Dans la presse

 

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Deux approches critiques

Comme des meilleurs vins millésimés, Paul Farellier a sélectionné pour chaque année écoulée, et depuis 1968, une bouteille de son excellent cru poétique. Publiés ici où là, les textes qu’il nous offre dans cette rigoureuse anthologie sont choisis pour leur représentativité, leur qualité, le goût subtil de leur longévité et, quelque part, leur tendresse donnée au temps qui court.
Choisir un extrait de texte dans cette superbe sélection est dénaturer le message initial car la plupart des poèmes représentés ici le sont dans un contexte pourvoyeur d’instants privilégiés. Chaque âge a son destin, chaque vers son empire.

« cette sorte de voix mate et sans écho,
ce faible cri de lanterne,
une étoile sourde qu’on distingue à peine

au vent venu de la nuit. »

La démarche qui accompagne ce poème fascine, car c’est le regard même que Paul Farellier privilégie entre tous, opérant sur un choix qui importe déjà un choix supplémentaire où ne surnagent, en fin de compte que les seuls grands textes douloureux des « bonnes années », alors qu’il ne reste

« plus rien qu’un soleil ras
pour faucher les pluies glaçantes. »

Un petit livre tendre et pathétique.

Jean CHATARD, note (mars 2009) pour la revue Le Mensuel littéraire et poétique.

 

Paul Farellier est un poète du souffle et de la distance. Ces poèmes naissent du creusement, du travail, de soins et d’attente. Ils maturent dans la grande cuve à poèmes, nous offrant des millésimes qui selon le poète lui-même peuvent varier selon la terre, le soleil, les pluies, l’attention du vendangeur. Quarante poèmes pour quarante années, le choix du poète a dû être bien difficile. Un peu de hasard a pu s’inscrire dans ce choix mais certaines années sont d’une qualité rare et c’est sans attendre que nous devons déguster ces poèmes.
Des instants, des lumières, un regard sur un vécu, l’oiseau qui s’envole, le silence toujours en recherche dans l’œuvre de Paul Farellier, tout cela impose un moment poétique dense et questionnant. « J’écosse la mémoire » écrit le poète qui tente peut-être de ne pas laisser s’égarer le moindre tremblement dans ce que nous pourrions relier à un vers précédent : «Tout le métier d’aimer». C’est que le poème de Paul Farellier ne semble pas vouloir rester dans la solitude même si les apparences sont parfois trompeuses chez ce poète assez secret. Son espace poétique s’appuie sur la réflexion philosophique et métaphysique tout autant que sur les éléments du monde et de la nature accomplissant par son poème une symbiose qui nous conduit à vivre avec lui la matière du monde comme son néant. Ainsi par l’union du paysage et de la lumière comme connaissance d’une finitude acceptée, nous pouvons lire ces très beaux vers :

« il a gelé blanc
                          et la lumière est prise ».

Silence, beauté, lumière, des étoiles que Paul Farellier ne doit plus chercher. Elles nous semblent véritablement atteintes dans ce recueil.

Monique W. LABIDOIRE, in revue Poésie sur Seine, n° 68, printemps 2009.




À propos de L'Île-cicatrice

"Cette conjugaison, cette noce, de la rigueur dans l’expression avec une sensibilité si subtile, c’est rare."

Guy CHAMBELLAND (1986): cité dans Les Hommes sans épaules, n° 21, 2006, p. 40.

"Ce poète sait être dense d’emblée. Peu à peu les poèmes irremplaçables viendront. Déjà de L’ÎLE CICATRICE deux poèmes se dégagent. L’un sur l’hiver :
L’hiver foncier, sachant construire un ciel (page 78).
L’autre sur la nuit :
mais la nuit,/ chargée d’âge et de lenteur
mais le silence au poil ras qu’elle rassemble,
la nuit s’est faite au dernier étage,
dans l’intime des confins (page 82)."

Henri HEURTEBISE, in Multiples, n° 47 (1992), p. 63.

 

 




Critiques

  

" Lisez ce beau recueil qui convie le lecteur à une recherche patiente, là où jour et nuit se mélangent en de curieuses et bouleversantes alchimies, alors que l’instant, par sa fragilité même, ouvre les chemins de la durée: (...) il te faudra te ressaisir, / recommencer contre l’obscurité, / l’amenuiser de son triomphe même, / tenir des promesses précaires. Car il s’agit bien d’un perpétuel recommencement, non sans douleur, mais sans amertume, puisque cette vie quotidienne et menacée doit conduire à sa propre naissance. "

Catherine FUCHS, in La Revue de Belles-Lettres, n° 2, 1995, p. 137.


