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2010 – À propos du numéro 29/30

    « Quelle importance si ma roue persévère - Seule et tournant sans fin sa propre fusion - Mon secret plus secret pour moi que pour les autres. - Mon âtre est ailleurs, (p. 165). Ce numéro spécial 29/30 des Hommes sans Épaules est constitué par un gros dossier « Henri Rode, l’émotivisme à la bouche d’orties », avec des essais de Christophe Dauphin et Lionel Lathuille et un important choix de poèmes d’Henri Rode (1917-2004 – voir fiche Wikipédia). »
    Florence Trocmé (Site internet Poézibao, 6 février 2011).

    « Ce numéro 29/30 des Hommes sans Épaules, est un numéro spécial entièrement consacré à Henri Rode, poète "émotiviste" hors du commun à découvrir ou redécouvrir. »
    Lucien Aguié (site d’ARPO, février 2011).

    « Ce numéro 29/30 des Hommes sans Épaules est un numéro spécial consacré entièrement à Henri Rode (1917-2004). Christophe Dauphin le préface deux fois. La première en reprise pour un recueil de 94 : Pandémonium. La seconde beaucoup plus étoffée pour l’œuvre entière (dont une partie reste inédite). Ce qu’on peut retenir sur cette forte étude : L’importance de la ville d’Avignon où le poète vit le jour, une œuvre d’abord romanesque avec des personnages très inspirés par sa famille proche, puis de résistance durant la seconde guerre mondiale, sous la tutelle de Marcel Jouhandeau avant de trouver toute sa puissance dans la poésie, et la rencontre entre autres assez pittoresque d’Aragon, racontée deux fois, avec des extraits toujours passionnants tirés de son Journal impubliable. Il se spécialise dans les chroniques cinématographiques et se rapproche du groupe HSE qui lance en 53 un « Appel aux riverains » et l’on voit toute la filiation que ce mot a pu avoir pour Christophe Dauphin. Celui-ci dresse une parenté pour Henri Rode entre Lautréamont hier et Cioran aujourd’hui. C’est en 80 que le poète publie son œuvre majeure : Mortsexe qui est donnée à la suite de cette analyse fine et complète. (Dessins de Lionel Lathuille). Je crois que j’aime le sexe parce qu’avec la mort il est l’extrême… Oublier que l’orgasme est le meilleur du vivre. Toutes les formes sont déclinées : du poème à l’aphorisme, du récit à l’article, Henri Rode brillait de tous ses feux quel que soit l’enjeu littéraire. Un poète important à découvrir grâce à ce fort volume de 300 pages. »
    Jacques Morin     (Site internet de la revue Décharge, 16 février 2011)

    « Plusieurs tendances, actuellement, se font jour : « la poésie du quotidien », « la poésie émotiviste » marquée par la parution récente d’une Anthologie émotiviste publiée par Christophe Dauphin au Nouvel Athanor, « la poésie engagée » et la poésie néo-classique »… En règle générale, la poésie contemporaine œuvre à hauteur d’homme. Elle témoigne de l’homme et de ses destins difficiles. Certains le font en haut d’une tour, d’autres au fond d’une cave mais, toujours, c’est de l’homme dont il s’agit. En tout cas bien plus de l’homme que des dieux. Certaines revues appuient cette recherche vers le bas ou vers le haut. Elles offrent une chance dans leur diversité : Verso d’Alain Wexler, Diérèse de daniel martinez, Comme en poésie de Jean-Pierre Lesieur, Les Hommes sans Épaules de Christophe Dauphin et Les Cahiers du Sens de Jean-Luc Maxence. »
    Michel Héroult (À L’Index n°19, 2011)

    «  Le numéro 29/30 des HSE, la revue de Christophe Dauphin, est consacré intégralement au poète avignonnais Henri Rode (1917-2004), romancier, journaliste, critique cinématographique (il a publié une biobibliographie d’Alain Delon), poète (la poésie, toujours présente, prendra le pas sur le roman dès sa rencontre avec Jean Breton et d’autres jeunes poètes, fondateurs et animateurs de la revue Les Hommes sans Épaules, à laquelle il collaborera dès sa création en 1953). Christophe Dauphin tisse un long (90 pages), passionné et passionnant portrait de ce poète, touchant au plus juste de ses doutes, engagements, positions, amitiés (Aragon, Nimier, Jouhandeau, ...), douleurs, etc. De larges extraits ponctuent ce portrait inspiré, qui est aussi partiellement celui d’une aventure, celle des HSE. Suivent près de 200 pages de textes, poèmes inédits, extraits du Journal impubliable (La mort, ce dernier rire du sperme), larges extraits de Mortsexe (1980), « son chef-d’œuvre aux déjections d’une violence inouïe », (Patrice Delbourg). Une vingtaine de dessins de Lionel Lathuille ponctuent, en parfaite adéquation, ces pages brûlantes, douloureuses, lucides, qu’il est temps de (re)découvrir. »
    Jacques Fournier (« Ecoute é Notes », 13 avril 2011).

