Jules PRAZANTES
Jules Prazantès, né en 1960, vit en Argentine, dans le voisinage de Jorge-Luis Borges, Roberto Juarroz et Juan Gelman. Il a longtemps retenu son expression poétique pour favoriser une activité professionnelle intense. Sa poésie naît de l’élévation des éléments naturels, une spiritualité qui demande audience à la lumière, l’investigation d’un désarroi entre ciel et Terre, l’humour comme invité intermittent, pour déboucher sur une célébration des merveilles comme des fatalités, un souci d’or à peine, un charme.
S’il publie tardivement son premier livre, qui est absolument remarquable, une pépite, Jules Prazantès fait preuve d’une grande pratique de la poésie contemporaine, dont il semble un grand lecteur et fin connaisseur, à travers de pertinentes citations d’Alain Borne, de Luc Bérimont, Jean Malrieu, Gaston Puel ou de Roger Kowalski. Qui est capable aujourd’hui de citer ces immenses poètes qui nous ont chers ? Pour le reste, nous n’en savons pas davantage à son sujet.
Prazentès est aussi mystérieux que ne l’est sa poésie, à laquelle Odile Cohen-Abbas consacre une longue note dans la rubrique « Avec la moelle des arbres » de ce numéro des HSE. Odile écrit : « Quel ordre étrange, quel cadre invisible Jules Prazantès donne-t-il à sa poésie qui relève de l’extrinsèque et de l’introspectif, d’un savoir-faire, d’un savoir-ordonner si inhabituel qu’on le dirait doué d’un répertoire, d’une sémantique supplémentaires. S’insère dans ce tableau désencadré une première ode à la pluie, à l’innocence, à l’intégrité de la pluie sans bavure du monde et de ses fausses apparences. Un désir de décollement s’amorce, qui prend naissance dans l’humidité même de la langue et des mots.
C’est dans ce décollement et l’espace qu’il parcourt, où se coulent l’attachement et le détachement de l’amour, que se trouve peut-être l’idée d’une expérience plénière, d’une présence rénovée au réel. Départs multiples, étonnements généreux vers le ciel ou au sommet de l’arbre « souvent nous montons sur l’arbre qui reconnait nos mains et nous dépouille du sol », pourvu que ce décollement transitoire ait lieu, et s’inscrive telle une tangente plus subtile, plus individuée, aux forces consommées du mouvement. C’est un monde solidaire qui s’ouvre dans la perspective du poète, un camaïeu intense d’affinités et de complicités. »
Karel HADEK
(Revue Les Hommes sans Epaules).
À lire : Bel Arbre, si tu ne t’étais pas penché (éd. Librairie-Galerie Racine, 2023).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
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Dossier : Yusef KOMUNYAKAA & les poètes vietnamiens de la Guerre du Vietnam n° 56 |