" Dans les trois parties de cet ouvrage […], Paul FARELLIER se met à l’épreuve, avec une rigueur impitoyable et douce. Être est d’abord descendre en soi, avec certitude et quelque effroi mais c’est aussi en venir à ce point d’acuité qui épouse les choses défaites, jusqu’à délivrer « le flux rapide de l’éternel ». […] Toujours, Paul FARELLIER a un sens aigu des pouvoirs de perception : la moindre vibration libère un sens multiple, une lumière dont l’excès serait mortel. La fin provisoire du chemin, dans la complexité indiscernable, s’émerveille des cris les plus élancés malgré la lancinante prison intérieure. Un secret, terrible, rassurant, veille. "

Gilles LADES, in Friches, n° 45, hiver 1994.




Critique

Jean BRETON, in Les Hommes sans Épaules, 3ème série, n° 10, 1er trimestre 2001, p. 111 :

"Qui sommes nous, sans cesse « en perte de visage » ? Un labyrinthe que le va et vient onirique éclaire d’une lampe de poche. Il y a chez Paul Farellier une pudeur, un refus aussi de toute surenchère verbale. On est lié à un mot à mot presque janséniste. Le poète se défie de la parole qui « tombe en limaille », il veut l’humilité, la clarté, la sécurité du silence ; il aspire au besoin peu répandu de « loger au point aveugle » des choses. D’où son goût pour la nuit – qui va plutôt à l’essentiel. Nous voici alors à fond dans notre « attente », notre perception accrue. Égalisons les vibrations, les contradictions. Scrupule, modestie, lucidité reine, c’est le tremblé de ce trio qui écrit notre identité, même si elle bouge à peine. […] L’homme est guetté par l’effacement du lieu et de l’être qui l’habite. Mais il sera souvent coopté par le regard des « étoiles » et « le cri de beauté » qu’elles nous lancent. Rôde une certitude que le poète, avare de confidences, ne nous livre que de biais : « une voix » saura un jour nous atteindre. On rejoint ici un mysticisme tout de prudence : J’ai rêvé :/ il restait ce carrefour d’éternités »..."




Critique

 

Jeanne MAILLET, in revue L’Estracelle, n° 4 – 2006 :

" On ne saurait imaginer l’auteur de Tes rives finir que vivant dans la nuance, le froissement d’un temps de vivre entre « arbres d’espérance », « alerte de plaisir » et obsession, presque, d’un vide existentiel. D’où ce mouvement de balancier qu’expriment les textes de ce recueil : un pas en avant, on « ose » dire ce qu’on cherche, puis un temps de recul, par crainte d’entendre ce qu’on ne souhaitait pas. Et justement ceci : que les ruines rognent toujours la vie, que les rêves s’effritent ; bref que nous sommes condamnés à être « flagellés d’instants ». Plongée des regards sur les paysages, soupir « lentement soulevé comme un sein de falaise » (la belle, la puissante image !), et l’aube sans reproche, nette, claire, promise où l’imagination se perd, nous sommes entraînés malgré nous par les images comme un troupeau affolé (mais attentif) vers quelque catastrophe imminente. On frémit, on tremble un peu avec le poète de ce manque de certitude, de cette fuite des autres, lui qui souhaiterait tant trouver « pensé de distance » les mots définitifs qui seraient délivrance. Le texte qui clôt l’ouvrage est, nous semble-t-il, explicite et livre même discrètement, la clef de l’énigme : et si « mémoire et souffle » (ce qui nous constitue donc) n’étaient que « longs recommencements » ? Dans les difficiles définitions du temps, ce serait comme une révélation géographique et métaphysique ! Des millénaires de souvenirs ployés comme les strates d’une montagne et l’écho, en infinie résonance ! De quoi égarer le raisonnement et alimenter la « foi ». "

 




Critique

Éliane BIEDERMANN, in revue Friches, n° 93, printemps 2006 :

" Après un hommage au père disparu, l’auteur poursuit l’œuvre de celui-ci qui était peintre, en utilisant les mots sur sa palette de poète. Il le fait avec la délicatesse des artistes d’Extrême-Orient dans une mosaïque de touches légères : « Avant l’heure l’ailée s’éveille, / marche dans son jardin, / remue un peu de lumière. / Il a plu dans la nuit: / les flaques décideront le ciel. » Ici, les lumières de l’aube sur des jardins noyés de pluie font reculer l’ombre de la mort. […] Le mystère de notre identité, mémoire et passé qui se dérobent, hante la poésie de Paul Farellier. L’ombre et le miroir en sont des variantes qui apparaissent d’une manière récurrente. La célébration de la nature, « signe en paradis », et une quête fébrile de soi-même sont les composantes majeures de ce très beau recueil : « Le temps t’aveugle d’images, de reflets, de regards. / Que cherches-tu / sinon ta parole d’ombre ? / Un seuil est là / qu’il te faut déceler, / la demeure de la voix, / le sombre où luira ton silence ». "




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