    « Il y avait bien longtemps que je n’avais plus de vrais contacts vivants avec mes amis surréalistes, sauf quelques exceptions, dont les HSE, revue animée par Christophe Dauphin, dont la fidélité sans failles rend un hommage imposant à Henri Rode dans le numéro 29/30 avec un sous-titre particulièrement clair : « l’émotivisme à la bouche d’orties », soit les amitiés d’émotion où je retrouve par exemple Frans Masereel et Henri Michaux. De quoi faire ou refaire connaissance avec la plus grande liberté d’écriture et de graphismes. Surréalisme encore, mais tragiquement, que cette existence qui me fait penser à Desnos ou Crevel pour la passion d’écrire, mais qui a duré 87 ans sans la moindre baisse de niveau. Triste qu’il ne soit pas plus connu, alors que Dauphin évoque pour la « Bouches d’orties », le Piranèse que j’avais trouvé chez Marcel Mariën au temps du « Miroir d’Elisabeth ». Il s’est défini ainsi : « La seule poésie qui me paraisse valable aujourd’hui est celle qui échappe, tel un monstrueux lapsus, à la culture et à la direction de celui qui l’écrit. »
    Paul Van Melle (Inédit Nouveau n°250, mai/juin 2011).

    « 306 pages, achevées d’imprimer début 2011, pour célébrer le poète et critique Henri Rode, trop oublié par un siècle superficiel. L’article inaugural de Christophe Dauphin et les suivants sont primordiaux, d’ailleurs, pour mieux comprendre la place de grande importance occupée à partir de 1953 à Avignon par Henri Rode (1917-2004). Certes, ce n°29/30 de l’excellente revue Les Hommes sans Épaules, restitue avec pertinence « l’émotivisme à la bouche d’orties » de Rode, dans son temps, mais il étonne surtout par ses poèmes proposés ici, inédits y compris… Certes, Henri Rode n’est pas un poète pour jeunes filles à l’âme légère, il se situe entre Lautréamont et Jean Cocteau, souvent, il tourne le dos à l’insignifiance, il est davantage « bouches d’orties » que « bouche d’ombre ». Il n’empêche, ce décryptage de son œuvre est une réussite rare qui a « son poids de féérie.
    Jean-Luc Maxence (Le Cerf-volant n°224, 2011).




Lectures :

Les Hommes sans Épaules ont 70 ans et c’est exceptionnel. Rares sont les revues de poésie d’une telle longévité. Christophe Dauphin fête cet anniversaire par un éditorial-manifeste émotiviste dans lequel nous percevons un rapport non-dualiste à ce qui se présente :

« Si l’émotivisme dont nous nous réclamons, n’est pas sensiblerie, il n’est pas pour autant culte de l’émotion. La prise qu’a le moi sur les émotions n’est jamais complète et elle réclame justement un lâcher-prise par lequel les tensions puissent se résoudre. L’émotion qui est l’équation du rêve et de la réalité, parce qu’elle jaillit brutalement, comme une réaction devant l’irritation d’une blessure, met le sujet hors de soi. « Je est un autre », « Je est tous les autres » !

Il y a là davantage qu’une intuition, il y a un chemin, une quête intransigeante, par la poésie.

« L’émotivisme est une attitude devant la vie, une conception du vivre qui ne saurait être détachée de l’existence du poète, car la création est un mouvement de l’intérieur à l’extérieur et non pas de l’extérieur sur la façade. L’émotivisme est un art de vivre et de penser en poésie, car une œuvre est nulle si elle n’est qu’un divertissement et si elle ne joue pas, pour celui qui la met en question, un rôle prépondérant dans la vie. »

Le dossier de ce numéro 56 est consacré à Yusef Komunyakaa & les poètes de la guerre du Vietnam. Yusef Komunyakaa, (James William Brown Junior) naît en 1947 à Bogalusa en Louisiane. Confronté au racisme systémique du Sud des USA, il s’implique dans le mouvement de lutte pour les droits civiques. Christophe Dauphin retrace ces années de lutte qui plongent aussi dans les horreurs de la guerre du Vietnam, inscrites par les larmes et le sang dans sa poésie : « Profondément ancrée dans son temps et dans la vie sans le moindre trompe-l’œil, dit-il, la poésie de Yusef Komunyakaa puise sa force dans le vécu même, les révoltes et les racines du poète. Les images sont celles du Sud et de sa culture, de Noirs vivant dans un monde blanc, de la guerre en Asie du Sud, du quotidien, des villes, des pulsations du blues et du jazz. Le langage est aérien, les vers sont courts et visent juste comme des flèches tirées de l’arc des entrailles. »

 

La Limite (extrait)

 

Quand les fusils se font silencieux pendant une heure

ou deux, vous pouvez entendre les pleurs

des femmes faisant l’amour aux soldats.

