Oswald DE ANDRADE

Oswald DE ANDRADE



José Oswald de Souza Andrade (São Paulo, SP, 1890-1954), romancier, dramaturge et poète, est l’un des principaux théoriciens du modernisme, auteur de ses deux manifestes essentiels, le Manifeste de poésie Pau Brasil (1924) et le Manifeste anthropophage (1928), qui prônent la recherche des origines indigènes de la nation brésilienne et l’appropriation de leur force primitive, seule à même de libérer le pays de la domination culturelle extérieure (« Avant que les Portugais ne découvrent le Brésil, le Brésil avait découvert le bonheur » peut-on lire dans le Manifeste anthropophage).

Il a également contribué au développement du mouvement par ses nombreuses apparitions et provocations publiques. Oswald de Andrade débute dans le journalisme en 1909, par une collaboration à la rubrique Teatros e salões, « Théâtres et salons » du journal Diário popular, « Quotidien populaire ». En 1911, il fonde l’hebdomadaire satirique O Pirralho, « Le morveux ». L’année suivante, il parcourt l’Europe où il entre en contact avec le futurisme de Marinetti et l’art primitif dont s’inspirent les cubistes.

En 1916, il publie les pièces de théâtre « Mon Cœur Balance » et « Leur Âme », écrites en français en collaboration avec Guilherme de Almeida. En 1920, il fonde avec Menotti Del Picchia le magazine Papel e Tinta, « Papier et Encre », auquel collaborent des intellectuels d’avant-garde modernistes comme Mário de Andrade. Au cours des années 1920, il séjourne régulièrement à Paris avec sa compagne Tarsila do Amaral.

De 1930 à 1935, il partage sa vie avec Pagu (pseudonyme de Patrícia Galvão), romancière, poétesse, traductrice et journaliste, militante communiste et féministe, coéditrice en 1931, avec lui, du journal politico-satirique et antifasciste O Homem do Povo, « L’Homme du Peuple » et auteure du premier roman prolétarien publié au Brésil, Parque industrial, « Parc industriel » (1933).

En 1931, il devient membre du Parti Communiste Brésilien et s’oppose à l’intégralisme et à la dictature de l’Estado Novo. Son engagement politique se traduit dans ses romans dont Serafim Ponte Grande, « Séraphin Grand-Pont » (1933), et ses pièces de théâtre, dont O rei da vela, « Le roi de la chandelle » (1937). Après sa rupture avec le parti communiste en 1945, il se dédie à une réflexion théorique sur le modernisme et l’anthropophagisme, avec en particulier la série d’articles intitulée A marcha das utopias, « La marche des utopies » (1953).

La poésie d’Oswald de Andrade, qui valorise la vie quotidienne et le progrès, est sobre, syncopée, pleine d’images inattendues d’humour et de bonne humeur. Elle se caractérise par l’utilisation du vers libre, l’énumération aléatoire d’idées et l’utilisation de mots « antipoétiques », l’absence de ponctuation et la réduction des frontières entre poésie et prose. Elle recourt fréquemment aux techniques de montage en vue de pousser le lecteur à quitter l’état de contemplation et à participer à la construction du sens. Oswald de Andrade est également à l’origine du « poème-pilule », forme poétique extrêmement synthétique qui condense le sens en un minimum de mots.

Oleg ALMEIDA et Philippe MONNEVEUX

(Revue Les Hommes sans Epaules).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
DOSSIER : La poésie brésilienne, des modernistes à nos jours n° 49