Claudine BOHI

Claudine BOHI



Chez Claudine Bohi (née en 1947), la poésie, dans ses émotions de corps et d’esprit, se situe aux frontières d’une sorte de «gnose» : en une langue très épurée et avec la plus sereine simplicité, une «connaissance», un «savoir» sont offerts, tirés de l’expérience poétique vivante. L’auteur ne cesse de parier pour un absolu, y compris dans l’éblouissement charnel de ses débuts poétiques. Dès son premier livre, Car la vie est cerise téléphone à ton arbre, le grave sensuel et lumineux du poème nous place au cœur de l’Éros féminin, en cette catégorie première de l’être: « l’être-femme ».

De même, dans les proses très fluides d’un deuxième ouvrage, Le Nom de la mer, la femme se donne à la mer par élan cosmique, tandis que la mer, vibrée de certitudes, offre au corps une sorte de nudité surnaturelle où peuvent même réapparaître les figures fondamentales de la mort et de la peur. Le corps n’est plus seulement cet attribut de l’individuation; répandu dans l’entière nature, il rejoint l’Un par le multiple. Est ainsi vécue en poésie l’expérience d’une intériorité où le corps occupe une place certes éminente, mais pure de toute complaisance et entendue comme une conscience développée dans la chair pour les fins de la connaissance. Une telle expérience a tout naturellement conduit le poète à se mesurer avec les deux arbitres inflexibles que sont le surmoi et la mort. En risquant une simplification sans doute excessive, on peut, à la lumière [des] récentes publications, donner de cette œuvre l’image d’une chaîne à trois maillons successifs : La chair parle – La parole aime – L’amour veut. La chair parle en effet dans cette œuvre ; la parole y émane de l’intérieur; elle n’est en rien reflet des formes extérieures. Certes nous restons en poésie, et la nomination continue d’obéir au penchant naturel, à l’élan constitutif de toute translation poétique, entendons ce déplacement/dévoiement de la relation signifiant/ signifié.

Claudine Bohi, voix essentielle, a publié à plusieurs reprises, tant dans la 2ème que dans la 3ème série des HSE. Elle a notamment été présentée (par Paul Farellier), dans la rubrique « Une Voix, une œuvre », dans Les HSE 27, 3ème série, 2009.

Paul FARELLIER

(Revue Les Hommes sans Épaules).

À lire : Car la vie est cerise téléphone à ton arbre (Le Pont de l’Épée, 1983), Le nom de la mer (Le Pont de l’Épée, 1987), Divan (Le Pont sous l’eau, 1990), Le mensonge de l’aile (Librairie-Galerie Racine, 1998), Atalante, ta course (La Bartavelle), L’ange fraudeur (La Bartavelle, 1999), Une saison de neige avec thé (Le Dé bleu, 2004), La plus mendiante (Le bruit des autres, 2007), Voiture cinq quai vingt et un (Le bruit des autres, 2008), Même pas suivi de On n'en peut plus(Le bruit des autres, Prix Aliénor 2010), Avant les mots (Po&psy, 2012), On serre les mots (Le bruit des autres, 2013), L’Œil est parfois rétif (Le bruit des autres, 2013), Naître c’est longtemps (La Tête à l’envers, 2018, Prix Mallarmé), Mettre au monde ((L'Herbe qui tremble, 2020),L’Enfant de neige (L'Herbe qui tremble, 2020).



Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules




Renée BROCK, Thérèse PLANTIER, Jean-Claude VALIN n° 1

Numéro spécial : Hommage à GUY CHAMBELLAND n° 7

Dossier : LES POETES DANS LA GUERRE n° 15



 
Numéro Spécial GUY CHAMBELLAND POETE DE L'EMOTION n° 21

Dossier : ATTILA JÓZSEF et la poésie magyare n° 27