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CHRISTOPHE DAUPHIN
Poète de l'Émotivisme, essayiste et critique littéraire, Secrétaire général de l'Académie Mallarmé, Christophe Dauphin (né le 7 août 1968, à Nonancourt, dans l'Eure) est directeur de la revue Les Hommes sans Épaules.
Entretien de Christophe Dauphin avec Adeline Baldacchino (in revue-ballast.fr)
Entretien de Christophe avec Gwen Garnier Duguy (in recoursaupoème.fr)
Christophe Dauphin par Guy Allix, sur MEDIAPART.
Portrait de Christophe Dauphin, par Marie-France Escofier (in Paris Normandie).
Interview (2011) de Christophe Dauphin par Philippe Goudé, au journal TV de FRANCE 3
Christophe Dauphin dans Ce soir ou jamais, de Frédéric Taddeï, FRANCE 3, le 30 novembre 2006.
Interview de Christophe Dauphin par André Velter, Poésie sur Parole, France Culture, 18 mai 2002.
L'Homme est une île ancrée dans ses émotions (extrait de la pièce par la compagnie Erinna)
" De la poésie comme extase", par Christophe Dauphin
Dossier Christophe Dauphin dans la revue Possibles n°2, revue de poésie en ligne
Christophe Dauphin est né le 7 août 1968, à Nonancourt, dans l’Eure. À l’enfance normande succède une adolescence tumultueuse dans la banlieue ouest de Paris. Au tout début des années 1970, le bidonville qui « siégeait » au pied de la tour qu’il habitait avec ses parents lui fit tôt prendre conscience de l’injustice sociale. Christophe Dauphin écrit ses premiers poèmes en 1985, dans la cité des Fossés-Jean, à Colombes.
En novembre 1986, alors étudiant, il prend part aux manifestations étudiantes et lycéennes contre le projet de loi dit Devaquet. Dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, des voltigeurs motocyclistes de la police française passent à tabac un jeune homme, Malik Oussekine, qui meurt de ses blessures. Christophe Dauphin, marqué par les évènements, se trouvait non loin ce soir-là, rue Racine, devant la librairie du poète Guy Chambelland, qui devait devenir son ami trois ans plus tard.
Au sortir du service militaire, où l’on ne partagea pas ses idées, Christophe Dauphin fait, en 1989, la rencontre déterminante de Jean et Alain Breton, puis celle d’Henri Rode. Déjà marqué par le surréalisme (dont il épouse la révolte et la quête de merveilleux), il se sent d’emblée très proche des poètes de « La Poésie pour vivre », qui l’accueillent aussitôt parmi eux et publient ses premiers poèmes. Ses amitiés portèrent donc Christophe Dauphin vers Jean et Alain Breton, Henri Rode, Guy Chambelland, Yves Martin, Claude de Burine, Albert Ayguesparse, Jean Rousselot et Sarane Alexandrian, figure historique du surréalisme. Henri Rode - poète capital de la « Poésie pour vivre », put écrire (in La Bartavelle, 1996) : « On peut dire que, très tôt, Christophe Dauphin a senti la poésie bouillonner en lui, fusant dans son sang et le poussant à s’insurger et à s’extasier, tour à tour, devant les atrocités ou les beautés du monde. La poésie est sa pierre de touche, le tremplin pour repartir, le contraire des bâillons imposés par la société. À ses yeux, elle se confond avec le regard des hommes qui éveillent le monde, qui ont le besoin vital de le réinventer. Christophe Dauphin, adolescent, a senti qu’aimer la poésie, la vivre, rejoint une nouvelle morale terrestre. Chez lui, dans sa vendange des passions, les fluides d’une ébriété élue, nourris par son néo-romantisme, nous emportent du désir à la rage. La clairvoyance de Christophe Dauphin, serait-ce sur le plan social, n’est jamais au détriment des pulsions intimes, ni d’une générosité plus forte. »
Christophe Dauphin a défini sa démarche par le terme d’« émotivisme » (in revue Supérieur Inconnu n°3, 2006), qui est une sensibilité (dont il a dressé l’anthologie de référence avec Les Riverains du feu, 2009) et un courant poétique, né au contact de deux pôles majeurs de la création poétique contemporaine ; dans La Poésie pour vivre, tout d’abord et le surréalisme. Selon l'Émotivisme de Christophe Dauphin, le langage est un regard qui voit avec les mots. La poésie est profondeur, arrachement intérieur, expérience cruciale de solitude pour mieux rejoindre l’autre ; elle s’oppose toujours au paraître. Écrire un poème revient à fracturer la réalité intérieure. L’homme est un abîme. Ses émotions sont des brèches. L’abîme ne devient visible que dans chacune de ses brèches. Ce qu’a confirmé Sarane Alexandrian en écrivant (in préface à Christophe Dauphin, Totems aux yeux de rasoir, 2010): « Christophe Dauphin écrit des poèmes comme on élève des barricades, pour défendre contre les envahisseurs barbares la cité des rêves. Il frappe fort, en tordant le cou au lyrisme afin d’obtenir des effets plus grands. »
Christophe Dauphin est aujourd’hui directeur de la revue Les Hommes sans Épaules. Parallèlement à son œuvre de création, Christophe Dauphin a écrit de nombreux articles critiques et théoriques, ainsi que des essais consacrés à la poésie contemporaine.
Dans ses essais, Christophe Dauphin tente toujours de dépasser le strict cadre biographique pour atteindre et mettre en relief le cœur même de la vie et de l’œuvre dégagée de toutes légendes au profit d’une vérité qui gratte la pellicule des anecdotes.