Elles ont une mémoire sans pitié

& savent comment porter des robes claires

pour conduire une foule, conversant

avec un peloton d’ombres

engourdies par la morphine. Leurs vrais sentiments

les font briser comme avril

et ses rouges fleurissements.

 

Reddition de la jungle (extrait)

d’après la peinture de Dan Cooper

 

Les fantômes partagent avec nous le passé & le futur

mais chacun nous luttons pour retenir notre souffle.

Allant vers ce qui attend derrière les arbres,

le prisonnier s’enfonce plus loin en lui-même, à distance

de la façon dont le cœur d’un homme le divise, plus loin

dans le mystère indigo de la jungle & la beauté,

avec ses deux mains levées dans les airs, se rendant

qu’à moitié : le petit homme à l’intérieur

attend comme une photo dans une poche déchirée, refusant

de lever ses mains, silencieux & intransigeant

tandis que le chien noir éclaireur est à ses côtés.

Amour & haine

étoffent le vrai homme, comme il lutte

dans l’hallucination des bleus

& pourpres foncés qui mettent le jour en feu.

Il somnambule dans un labyrinthe de violettes,

mesurant ses pas d’un arbre à l’autre, sachant que nous sommes tous en quelque sorte connectés.

Qu’ai-je pu dire ?

Nous découvrons dans ce numéro, à la suite de Yusef Komunyakaa, de nombreux auteurs et poètes vietnamiens qui, mieux que les historiens, disent le réel de la guerre : « Liberté est un mot vietnamien ! »

Rémi BOYER (in incoherism.wordpress.com, 20 octobre 2023)

*

"Une chamionne du monde de la poésie, telle est la revue Les Hommes sans Epaules, dans laquelle Christophe Dauphin, dans son éditorial-manifeste  émotiviste du n°56, donne un texte étonnament documenté dans lequel on a envie de pénétrer pour mieux apprécier la portée de ce chemin majeur de la poésie actuelle auquel je souscris de toute ma force d'éditeur de revue, qui montre mon attachement à ce genre majeur. Tous émotivistes, un mot d'ordre et de plaisir nécessaires.

Jean-Pierre LESIEUR (in revue Comme en poésie n°96, dcembre 2023).

*

« Tout poème est politique. Même le plus innocent ou le plus bête. C’est le crédo de la revue Les Hommes sans Épaules et de son animateur Christophe Dauphin. En voilà un sacré et infatigable arpenteur. Rien ne lui est étranger de l’histoire-géo, petite ou grande, de la poésie. Dans cette revue, les poèmes ne sont pas balancés comme ça, mais toujours accompagnés d’une présentation (parfois fouillée) des auteurs. Bon ! Le cœur du n°56, c’est le Vietnam dont Christophe Dauphin « raconte » l’histoire complexe, à laquelle se mêle celle de de français et d’américains venus y vivre ou y mourir. La langue vietnamienne est « monosyllabique, mais polyphone… ce qui donne au vers une grande concision et une riche musicalité » écrit Chê Lan Viên. La révolution, les guerres coloniales menées par la France et par les USA ont beaucoup nourri les poèmes vietnamiens du 20èmesiècle : « Je suis allé tout droit – Au cimetière des avions pirates américains / Une horde de cadavres, affalés, estropiés – écrabouillés… tous ces démons américains… » : Ngô Xuân Diêu ; ou d’Hô Chi Minh, lui-même : « Sous le choc du pilon souffre le grain de riz – Mais l’épreuve passée, admirez sa blancheur – Pareils sont les humains dans le siècle où l’on vit – Pour être homme, il faut subir le pilon du malheur ». D’autres poèmes disent la vie ordinaire : « Nous tressons l’épervier – avec des fils de soie jaune serrés – nous tressons la senne – avec du lin blanc… » : Anh Tho, seule femme de ce dossier avec Madeleine Riffaud, résistante lors de la guerre 39-45, activiste de la décolonisation : « Bouteilles vertes et fronts morts – Ont mêmes gestes, même lit ». Les soldats américains ont mêmes gestes, même lit ». Les soldats américains ont eux-mêmes beaucoup écrit « leur » guerre du Vietnam. Dans ce n°56, l’Afro-Etatsunien, Yusef Komunyakaa : « Mon visage noir s’efface – se dissimulant derrière le granit noir… Je descends les 58.022 noms – attendant à moitié de trouver – le mien en lettre parmi la fumée – Je touche le nom d’Andrew Johnson – je vois le flash blanc de l’objet piégé… » Mais aussi dans ce n°, les surréalistes Gérard Legrand, Guy Cabanel (présentés par Christophe Dauphin) et des créations d’aujourd’hui : Eric Chassefière, laurent Thinès, Sadou Czapka : « Le mur est une limite – et nous sommes des animaux aveugles… » et André-Louis Aliamet : « Papillon dans l’encre incertaine – toi qui n’habites aucun corps – pas même l’eau qui vole – en portant tous les souffles… » Proses et nombreuses lectures critiques. »

