, dans l'"Affaire de la Close", un scandale mondain que les autorités réussiront finalement à étouffer. En janvier 1927, des grands noms de la société nantaise ont participé à une orgie mondaine, dont le secret n'a pas pu être préservé. En mars, le journal socialiste Le Travailleur de l'Ouest attaque (sans donner de noms, bien qu'ils soient connus) au motif de l'hypocrisie des classes dirigeantes et de la dépense extravagante (champagne) plus qu'à celui de l'"immoralité". Parallèlement des chansons de rue sont proposées sur la voie publique. Aristide est l'auteur d'une de ces chansons : Surprise-party, dont il vend le texte pour un franc sur la place de Nantes ; mais faute de licence de colportage, "le sieur Briand Camille" est appréhendé le 24 mars et fait l'objet d'un procès-verbal. La Revue nantaise, créée en 1925, et qui se veut d'avant-garde, reprend l'affaire dans son numéro d'avril, y consacrant trois pages ; elle affirme notamment qu'Aristide a vendu plusieurs milliers d'exemplaires de sa chanson. Mais les autorités, en l'occurrence la municipalité, font intervenir la police et retirer la revue de la vente. Camille Bryen s'installe peu après à Paris. Attiré par les surréalistes, il publie en 1927 un premier recueil de poèmes, Opopanax puis, en 1932, Expériences, mêlant poèmes, dessins et collages. Il présente en 1934 sa première exposition personnelle et réalise en 1936 sa première peinture tachiste. Bryen cosigne le manifeste « dimensionniste » avec Jean Arp, Marcel Duchamp et Francis Picabia. Avec Raoul Ubac, il dépose des « objets dans les endroits les plus inattendus », affiche « des poèmes et images sur les murs ». En 1948, Camille Bryen organise la première exposition de l’« abstraction lyrique » à laquelle participent notamment Hans Hartung, Wols, Gérard Schneider et Georges Mathieu. Il aborde alors la gravure et en 1949 la peinture à l'huile. Il publie en 1950 Héréphile puis se détourne de la littérature pour se consacrer entièrement à la peinture et à la gravure. Le catalogue raisonné de son œuvre gravé a été publié en 1975 dans les Nouvelles de l'estampe. À partir des années 1950, Camille Bryen présente régulièrement des expositions personnelles en France comme à l'étranger et participe à de nombreux salons, biennales, expositions collectives. Dans son œuvre, toujours libérée de toute allusion, les champs discrets de la couleur, structurés par de fines giclures, créent un climat poétique qui assure son originalité. Bryen fait partie des peintres réunis pour l'exposition "L'Envolée lyrique, Paris 1945-1956" présentée au musée du Luxembourg, en 2006. À lire : Désécritures. Poèmes, essais, inédits, entretiens, Les Presses du réel, 2007.



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : MARC PATIN et le surréalisme n° 17