Lêdo IVO

Lêdo IVO



Lêdo Ivo (Maceió, AL, 1924 - Seville, Espagne, 2012) suit les cours primaires et secondaires dans sa ville natale. En 1940, il s’installe à Recife où il prend contact avec le groupe rassemblé autour du peintre et écrivain Vicente do Rego Monteiro et de l’essayiste Willy Levin, qui l’informe sur les avant-gardes européennes, en particulier le surréalisme. En 1943, il s’installe à Rio de Janeiro où il s’inscrit à la Faculté de Droit de l’Université du Brésil. Il collabore à des suppléments littéraires et travaille comme journaliste.

En 1944, il fait ses débuts en poésie avec As Imaginações, « Les imaginations ». L’année suivante, il publie Ode e Elegia, « Ode et Élégie », qui reçoit le prix Olavo Bilac de l’Académie Brésilienne des Lettres. En 1945, il épouse Maria Lêda. La même année, il obtient son diplôme en Droit et donne une conférence au Musée d’Art Moderne de São Paulo, sur la Génération 45. Son livre Acontecimento do Soneto, « Événement du Sonnet », considéré comme l’une des œuvres majeures de la Génération 45, est imprimé par son ami João Cabral de Melo Neto, sur sa presse manuelle, à Barcelone, en 1948. L’année suivante, il publie Cântico, « Cantique », dédié à son épouse.

Entre 1953 et 1954, Ivo vit à Paris, une expérience qui marque certaines de ses œuvres comme Um brasileiro em Paris « Un Brésilien à Paris » et O rei da Europa « Le roi de l’Europe », publiées en 1955. En 1963, à l’invitation du gouvernement des États-Unis, il donne des conférences dans ce pays et écrit Estação Central, « Gare Centrale », publié l’année suivante. Les années 1970 voient la publication de deux de ses œuvres les plus importantes : le recueil de poésie Finisterra, « Finistère » (1972) et le roman Ninho de cobras, « Nid de serpents » (1973), tous deux fortement marqués par les souvenirs de son pays natal d’Alagoas.

En 1986, il est élu à l’Académie Brésilienne des Lettres. En 2004, il publie Poesia Completa, « Poésie Complète », dédié à Maria Lêda. Sous l’inspiration de la perte de celle-ci, Lêdo Ivo compose en 2008 le long poème Réquiem, récompensé par le Prix Casa de Las Americas en 2009. Il décède en 2012 au cours d’un voyage en Espagne. Lêdo Ivo est considéré comme un des poètes les plus représentatifs de la Génération 45.

Comme d’autres poètes de ce mouvement, Lêdo Ivo revient à des formes poétiques fixes, comme le sonnet, tout en restant libre et très personnel. Pour lui, la poésie est une invention de mots, « une opération verbale destinée à dissimuler la vie personnelle, générant une mythologie particulière qui remplace la vérité triviale de l’existence ». Son abondante production poétique présente toutefois une grande variation de formes (du sonnet au haïku), de styles et de thèmes. Lêdo Ivo a par exemple hérité du surréalisme la facilité de rassembler étrangement les mots, de susciter de nouveaux effets, de révéler des beautés inconnues, d’enrichir la capacité d’expression du langage. Son œuvre Finisterra, qui bénéficie de toute l’expérience accumulée par l’écrivain, intègre à la fois la revisitation du lieu d’origine, la critique sociale et l’investigation métaphysique. Lêdo Ivo fut aussi un traducteur des œuvres de Jane Austen, Guy de Maupassant, Arthur Rimbaud, Fiodor Dostoïevski et Albrecht Goes, et l’auteur d’anthologies, romans, essais, chroniques et contes pour enfants.

Oleg ALMEIDA et Philippe MONNEVEUX

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
DOSSIER : La poésie brésilienne, des modernistes à nos jours n° 49