Christian DEGOUTTE (in revue Verso n°196, mars 2024).



Lectures :

Les Hommes sans Épaules ont 70 ans et c’est exceptionnel. Rares sont les revues de poésie d’une telle longévité. Christophe Dauphin fête cet anniversaire par un éditorial-manifeste émotiviste dans lequel nous percevons un rapport non-dualiste à ce qui se présente :

« Si l’émotivisme dont nous nous réclamons, n’est pas sensiblerie, il n’est pas pour autant culte de l’émotion. La prise qu’a le moi sur les émotions n’est jamais complète et elle réclame justement un lâcher-prise par lequel les tensions puissent se résoudre. L’émotion qui est l’équation du rêve et de la réalité, parce qu’elle jaillit brutalement, comme une réaction devant l’irritation d’une blessure, met le sujet hors de soi. « Je est un autre », « Je est tous les autres » !

Il y a là davantage qu’une intuition, il y a un chemin, une quête intransigeante, par la poésie.

« L’émotivisme est une attitude devant la vie, une conception du vivre qui ne saurait être détachée de l’existence du poète, car la création est un mouvement de l’intérieur à l’extérieur et non pas de l’extérieur sur la façade. L’émotivisme est un art de vivre et de penser en poésie, car une œuvre est nulle si elle n’est qu’un divertissement et si elle ne joue pas, pour celui qui la met en question, un rôle prépondérant dans la vie. »

Le dossier de ce numéro 56 est consacré à Yusef Komunyakaa & les poètes de la guerre du Vietnam. Yusef Komunyakaa, (James William Brown Junior) naît en 1947 à Bogalusa en Louisiane. Confronté au racisme systémique du Sud des USA, il s’implique dans le mouvement de lutte pour les droits civiques. Christophe Dauphin retrace ces années de lutte qui plongent aussi dans les horreurs de la guerre du Vietnam, inscrites par les larmes et le sang dans sa poésie : « Profondément ancrée dans son temps et dans la vie sans le moindre trompe-l’œil, dit-il, la poésie de Yusef Komunyakaa puise sa force dans le vécu même, les révoltes et les racines du poète. Les images sont celles du Sud et de sa culture, de Noirs vivant dans un monde blanc, de la guerre en Asie du Sud, du quotidien, des villes, des pulsations du blues et du jazz. Le langage est aérien, les vers sont courts et visent juste comme des flèches tirées de l’arc des entrailles. »

 

La Limite (extrait)

 

Quand les fusils se font silencieux pendant une heure

ou deux, vous pouvez entendre les pleurs

des femmes faisant l’amour aux soldats.

Elles ont une mémoire sans pitié

& savent comment porter des robes claires

pour conduire une foule, conversant

avec un peloton d’ombres

engourdies par la morphine. Leurs vrais sentiments

les font briser comme avril

et ses rouges fleurissements.

 

Reddition de la jungle (extrait)

d’après la peinture de Dan Cooper

 

Les fantômes partagent avec nous le passé & le futur

mais chacun nous luttons pour retenir notre souffle.

Allant vers ce qui attend derrière les arbres,

le prisonnier s’enfonce plus loin en lui-même, à distance

de la façon dont le cœur d’un homme le divise, plus loin

dans le mystère indigo de la jungle & la beauté,

avec ses deux mains levées dans les airs, se rendant

qu’à moitié : le petit homme à l’intérieur

attend comme une photo dans une poche déchirée, refusant

de lever ses mains, silencieux & intransigeant

tandis que le chien noir éclaireur est à ses côtés.

Amour & haine

étoffent le vrai homme, comme il lutte

dans l’hallucination des bleus

& pourpres foncés qui mettent le jour en feu.

Il somnambule dans un labyrinthe de violettes,

mesurant ses pas d’un arbre à l’autre, sachant que nous sommes tous en quelque sorte connectés.

Qu’ai-je pu dire ?

