Gabriel VARTORE-NEOUMIVAKINE

Gabriel VARTORE-NEOUMIVAKINE



Gabriel Vartore-Néoumivakine (né à Lyon d’un père Russe, en 1939) est un poète recommandé à ceux qui goûtent tout particulièrement les décalages, écarts, différences, cassures, mélanges (ex: le e compté de Valéry "Mais nulle nymphe nulle amiE ne m'attire" ou la colossale interruption du fecit potentiam du Magnificat de Jean-Sébastien), aux esthètes, vicieux, amateurs de cocktails aux éléments aussi éloignés que l'image rêvée par André Breton, épicuriens, certes, mais tels mystiques ne sont pas exclus, aux pas classiques, pas cadrés, pas taxinomistes. A l'homme-poète quoi ! affectif, réflexif, moderne, patrimonial, religieux, Baiseur.

Vartore-Néoumivakine est en effet l'hybridation majeure de la Russie d'un Dostoïewski et de la France d'un Racine ; du cul retrouvé (avec la grâce subtile et la force nature des vieux blasons) et de Saint-Augustin ; du terroir gaulois et de la culture arabe ; de la rhétorique orthodoxe et de la non-bienséance sereine ; de la naïveté et de la roublardise, on en passe.

Comment nommer cet art combinatoire ? Baroque ? Etymologiquement : perle irrégulière.
Le tout fondu, suprême dialectique, harmonisé. Ca c'est l'élégie. Elégie pure, bucolique, du SAULE (Le Pont de l'Epée, Jeune Poésie IV) ; plus véhémente dans la Cité qui menace (Un pourboire de bruissements) ; du corps féminin ici, elle pose enfin ses "longs habits de deuil". Et l'élégie, nue, bien sûr cesse de pleurer et contrister ; Vartore la fait jubilatoire.

Guy CHAMBELLAND

(Extrait de la préface à Blasons du corps de l'âme, Le Pont de l'Epée, 1979).

L'élégie dans la ZUP. Fédor Dostoïevski cocktaillé avec Jean Racine. Étonnant de finesse et de contestation. Deux grands livres, chez moi: Un pourboire de bruissements et Blasons du corps et de l'âme.

Guy CHAMBELLAND

(Revue Les Hommes sans Épaules).


A lire : Poussières (éd. Chambelland, 1973), Svaha ! (éd. Chambelland, 1973), Un pourboire de bruissements (éd. Chambelland, 1975), Secrets d’almanach (Éditions de la Citrouille, 1975), Blasons du Corps et de l’Âme (éd. Chambelland, 1979), Le cœur me titube (Éditions des Oirées, 2001), Frère des naufragés (Éditions des Oirées, 2003).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
René DEPESTRE, Roger KOWALSKI, les éditions GUY CHAMBELLAND n° 10