Les Hommes sans Épaules


Renée BROCK, Thérèse PLANTIER, Jean-Claude VALIN

Numéro épuisé
Numéro 1
85 pages
Premier semestre 1997

Sommaire du numéro



Editorial : Braise en attente d'un souffle, par Jean BRETON

Les Porteurs de Feu : Poèmes de Renée BROCK, Thérèse PLANTIER, Jean-Claude VALIN

Ainsi furent les Wah : Poèmes de Yann APPERRY, Claudine BOHI, Francine CARON, Christophe DAUPHIN, Dominique JOUBERT, Annie LE GALL

Dans les cheveux d'Aoûn : proses de Jean BRETON, Jean DUBACQ, Françoise VALENCIEN, Jocelyne CURTIL, Thomas TURNEDFISH

Avec la moelle des arbres: Notes de lecture de Paul FARELLIER, François HUGLO, Francine CARON

Présentation

"La revue Les Hommes sans Epaules renaît une nouvelle fois, non de ses cendres, mais d'une braise en attente d'un souffle. Nous sommes toujours dans une "guerre du feu". La tribu préhistorique des Hommes sans Epaules avait élu en son sein la poésie comme force essentielle... Cette revue, nous la voulons au service de la poésie tout entière, sans esprit de chapelle. elle sera ouverte. Il s'agira de récapituler le meilleur, de découvrir des talents, forts de la richesse de l'expérience accumulée... Les Hommes sans Epaules accueilleront largement la prose de qualité, la réflexion et des informations sur la poésie elle-même, sous forme d'essais, de chroniques, de notes de lecture..."

Jean Breton

(extrait de l'éditorial, in Les Hommes sans Epaules n°1, 1997.

 



Revue de presse

Lectures :

Le dossier ce numéro, coordonné par Christophe Dauphin, est consacré à quelques poètes à Tahiti. Il commence par une longue introduction de Christophe Dauphin qui s’attaque aux malentendus les plus tenaces concernant la Polynésie française, ses peuples, ses cultures, de la structure de la société traditionnelle à la fonction des tatouages. Il résume en quelques dates qui sont surtout des repères, une histoire complexe que nous voulons linéaire quand elle obéit à d’autres modèles du temps.

Cinq auteurs ont été retenus pour ce dossier, nés en Tahiti ou venus en Tahiti pour des raisons diverses et marqués puissamment par ce monde qui ne cherche pas à contraindre la nature : Teuira Henry, Henri Hiro, Flora Aurima-Devatine, Loïc Herry, Alain Simon.

L’ouvrage le plus célèbre de Teuira Henry (1847 – 1915) est Ancient Tahiti. Il demeure l’ouvrage de référence sur l’histoire des îles de la Société rassemblant des matériaux précieux pour la compréhension des mythes tahitiens.

Henri Hiro (1944 -1990), fondateur de la littérature, du théâtre et du cinéma polynésien contemporains fut un grand acteur de la recherche et de l’expression des racines.

Flora Aurima-Devatine, née en 1942 sur la presqu’île de Tahiti démontra l’expérience et l’intérêt d’une littérature polynésienne française. Elle milita notamment pour le droit des femmes et ce combat imprègne son œuvre littéraire.

Alain Simon (1947-2011) est né en Bretagne. Il demeura quinze années à Tahiti où il livra les plus belles parts de sa poésie.

 

Océan parfait au goût de câpres

          Comme le vrai fâfaru

          Encore faut-il déchiffrer

          La souffrance au ras des vagues

          Si l’écume mène le monde

          Encore faut-il savoir marcher sur l’eau –

          Le guerrier désire-t-il la paix

          Le sage mange-t-il toujours de la terre

          Avant de pénétrer la femme

          Dessiner le grand cercle

          Mourir encore une fois –

          Toi la mémoire est prête

          Tu peux tendre tes titis

          Faire mousser la bière

          Dans le sillage exact du grand requin

          Nageuse de combat

 

Loïc Herry (1958-1995) est né à Cherbourg. C’est par amour qu’il gagne Tahiti en 1994. Sa poésie mêle son amour et la rencontre lucide avec l’île.

 

je ne suis pas venu voir la Polynésie

          je n’ai pas vu Tahiti

         

          j’ai simplement visité la Beauté

          une jeune beauté brune aux

          courbes dansantes aux mains longues

 

          enfin s’est chiffonnée dans mon poing

          toute cette page du Pacifique qui

          nous séparait

 

          et l’espace qui ombrait

          le souvenir de ton rire

          s’est enflammé

          saveur de ta peau

          saveur de tes mots

          Cythère ô Christel

          si le jus de l’ananas coule de tes lèvres

          c’est le goût de la vie qui m’envahit

 

          je ne suis pas venu voir Tahiti

          je suis venu m’asseoir sur la terrasse

          Avec toi

 

 Rémi BOYER (in incoherism.wordpress.com, avril 2019).