Jean HOYAUX

Jean HOYAUX



Jean Hoyaux (né en 1919), issu d'un milieu modeste, est contraint d'arrêter ses études, après avoir obtenu son brevet, pour travailler et assurer sa propre subsistance et celle de sa mère. Il est tour à tour employé dans une compagnie d'assurances, secretaire général de la revue Hommes et mondes, puis responsable culturel et associatif. Féru d'art et de poésie, Jean Hoyaux écrit très tôt des poèmes, influencé par le surréalisme. En 1936, il compte parmi les fondateurs du "groupe du Luxembourg"; soit une assemblée d'adolescents (Jean Parel, Jean Charua, Simone Raynaud, Jeannine Raynaud et Marc Patin) qui se réunissent chaque samedi dans le jardin du Luxembourg, à Paris. Marc Patin (né en 1919), jeune étudiant du Lycée Henri IV, le meilleur ami de Jean Hoyaux, occupe, en raison de son précoce talent poétique, la place centrale au sein du groupe. Marc Patin et Jean Hoyaux rejoignent en 1938 le groupe néo-dadaïste Les Réverbères (fondé par Michel Tapié, Jacques Bureau, Pierre Minne, Henri Bernard et le peintre Jean Marembert), qui édite une revue éponyme, des plaquettes de poèmes (Tristan Tzara, Jean Cocteau…), tout en organisant des expositions de peinture, des concerts de jazz (auxquels se joindra Django Reinhardt) et des représentations théâtrales (Guillaume Apollinaire, Georges Ribemont-Dessaignes). À la fin de cette aventure néo-dadaïste, Jean Hoyaux rejoint, du moins provisoirement, son ami Marc Patin (qui l'entraîne chez Paul Éluard, chez Pablo Picasso...), au sein du groupe de La Main à plume (dont le nom se réfère à Arthur Rimbaud), un collectif constitué par d’anciens membres, et du groupe surréaliste, et des Réverbères, et qui comprend une vingtaine d’artistes et d’intellectuels. En pleine tourmente nazie, La Main à plume rassemble les forces vives (demeurées en France) du surréalisme et poursuit l’action intransigeante et critique de ce mouvement, en ces temps du terrible et de l'assassinat collectif. Le 26 juillet, Marc Patin est déporté (du travail) en Allemagne. Tous les membres de La Main à Plume sont dispersés. Les deux amis correspondent comme ils le peuvent. Le 20 février 1944, Marc Patin écrit, en déportation, Ecoute !, son dernier poème, dédié à Jean Hoyaux, l'ami de la première heure. Fin février, il contracte une pneumonie et décède subitement le 13 mars, d’une embolie pulmonaire. Pour Jean Hoyaux, la nouvelle est terrible. Il ne s'en remettra jamais. Après guerre, le nom de son ami sera traîné dans la boue par des staliniens. Cela le dégoûtera à jamais de participer à une quelconque aventure éditoriale (il ne publiera qu'en revues) ou collective. Seule exception, la création de la revue (qui ne comptera qu'un seul numéro) Réalité, avec Pierre Reverdy, en 1945. Demeuré fidèle à sa jeunesse, à ses valeurs, à ses idées humanistes, comme à ses amis, Marc Patin, au premier chef, Jean Hoyaux aidera grandement (ainsi que Jeannine Raynaud, devenue Jeannine Fournier), à ce que le poète de "la Femme magique" soit lavé de toutes accusations sordides et réédité en 1992 (Marc Patin, Vanina ou l’Etrangère et Anthologie), au Pont sous l'eau, de Guy Chambelland. Plus tard, en 2004, lorsque je ferai sa rencontre, Jean Hoyaux deviendra un ami des plus chers, m'aidant et m'encourageant dans mes travaux sur Marc Patin (Christophe Dauphin, Marc Patin, le surréalisme donne toujours raison à l’Amour, éd. Librairie-Galerie Racine, 2006). Jean Hoyaux est décédé en 2007. Il a été inhumé au cimetière Bourgil, à Montplaisir, Tunis.

Christophe DAUPHIN

(Revue Les Hommes sans Épaules).

 

A travers les forêts saccagées

des lambeaux de tempêtes y témoignent du sang

 

Nous ne sommes pas venus

pour pleurer dans vos déserts de folie

Nous ne sommes pas venus

mendier les miettes de votre pitié

les loups sont plus tragiques et plus beaux que les chiens

(..)

Vous n'avez pas coupé nos ailes

et le soleil revient dans quelques heures.

 

Jean HOYAUX

 

(extrait du poème Marche au supplice,

in revue Géographie Nocturne, La Main à plume (édition clandestine), septembre 1941).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : MARC PATIN et le surréalisme n° 17