Titos PATRIKIOS

Titos PATRIKIOS



Titos Patrikios (né en 1928) a connu la prison, les camps et l’exil hors de Grèce. Lui aussi, comme Alexandrou, fut déporté à Makronissos, puis à Aï Strati, en raison de ses engagements aux côtés des forces de gauche. Il restera dans les camps trois ans, de 1951 à 1954, puis en résidence surveillée à Athènes avant de pouvoir s’installer en France en 1961.

Mais de ces années de tourmentes et même de tortures, Patrikios a su se libérer. « On ne fait pas un fonds de commerce de ses souffrances et de ses prisons » aurait pu être sa devise. Non qu’il soit resté silencieux sur ces années-là – les textes cités plus loin en témoignent – mais il n’a pas voulu, en abdiquant la possibilité de devenir un écrivain et un poète heureux, donner une nouvelle victoire à tous ses anciens tortionnaires. Quand je l’ai connu, il relatait précisément cette terrible expérience dans deux recueils de poésie, Appren-tissage et Arrêt facultatif. J’emploie le mot « relater », mais en fait son écriture transforme, transmue l’immédiate expérience de la désolation pour en faire une mémoire solidaire et non plus solitaire.

Avec Altération, paru en 1989, il se dégage entièrement de ce sillage et livre de magnifiques poèmes en prose qu’on pourrait appeler des proèmes – selon le beau titre d’un recueil de Francis Ponge – tant ils mêlent intimement la prose et la musique de la langue.

Jacques LACARRIÈRE

(Revue Les Hommes sans Epaules).

A lire (en français): Apprentissage, traduction par Michel Volkovitch, (Ed. Desmos/cahiers grecs, 1996).

Photographie: Portrait de Titos Patrikios par danilo De Marco. D. R.



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules


 
Dossier : Jacques LACARRIERE & les poètes grecs contemporains n° 40