Nous découvrons dans ce numéro, à la suite de Yusef Komunyakaa, de nombreux auteurs et poètes vietnamiens qui, mieux que les historiens, disent le réel de la guerre : « Liberté est un mot vietnamien ! »

Rémi BOYER (in incoherism.wordpress.com, 20 octobre 2023)

*

"Une chamionne du monde de la poésie, telle est la revue Les Hommes sans Epaules, dans laquelle Christophe Dauphin, dans son éditorial-manifeste  émotiviste du n°56, donne un texte étonnament documenté dans lequel on a envie de pénétrer pour mieux apprécier la portée de ce chemin majeur de la poésie actuelle auquel je souscris de toute ma force d'éditeur de revue, qui montre mon attachement à ce genre majeur. Tous émotivistes, un mot d'ordre et de plaisir nécessaires.

Jean-Pierre LESIEUR (in revue Comme en poésie n°96, dcembre 2023).

*

« Tout poème est politique. Même le plus innocent ou le plus bête. C’est le crédo de la revue Les Hommes sans Épaules et de son animateur Christophe Dauphin. En voilà un sacré et infatigable arpenteur. Rien ne lui est étranger de l’histoire-géo, petite ou grande, de la poésie. Dans cette revue, les poèmes ne sont pas balancés comme ça, mais toujours accompagnés d’une présentation (parfois fouillée) des auteurs. Bon ! Le cœur du n°56, c’est le Vietnam dont Christophe Dauphin « raconte » l’histoire complexe, à laquelle se mêle celle de de français et d’américains venus y vivre ou y mourir. La langue vietnamienne est « monosyllabique, mais polyphone… ce qui donne au vers une grande concision et une riche musicalité » écrit Chê Lan Viên. La révolution, les guerres coloniales menées par la France et par les USA ont beaucoup nourri les poèmes vietnamiens du 20èmesiècle : « Je suis allé tout droit – Au cimetière des avions pirates américains / Une horde de cadavres, affalés, estropiés – écrabouillés… tous ces démons américains… » : Ngô Xuân Diêu ; ou d’Hô Chi Minh, lui-même : « Sous le choc du pilon souffre le grain de riz – Mais l’épreuve passée, admirez sa blancheur – Pareils sont les humains dans le siècle où l’on vit – Pour être homme, il faut subir le pilon du malheur ». D’autres poèmes disent la vie ordinaire : « Nous tressons l’épervier – avec des fils de soie jaune serrés – nous tressons la senne – avec du lin blanc… » : Anh Tho, seule femme de ce dossier avec Madeleine Riffaud, résistante lors de la guerre 39-45, activiste de la décolonisation : « Bouteilles vertes et fronts morts – Ont mêmes gestes, même lit ». Les soldats américains ont mêmes gestes, même lit ». Les soldats américains ont eux-mêmes beaucoup écrit « leur » guerre du Vietnam. Dans ce n°56, l’Afro-Etatsunien, Yusef Komunyakaa : « Mon visage noir s’efface – se dissimulant derrière le granit noir… Je descends les 58.022 noms – attendant à moitié de trouver – le mien en lettre parmi la fumée – Je touche le nom d’Andrew Johnson – je vois le flash blanc de l’objet piégé… » Mais aussi dans ce n°, les surréalistes Gérard Legrand, Guy Cabanel (présentés par Christophe Dauphin) et des créations d’aujourd’hui : Eric Chassefière, laurent Thinès, Sadou Czapka : « Le mur est une limite – et nous sommes des animaux aveugles… » et André-Louis Aliamet : « Papillon dans l’encre incertaine – toi qui n’habites aucun corps – pas même l’eau qui vole – en portant tous les souffles… » Proses et nombreuses lectures critiques. »

Christian DEGOUTTE (in revue Verso n°196, mars 2024).




2000 - À propos du numéro 7/8

    « Les Hommes sans Épaules n°7/8. Hommage à Guy Chambelland. Un numéro de référence et de collection. »
    Jacques Simonomis (Le Cri d’os n° 29/30, janvier 2000.

    « Cette nouvelle livraison des Hommes sans Épaules, est composée pour l’essentiel d’un hommage à Guy Chambelland, qui nous a quittés voilà bientôt quatre ans. De très nombreux témoignages de poètes et d’amis dont beaucoup furent des auteurs de notre ami Guy, montrent, s’il en était besoin, le rôle important que joua Chambelland dans la vie poétique des quarante dernières années. »
    Jean Orizet (Poésie 1/Vagabondages n°21, mars 2000).

    « Il n’a pas fallu moins d’un numéro double de plus de 160 pages à l’équipe de la revue Les Hommes sans Épaules pour rendre hommage à celui qui fut, avec Le Pont de l’Epée (1957-1983) et Le Pont sous l’eau (1988-1996), le tenant d’une poésie où s’illustreront bon nombre de créateurs d’aujourd’hui : Guy Chambelland. »
    Jean Chatard (Dixformes-Informes, Bruxelles, juin 2000).




