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Lectures

« Je m'assiérai sur le pas de vos portes»

 "Excellence et simplicité... Gérard Cléry s'est détourné des arts poétiques aussi pertinents soient-ils. Il s'est aussi  dépouillé du superflu (rhétorique absente, circonlocutions proscrites)... Roi nu(l) n'est pas un titre mais un état des lieux intimes, la mesure abyssale de l'homme rendu à l'essentiel. Et ce n'est pas rien.

 Le voyage immobile est fascinant et douloureux à la fois : « permettez cependant/que ma vie vous effleure  prêtez/rien qu'un moment l'odeur de votre lit... » Au fil des pages se profile un homme détaché – oh si peu ! - de sa posture poétique pour marcher au pas de l'homme. Le roi nu(l) est une sorte d'albatros baudelairien privé de majesté, d'empire (sur soi, sur les autres), mais perclus de vérités contradictoires, faufilé de tendresse, s'excusant d'être là, comme le Plume de Michaux.

 Un livre de chevet  qui brûle pendant les nuits blanches et qu'on consulte, qu'on touche et qu'on respire : « voyez j'habite si mal/les pierres que je pose »... Mais la présence sensorielle de cet opus absolument remarquable est obsédante et s'étale comme l'huile sur la toile. On retrouve pourtant la mise en relation de l'homme avec son environnement immédiat : « fenêtre mouillées par les baisers/fenêtre enjouée  fenêtres/affûtée/laisse mes mains te reconnaître »... Et le lecteur s'inquiète de cette présence-absence qui ne se repère que dans le chuchotement, dans l'écrit, dans le souffle. Le parcours d'un aveugle ébloui cependant par le monde qu'il traverse blessé par les aspérités de l'univers ambiant, mais aussi touché par : « cette grâce de ceux qui savent s' effacer pour laisser tout son pouls à cette parole qui les dépasse », comme l'écrit Guy Allix dans sa postface.

 « Dormir m'est interdit », nous dit le veilleur, sans oublier que la vie ne vaut peut-être que par les « restes », ces insignifiants qui chargent le havresac d'une silhouette de poète : « la peau de ses mains nues/quelques poils de barbe/une écharpe parfumée/la mèche de cheveux/héritée d'une femme/l'aile d'un oiseau/le rire de deux enfants/grimpés près de son cou/une gousse d'ail/une paire de souliers mal tenus... » un inventaire à la Prévert pour « l'idiot d'amour/le fou l'aveugle » qui se cherche des parenthèses sensorielles pour affirmer que le jour existe. Palpitant encore et encore ce coeur « bêlant ce coeur brûlé ce coeur boiteux », qu'il faut bien se dissimuler à soi-même pour ne pas être débusqué et demeurer a fortiori le passager clandestin de ses émotions... Cette mise à nu ou mise à nu(l), c'est selon, apparaît comme l'outil décisif du parcours poétique et humain de Gérard Cléry. Il est bluffant d'authenticité partagée et sa proximité nous renvoie aux veilleuses qui balaient la nuit nos chemins d'existence."

 Michel JOIRET (in Revue Le Non-Dit, Art et Littérature N°111, avril 2016, Bruxelles).

 

*

" Suivi d'une excellente post-face de Guy Allix, voici « Roi nu(l) » nouveau recueil de Gérard Cléry, publié dans la collection « Les Hommes sans épaules» de la Librairie Galerie Racine, Paris.

Tous les poèmes de Gérard Cléry sont pour rejoindre, et, ici, se rejoindre. Rejoindre soi-même. Rejoindre son corps. Sa vie qui fout le camp. Rejoindre les autres.

Surtout rejoindre la femme. Joindre. Et rejoindre, avec des mots, la poésie des mots.

C'est dire qu'ici le « je » n'est pas un autre, mais le pluriel d'un moi qui, d'abord, s'attendra au futur comme pour s'excuser d'avoir fait attendre, puis se dégager pour disparaître en laissant, comme Villon son frêre, les témoignages de son chemin.

Ce testament devient vite un présent de mémoire, avec l'évocation, dans les écarts, comme dans les marges, des bouffées du désir ou de l'espoir :

                                    « Tu prends à présent la barre

                                   jusqu'à la déraison

                                   et tu gouvernes entre les bras du vent

 

                                   accroupi pour mieux voir

                                   les mains posées sur les genoux

 

                                   et disant oui

                                   et disant non »

 Et le rêve, à petits coups de bec, fait tinter la vitre du vécu duralex.

