Yves NAMUR
Yves Namur est né à Namur (Belgique) en 1952. Médecin, éditeur, il est également l’auteur d’une trentaine d’ouvrages. Parmi ceux-ci, Les ennuagements du cœur (Lettres Vives, 2004) ou La Tristesse du figuier (Lettres Vives, 2012). Ses livres ont reçu de nombreux prix parmi lesquels le Louise-Labé, le Tristan-Tzara, le Prix littéraire de la Communauté française, le Prix international Eugène-Guillevic pour l’ensemble de son œuvre et le Prix-Mallarmé 2012 pour La Tristesse du Figuier. Yves Namur est membre de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique.
Très loin de la sécheresse où aurait pu aboutir la rigueur de la méditation, la poésie d’Yves Namur révèle un discret lyrisme, l’éclairement de la pure émotion, l’engagement et le partage de l’âme aimante. Ce poète qui ne cesse de douter des pouvoirs de sa langue et de sa parole est justement l’un de ceux qui font passer le plus de vérité d’entre les mots et les lignes. Ayant tourné le dos à la pratique, devenue si courante, de l’éparpillement du vocabulaire, c’est par le resserrement du « champ lexical » qu’Yves Namur redonne force aux mots qu’il fait éclore dans une ambiance de rareté ; et tout d’abord à quelques-uns de ces archétypes qu’on aurait crus hors d’usage après le recours abusif qu’y ont eu les siècles : Yves Namur nous entretient de « l’oiseau », de « l’arbre », de « l’abeille » et de quelques autres qui, à l’instant, nous parlent comme plus neufs qu’ils ne furent jamais – « un oiseau s’est posé aujourd’hui sur tes lèvres » : évidence et beauté du simple, amoureusement alerté, que cet incipit du livre d’élégies Les Lèvres et la soif ! Et que dire de « la rose », omniprésente dans les poèmes d’Yves Namur ? Chargée de ses innombrables symboles accumulés au cours des temps, mais s’en trouvant tout à coup miraculeusement dégagée, nous apparaît – neuve, mystérieuse, essentielle – celle que Namur avait dès longtemps nommée « la rose obscure » : « Alors/ Il sera peut-être temps que le poète parle/ De la rose ensevelie.// De cette rose inépuisable/ Et pourtant bien réelle. »
Paul FARELLIER
(Revue Les Hommes sans Epaules).
A lire : Soleil à l'échafaud, La Dryade, 1971 ; Aux champs des écoliers, essai, Pierre Rochette, 1973 ; Meule de pierre, Atelier la Soif étanche, 1975 ; De mémoire inférieure, Art et Poésie, 1975 ; Papier journal pour myope et saxophone, Le Dé bleu, 1975 ; Lampes/Langue du borgne, Atelier la Soif étanche, 1976 ; Des ossements, Atelier la Soif étanche, 1976 ; Le Voyage, l'obscène, L'Arbre à paroles, 1984 ; L'Amante, nouvelles, L'Impatiente, 1990 ; Fourrures de fourmis, L'Impatiente, 1990 ; Ce long bavardage, L'Arbre à paroles, 1990 ; Le Voyage en amont, L'Arbre à paroles, 1990 ; L'Oiseau et l'effacement du jour, Cahiers Froissart, 1990 ; Trente-trois poèmes pour une petite cuisine bleue, L'Arbre, 1991 ; La Parole oubliée, Le Charbon blanc, 1991 ; Lettres à une autre, La Bruyère, 1991 ; De fines bandelettes ou le domaine de l'oiseleur, Le Charbon blanc, 1991 ; Fragments de l'inachevée, Les Éperonniers, 1992 ; Le Livre des sept portes, Lettres vives, 1994. ; Le regard est le nom de l'arbre ou le poème, Les Moires, 1996 ; Une parole dans les failles, Phi, 1997 ; Figures du très obscur, Phi/Écrits des Forges, 2000 ; Le siècle des femmes, anthologie avec Liliane Wouters, Les Éperonniers / Phi, 2000 ; Le Livre des apparences, Lettres Vives, 2001 ; La Petite Cuisine bleue, Phi/Écrits des Forges, 2002 ; Demeures du silence, Écrits des Forges/Phi, 2003 ; Les Ennuagements du cœur, Lettres Vives, 2004 ; Dieu ou quelque chose comme ça, prose, Lettres Vives, 2008 ; La Tristesse du Figuier, Lettres Vives, 2012 ; Un poème avant les commencements, Le Taillis Pré/Le Noroît, 2013 ; Ce que j’ai peut-être fait, Lettres Vives, 2013 ; Les lèvres et la soif, élégies, Lettres Vives, 2016.
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
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