Christophe Dauphin est l’auteur de deux anthologies: Les Riverains du feu, une anthologie émotiviste de la poésie francophone contemporaine, et Riverains des falaises, une anthologie de la normandité, soit des poètes en Normandie du XIe siècle à nos jours.
Jacques ARAMBURU
(Revue Les Hommes sans Epaules)
Œuvres :
Poésie : Horizons de notre temps (Le Milieu du Jour, 1990), La Nuit en équilibre (Le Milieu du Jour, 1993), Lieu-dit de l'amour (Le Milieu du Jour, 1993), Les Vignes de l'ombre, préface d'Henri Rode,(La Bartavelle, 1996), Kakos (Les Dits du Pont, 1997), Le Cinquième Soleil, postface d'Henri Rode, (La Bartavelle, 1999), Désert de proie (La Lucarne ovale, 1999), L'Abattoir des étoiles, préface de Jean Rousselot, (Librairie-Galerie Racine, 2002), La Banquette arrière des vagues, dessins d'Alain Breton, (Librairie-Galerie Racine, 2003), René Iché, l'ultime décade (Librairie-Galerie Racine, 2006), Le Gant perdu de l’imaginaire, choix de poèmes 1985-2006, préface d'Alain Breton, (Le Nouvel Athanor, 2007), Thérèse, postface de Sarane Alexandrian, (Rafael de Surtis, 2006), Totem Normand (Maison de la poésie de Haute-Normandie, 2009), Totems aux yeux de rasoir, poèmes 2001-2008, préface de Sarane Alexandrian, (Librairie-Galerie Racine, 2010), L’Homme est une île ancrée dans ses émotions (Librairie-Galerie Racine, 2010), L'ombre que les loups emportent, poèmes 1985-2000, préface de Jean Breton, dessins de Lionel Lathuille (Les Hommes sans Epaules éditions, 2012), Un fanal pour le vivant, Poèmes décantés (Les Hommes sans Epaules éditions, 2015), Prix ROGER-KOWALSKI des lycéens 2015, prix de poésie de la Ville de Lyon, Totem normand pour un soleil noir, orné par Alain Breton (Collection Peinture et Parole, Les Hommes sans Epaules éditions, 2020).
Essais : James Douglas Morrison ou La Nuit du Lézard (L’Acanthe, 2001), Jacques Simonomis, l'imaginaire comme une plaie à vif (Librairie-Galerie Racine, 2001), Jean Breton ou la Poésie pour vivre (Librairie-Galerie Racine, 2003), Verlaine ou les bas-fonds du sublime (éd. de Saint-Mont, 2006), Sarane Alexandrian ou le grand défi de l’imaginaire (L’Âge d’Homme, 2006), Marc Patin, le surréalisme donne toujours raison à l’amour (Librairie-Galerie Racine, 2006), Jean Breton, ou le soleil à hauteur d’homme (Les Hommes sans Épaules, 2007), Lucien Coutaud, le peintre de l’Éroticomagie (Rafael de Surtis, 2009), Jacques Hérold et le surréalisme (Musée Cantini, Silvana éditoriale, 2010), Henri Rode, l’émotivisme à la bouche d’orties (Les Hommes sans Épaules, 2010), Ilarie Voronca, le poète intégral (Rafael de Surtis/Editinter, 2011), Jean Rousselot, le poète qui n'a pas oublié d'être (éd. Rafael de Surtis, 2013), Comme un cri d'os, Jacques Simonomis (Collection Le Cri d'os, Les Hommes sans Epaules éditions, 2015), Lucie Delarue-Mardrus, la princesse Amande, livre numérique (www.recoursaupoemeediteurs.com Recours au poème éditeurs, 2015), (avec Anna Tüskés) Les Orphées du Danube, Jean Rousselot, Gyula Illyés et Ladislas Gara, suivi de : Lettres à Gyula Illyés, par Jean Rousselot (Rafael de Surtis/Editinter, 2015), Patrice Cauda, je suis un cri qui marche (Les Hommes sans Épaules éditions, 2018), Virginia Tentindo, les mains du Feu sous la cendre, avec Odile-Cohen-Abbas (Les Hommes sans Epaules/Rafael de Surtis, 2021), Surréalisme et littéérature (21bis Mirabeau, Département des Bouches du Rhône, 2021), DERRIÈRE MES DOUBLES (Jean-Pierre Duprey & Jacques Prevel), Chronique des poètes de l'émotion 1, préface de Gérard Mordillat (Les Hommes sans Epaules éditions, 2021),
Anthologies : Les Riverains du feu, une anthologie émotiviste de la poésie francophone contemporaine (Le Nouvel Athanor, 2009), Riverains des falaises, anthologie des poètes en Normandie du XIe siècle à nos jours (éditions clarisse, 2010), Appel aux riverains, Les Hommes ans Epaules anthologie 1953-2013 (Les Hommes sans Epaules éditions, 2013).
TOTEM DU VIN NOIR
La rivière
déshabille une femme de pierre
pour en faire un arbre
une ville aux paupières de cigales
que la nuit absorbe dans son vin noir
Ici commence la solitude
qui se joue avec les dés du malbec
comme on jette une fenêtre dans un mur
La solitude
que tu expulses
sur la table d’opération des proverbes
Tombe l’azur
qui simule la mort
L’insecte éphémère
des décombres de la vigne
Cette terre
est une vallée aux serrures abolies
Un causse au talon d’orage
Cette terre
au bout du désert
est le plus vieux pays du soleil
Poète
qui avale le soir
étoile
par
étoile
Seul le regard
te fait homme
Si le feu continue
qu’importe la cendre.
Christophe DAUPHIN
(in Les Hommes sans Epaules n°26, 3ème série, 2008).