2011 – À propos du numéro 32

    « Le directeur de publication, Christophe Dauphin, infatigable animateur de la revue et agitateur du Landerneau, y joue une nouvelle fois un rôle important. Après un éditorial fleuve de quatre pages qui enfonce le clou de l’émotivisme en y associant largement Reverdy, il consacre au poète de Solesmes un long dossier de plus de trente pages augmenté de photographies et de trois poèmes inédits, puis plus de vingt pages à Loïc Herry (1958-1995)... La revue contient bon nombre d’autres raisons de satisfaction : des articles dont celui, remarquable, d’Éric Sénécal sur Jacques Moulin ; des notes de lecture sur une trentaine de pages par sept contributeurs, et des poèmes, bien sûr. Ceux des poètes présentés en dossier, mais d’autres encore, tels Gabrielle Althen et Frédéric Jacques Temple, le regretté Jacques Taurand (Ne jetez pas la pierre, posez-la à côté d’une autre : c’est déjà le commencement de l’édifice), Jean-Claude Tardif, et quatre femmes de la tribu des Wah, autrement dits les-Hommes-sans-épaules. Les dernières pages Infos / Échos des HSE donnent l’actualité - parfois dépassée, pour des raisons de délais de publication, mais la poésie a le temps - des HSE et de ses membres. Une revue indispensable. »

    Jacques Fournier (levure littéraire.com, décembre 2011).

    " Les Hommes sans Épaules n°32, c’est comme chaque fois une quasi encyclopédie de la plus belle modernité. Ou émotivité dirait Christophe Dauphin, présenté par Monique Labidoire comme Gérard Bocholier l’est par Paul Farellier et Jacques Moulin par Éric Sénécal. Un dossier-étude très complet aura rendu jaloux Claude Cailleau, tellement féru du même poète, « Pierre Reverdy et la poétique de l’émotion », décortiqué cette fois par Christophe Dauphin, qui présente Loïc Herry « poète des falaises ». Comment se passer de ce passeur d’hommes (comme on dirait en 14-18 !) qui est aussi un diable d’homme ? On deviendrait émotiviste !"

    Paul Van Melle (Inédit Nouveau n°254, jan/fév 2012).

    " Les Hommes sans Épaules n°32, c'est "l'émotion, toujours l'émotion"! On l'aura deviné, ici, un dossier est consacré à ce grand poète Pierre Reverdy, par Christophe Dauphin. Dans "Une Voix, une œuvre", Éric Sénécal nous parle de Jacques Moulin, poète discret et sincère; quant au "Peintre de cœur", il s'agit de Jorge Camacho, peintre surréaliste cubain. À lire aussi dans "Les Cheveux d'Aoun", les proses de Jacques Taurand, J.-C. Tardif, Félix Labisse et Alain Breton."

        Jean-Michel Bongiraud (Pages Insulaires n°23, février 2012).

       "Des poèmes de Frédéric Jacques Temple et de Gabrielle Althen, ouvrent le n° 32 des HSE. Quatre femmes pour la partie anthologique (Les Wah), qui suit : Odile Cohen-Abbas, Monique Saint-Julia, Isabelle Lévesque, Katty Verny-Dugelay. Toute la vie (littéraire ou non) de Pierre Reverdy, par Christophe Dauphin : c'est clair, nombreuses images et trois inédits de Reverdy. Côté études ("Une Voix, une œuvre") : L'œuvre de Christophe Dauphin, étudiée par Monique Labidoire; celle de Gérard Bocholier, par Paul Farellier; et celle de Jacques Moulin (bien connu des lecteurs de Verso), par Éric Sénécal: que de livres publiés à eux trois !"

          Christian Degoutte (Verso n°148, mars 2012).




2017 - A propos du numéro 43 :

" La dernière livraison des Hommes sans Epaules, comme les précédentes, comporte de nombreuses études, des poèmes, des notes de lecture. L’éditorial, signé par Yves Bonnefoy, récemment disparu, intitulé La poésie n’est pas un dire mais un déblaiement, une instauration, définit avec force le but, les pouvoirs de la poésie : « Continuer d’espérer, vaille que vaille. Continuer de penser que l’arbre et le chemin sont si beaux dans la lumière du soir que ce ne peut être pour rien, et que nous avons toujours la tâche de les montrer, dans leur évidence. » Belle profession de foi de la part d’un de nos plus grands défenseurs de la poésie, d’un de nos meilleurs poètes.

La rubrique Les porteurs de feu est consacrée à Ounsi El Hage, poète arabe, présenté par Christophe Dauphin et tandis que Paul Farellier rend hommage à Jean-Paul Hameury, poète, essayiste, nouvelliste, décédé en 2009.