 Ce cri une fois dit il faut, comme l'oiseau qui, d'un coup d'aile, aile sans parenthèse, remonte le vent de mer, le vent d'amer, il faut remonter le texte. « Retour amont » aurait dit René Char. Et, remontant le vent, nous passons du réel, qui un rêve, à la réalité, qui est une illusion. L'hymne à l'amoureuse, avec son feu patient, est une rosée qui irise « jardin-fenêtre-bouche-luisance d'eau ». C'est une caresse que les mots attendrissent encore pour délivrer le corps. Mais surtout c'est une musique que les mots scandent en rythme syncopé :

 

                                    Le dit du bûcheron

 

                                   est-ce bien moi qui parle de tes cuisses

                                   pour le couteau

                                                                       trouvant ta chair aux versants

                                   d'actinies      dans l'horizon de quoi je dors

                                                                                              est-ce encore moi

                                   régnant désemparé qui continue

                                   qui épaule ton corps

                                   femme univers de ma manducation.... »

 

c'est là que la « Royauté » prend sa source, elle qui vient du chaos, comme le torrent d'amont décoche ses eaux sur le vide. Ce torrent qui n'économise pas la matière, mais la bouscule, pour jeter le délire dans la raison lumineuse.

 Claude ALABAREDE (in revue Diérèse, 2016).

*

" Ces poèmes au rythme haletant, qui semblent écrits dans l'urgence nous parlent autant de nous que de son auteur. C'est ce lien qui nous touche profondément, cette empathie. Gérard Cléry est à l'écoute du monde et des hommes.  Son écriture est sans fioriture, sans réthorique,  elle est comme un silex, mais elle cache ou recèle, une tendresse, un amour, celui d'un homme à hauteur d'homme. Sa poésie questionne, parfois avec angoisse, parfois avec brutalité, elle frappe, touche profondément, elle est essentielle. « Gérard Cléry écrit superbement », dit Guy Allix dans sa post-face. Oui, et chaque mot, chaque courte phrase frappent juste, évoquent, appellent, oui, Gérard Cléry est un poète majeur."

Maurice Cury (in revue Les Cahiers du Sens, 2016).

*

" Belle plaquette dont le titre « Roi nu(l) » rappelle un conte d’Andersen « Les habits neufs de l’empereur ». L’expression « le roi est nu » est passée dans le langage courant pour désigner des apparences trompeuses. Gérard Cléry, avec « Roi nu(l) », réunit deux ensembles poétiques affirmant que l’amour laisse celui qui le vit ou l’éprouve nu et nul, le poète ne cherchant pas à tromper qui que ce soit, il aime et c’est tout.

Le premier ensemble, qui donne son titre à la plaquette, commence par ce vers « Ici roi nu » qui sonne comme le début d’une conversation téléphonique. D’ailleurs, un peu plus loin, un autre poème commence par ces mots : « Quand le téléphone n’est plus le téléphone »… Sans doute Gérard Cléry utilise-t-il, quand il en a envie, la parabole du téléphone pour dire ce qu’il ne peut directement à l’aimée. La succession des deux ensembles ne laisse pas d’étonner. Si le second est un chant d’amour, le premier est plutôt un constat sombre de ce que peut devenir l’amour, le temps passant. Si l’on remarque, d’une suite à l’autre, le même vers (en gros, de l’hexasyllabe à l’alexandrin, les deux vers qui se suivent étant toujours séparés par un blanc, contrairement aux proses), la première suite donne aussi à lire une écriture plus torturée, plus écorchée : prose trouée de blancs (p 20) [signe que « les mots renâclent à passer la gorge » (p 13)] ou brisée quant au sens (p 24) comme si le constat aboutissait à l’impossibilité ; même si les choses sont énoncées clairement : les morts qui se sont accumulées, les ruptures et les rencontres avortées, ce moment où « le manteau de la tendresse / glisse des épaules se déchire ». Alors que la seconde suite semble plus épanouie, plus charnelle ; il est vrai que ces vers « et l’amoureuse / feu rêvant / enlumine l’amant » (p 42) poussent à une telle lecture.

Il faut enfin signaler que ce livre se termine par une postface de Guy Allix dans laquelle je relève ces mots : « Parole de roi nu. De roi humble. Parole oxymore en quelque sorte. » Et Allix d’ajouter que ce que laisse le roi après son passage, c’est « presque rien, mais l’essentiel ». Pour mieux montrer ensuite le « double geste de monstration subliminale » et en arriver ensuite à ce constat que « Roi nu(l) » est un « poème d’amour au fond »… Et pour terminer, relever enfin ces mots : « Qui ne sait aimer ainsi, n’a jamais aimé, n’aimera jamais ». 

Lucien WASSELIN ("Chemins de lecture" in revue-texture.fr, mars 2016).

*

"La judicieuse citation signée Louis Aragon de la première page (« Ce que je n’ai plus donnez-leur/ je reste roi de mes douleurs ») donne le ton à cet ouvrage de Gérard Cléry qui, dans une mise en pages aérée présente son Roi nu(l) accompagné d’une postface de Guy Allix qui souligne avec émotion et une légitime tendresse les vagues hautes de cette poésie mûre depuis déjà longtemps dans l’esprit et le coeur du poète et qui explose ici, en des vers élégants dont le poids est à la fois cruel et tendre.

En une douzaine de recueils, Gérard Cléry a réussi à se faire un nom qui importe dans notre petit domaine de la poésie. Il est vrai qu’il n’est pas uniquement poète. Depuis longtemps déjà il participe et anime des réunions poétiques en compagnie de jeunes comédiens et d’animateurs (entre autres : Marie-Josée Christien).