Dans les rubriques suivantes on peut lire, entre autres poèmes, ceux de Jean Pérol, d’Olga Vassileva, de Joachim Arthuys, de Louis Peccoud.

Paul Farellier consacre une étude, Le poème pour condition, qui est proche d’un essai, à l’un de nos poètes les plus représentatifs de sa génération : Lionel Ray. Cette étude chronologique permet de suivre l’itinéraire de Lionel Ray dès « Partout ici même » ( Gallimard, 1978 ) qui est « un livre inaugural » et Paul Farellier d’étudier la structure de cette écriture, la thématique en germe dans ce livre. Poète lyrique, Lionel Ray est hanté par l’absence, dans « Matière de nuit » ( Gallimard, 2004 ), par exemple, par le temps, dont la présence s’affirme dans « Syllabe de sable » (Gallimard, 1996 ), sans oublier la présence de l’amour, ce que Paul Farellier nomme les « iles amoureuses » ni celle qui lui fait écho : la mort, dans « Le Nom perdu » (Gallimard,1987 ). Cette étude d’une grande densité permet de mettre en lumière les différents aspects de la poésie de Lionel Ray, de le suivre dans son cheminement poétique qui est celui d’un homme en quête de vérité et de lucidité.

Dans la rubrique Une voix, une œuvre, Christophe Dauphin présente Taslima Nasreen, poète bengali dont la tête fut mise à prix dans son pays en raison de ses écrits, de son soutien apporté aux victimes de Charlie Hebdo. On peut lire quelques poèmes de cette femme militante dont l’œuvre comprend poèmes, romans, récits publiés en France chez différents éditeurs.

Il faut aussi mentionner, outre les nombreuses notes de lecture des Portraits éclairs, ceux de Christophe Dauphin et de Réginald Gaillard par Pierrick de Chermont et de Jean-Louis Bernard par Michel Passelergue. Pour terminer cette livraison propose de nombreux textes et poèmes de plusieurs auteurs dont Frédéric Tison, Paul Eluard, Michel Butor, Gérard Cléry, Nanos Valaoritis et bien d’autres.

Les Hommes sans Epaules constituent une source créatrice et poétique dont on ne saurait négliger l’importance et la diversité des propos, la qualité des différentes rubriques et celle des textes choisis."  

Max ALHAU (cf. "Chemins de lectures" in revue-texture.fr, mars 2017).

*

" Ce quarante-troisième Cahier Littéraire des HSE est consacré à Lionel Ray. Le dossier établi par Paul Farellier est accompagné de poèmes inédits. C’est au début des années 70 que Lionel Ray abandonne le nom de Robert Lohro pour marquer une rupture dans son cheminement et son œuvre poétiques. C’est une période de dissidence, de déconstruction, « celle aussi, nous dit Paul Farellier, d’un totalitarisme linguistique où le poème aura bientôt peine à trouver sa respiration. Mais, trop vrai poète, l’homme auquel nous avons affaire pouvait-il se démettre longtemps de sa liberté ? »

Cette première rupture en annonce une autre, dix ans plus tard, une « métamorphose » qu’il décrira lui-même :

« Alors j’ai décidé, faisant table rase de mes fausses terreurs comme de tout terrorisme linguistico-théorique, de saisir la coïncidence la plus exacte possible entre écrire et vivre, et comme l’un de l’autre se fortifie, d’interroger cette rencontre de l’événement, du regard et du poème. »

Remarquons que cette métanoïa créatrice échappe ici à toute posture.

« Le poème, chez Lionel Ray, nous dit encore Paul Farellier, n’est jamais le déversoir d’une plénitude ; il vient en contrepoint d’un manque, comme la marque d’un dénuement qui obligerait le poète à se jeter dans l’espace verbal. »

Des ruptures au sein de l’apparaître émane toutefois une permanence qui fait du temps une matière à travailler par le langage autant que le temps pétrit la langue.

Dans l’éditorial d’Yves Bonnefoy, disparu le 1erjuillet 2016, éditorial intitulé La poésie n’est pas un dire, mais un déblaiement, une instauration, nous lisons ceci :

« La poésie ? Ce n’est pas ajouter des livres à d’autres, sur des rayons de bibliothèque, pour faire avec eux une littérature, et son histoire, et de la culture, autrement dit de la mort, non, c’est tenter de rendre aux mots la pleine mémoire de ce qu’ils nomment : ces choses simples qui sont de l’infini, de la vie, quand on les perçoit dans leur immédiateté, mais que notre discours conceptualisé, tout analytique, remplace par ses schèmes, ses abstractions. (…)

D’où l’intérêt qu’il y a, pour qui se soucie de la poésie, à écouter les questions qui lui sont posées, c’est une occasion de prendre conscience de ce qui, dans sa réflexion ou même au plus intime de son existence de chaque jour, veut lui faire oublier ce devoir de lucidité, c’est-à-dire abandonner sa grande espérance. »

Rémy BOYER (in incoherism.wordpress.com, avril 2017).

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"Les Hommes sans Epaules nous livrent leur 43ème cahier littéraire, un volume, lui aussi, copieux, avec quelques trois cents pages et quelques plats de résistance(s). Ainsi l'éditorial, La poésie n'est pas un dire, mais un déblaiement, une instauration, est-il signé par Yves Bonnefoy, disparu le 1er juillet 2016. Il s'agit en fait d'extraits d'entretiens et de correspondances avec le poète. Je citerai en vrac quelques fragments qui nous aident, j'en suis convaincu, à vivre le mieux et le plus justement possible, non pas en poète, mais en poésie : La poésie ? Ce n'est pas ajouter des livres à d'autres... c’est tenter de rendre aux mots la pleine mémoire de ce qu’ils nomment : ces choses simples qui sont de l’infini, de la vie, quand on les perçoit dans leur immédiateté, mais que notre discours conceptualisé, tout analytique, remplace par ses schèmes, ses abstractions.... La poésie tend à déconstruire les mythes qui l'entravent.

Au sommaire d'une revue qui se doit d'être conservée en bibliothèque, une belle étude consacrée à l'oeuvre de Lionel Ray par Paul Farellier (j'y reviendrai dans le prochain numéro pour évoquer son dernier livre paru, Souvenirs de la maison du temps, Gallimard, 2017), mais en voici déjà un bref extrait : Peut-être aurait-il fallu s'ouvrir à la violence - Des chemins, retrouver un père - Haut comme le jour ... - Qu'avons-nous fait de tout ce temps - Qui nous semblait inépuisable - De tant de flammes de portes vives et d'attente ?

Il y a tout, ou presque, à lire dans Les Hommes sans Epaules, il y en aura donc pouir toutes les faims, toutes les soifs. Peut-être vous citer encore le texte de Frédéric Tison et sa méditation sur Hölderlin, les poèmes de Taslima Nasreen, poète Bengali, les poèmes de Joachim Arthuys et bien évidemment ceux de Jean Pérol... Il faut manger le tout !"

Yves NAMUR (in Le Journal des poètes n°3, septembre 2017, Châtelineau, Belgique).

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" C'est l'un des revues les plus copieuses, appréhendant par ses nombreux dossiers et ses études la diversité de la poésie actuelle. Introduit par un décapant texte d'Yves Bonnefoy sur la poésie qui "tente de rendre aux mots la pleine mémoire de ce qu'ils nomment", des dossiers sur Lionel Ray, poète parmi ceux qui comptent aujourd'hui et sur la poète bengali Taslima Nasreen."

Marie-Josée CHRISTIEN (in Spered Gouez n°23, novembre 2017).




2001 - À propos du numéro 11

     « Ce numéro 11 des « HSE » restera comme celui du « Non à l’imposture » d’une certaine « Nouvelle poésie française ». Il faut lire le dossier – très documenté – à propos d’une anthologie et du Magazine Littéraire n°396, de mars 2001, tiré à 30 000 exemplaires, où les bateleurs s’arrogent le haut du pavé médiatique en déclarant « La Poésie, c’est nous, un point c’est tout ». Points d’interrogations, d’exclamations, de suspensions et d’ironie pouffent autour. Libre aux prudents, ignorants et courtisans de se taire, voire d’applaudir. Il faut l’écrire : nous ne sommes pas d’accord. Affaire à suivre, toute mode se démodant, toute provocation se désamorçant, vaincue par l’horloge. »
    Jacques Simonomis (Le Cri d’os, février 2002).

    « Refusant le trompe l’œil, le dossier des « HSE n°11 » sur « La Novpoésie contre la poésie », est salutaire. Le lire permet de se faire une idée juste des enjeux actuels quant à l’avenir de la poésie, laquelle ne veut pas mourir dans la fosse sceptique de l’incommunicable. Au surplus, les poèmes de Patrice Cauda, de Gaston Puel, de Jean-Louis Depierris, de Georges Sédir, d’Alain Simon, illustrent de réels talents aussi divers qu’indéniables. Enfin, les chroniques de Jean Breton, Christophe Dauphin et Paul Farellier ont le mérite de ne pas être caractérisées par la rétention ou le gâteux snobisme. On y sent cet amour de la poésie qui fait mouche. Personnellement, j’ai retrouvé avec joie la précision des notes de lecture de Jean Breton, inégalable. »

Jean-Luc Maxence (Les Cahiers du Sens, juin 2002).




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