Avec Roi nu(l) Gérard Cléry démontre combien le poète, « roi des rois » n’est en définitive qu’un pauvre homme comme vous et moi, un être vivant et donc faillible. Il est nul car il est nu et nu parce qu’il est seul. C’est une question de vocabulaire.

Cependant l’ami Gérard Cléry s’avère ici et comme toujours trop modeste car sa poésie n’a rien de gratuit, rien de superficiel. Elle pèse lourd dans le jardin de la qualité. Elle prend en compte les divers aspects de notre vie ordinaire et en dénonce les abus, les carences, les folies. Il faut...

« laisser brûler l’ampoule de l’incertitude »

... prophétise-t-il avec ce sens aigu de l’à-propos qui caractérise son oeuvre et ses actes.

Dense et charnu, cet ouvrage me semble être l’oeuvre majeure d’un poète aux qualités multiples qui se donne avec fougue et volupté aux complicités et aux caprices de l’instant.

Un livre flamboyant. Un poète vrai."

Jean CHATARD (Revue Les Hommes sans Epaules n°41, mars 2016).

*

« Un titre d’un laconisme flamboyant et qui permet de nombreuses lectures, interprétations et rêveries. Comment ne pas penser, tout d’abord, au jeu d’échecs quand la pièce maîtresse est privée de ses défenses : le roi nu. Quand, en dépit de toute logique, il obtient le pat : le roi nul.

L’exergue, égaré dans une pagination ignorant manifestement les règles les plus élémentaires de la typographie, nous fournit une première indication

précieuse avec ces deux vers d’Aragon : « ce que je n’ai plus donnez-­leur / je reste roi de mes douleurs ».

Qui est ce roi des douleurs, sinon le poète régnant sur son désert de mots : « Ici roi nul / roi nul appelle / … / la pitié est horrible / et le bonheur béance ».

Règne ici une tristesse diffuse (celle du poète face à l’incompréhension de ses frères humains) : « je m’assiérai sur le pas de vos portes / sur vos bancs sur vos marches / … / j’essaierai quelque temps vos outils / au seuil de l’œuvre inhabitable / voyez j’habite si mal / les pierres que je pose / permettez cependant / que ma vie vous effleure »…

Une tristesse aux limites du désespoir : « allumer chaque soir le flambeau de l’absence faire le lit du vide vous nommer ne pas vous nommer laisser brûler l’ampoule de l’incertitude (…) regarder votre visage et se crever les yeux / et puis sourire comme font les aveugles ».

Suivent L’ivre lit/Livre lit qui est en somme une lecture du corps de l’autre et une postface de Guy Allix, Breton d’adoption comme Cléry : Oui, Gérard Cléry est un poète. Un vrai poète, en même temps qu’un homme vrai (comment pourrait-il en être autrement ?) et qui ne prend jamais la pose, mais dépose les mots au plus juste de l’émotion. »

Francis CHENOT (in revue Traversées, Virton, Belgique, mai 2016).

*

" C'est un peu l'image du poète. A la fois rayonnant et vain. Superbe au sein de son écriture et désarmé, désolé en même temps. Avec la parenthèse du titre qui redouble et réactualise l'adjectif. C'est aussi plus simplement celle de l'homme, en général, vainqueur et faillible, voyez j'habite si mal - les pierres que je pose; Gérard Cléry semble tirer sa révérence au monde et quitter la société avec pas mal de tendresse enfuie et beaucoup de dignité. Je laisserai si peu de traces. Recueil du désenchantement, de la déconvenue, de la déréliction. Vous ne trouverez rien derrière - mon regard disparu. L'écriture draine dans son lit d'encre, amour, émotion et silence. Le poète ne regrette rien, il n'a pas oublié tous les bonheurs cueillis sur le chemin des jours. Il les voit s'évanouir dans le rétroviseur, maquillés d'ombres charbonneuses. La mémoire relit les pages écornées et relie les chapitres inachevés. Guy Allix donne une belle postface pour relancer la lecture de son ami Gérard Cléry. Le recueil a emporté à juste raison le premier prix Angèle-Vannier."

Jacques MORIN (in revue Décharge n°172, décembre 2016).




Lectures :

Pendant combien de temps peut-on tomber - avec élégance. Cette question, Marie Murski se l'est certainement posée longtemps et plus d'une fois dans sa vie qui ne fut pas simple... et c'est, à vrai dire, un euphémisme ! Fallait-il pour autant ouvrir cet Ailleurs jusqu'à l'aube, en connaissant certains faits et souffrances advenus à l'autrice, en en supposant peut-être d'autres, plus enfuis jusqu'à l'enfance ? Si pour l'exégète d'une oeuvre tout cela semble utile voire nécessaire, le lecteur de poésie doit peut-être faire fi de ces blessures et entrer dans un poème tel qu'il est, sans cadre, sans arrière-fond, sans autre but que celui d'être touché par la grâce d'un texte.

C'est la voie que j'ai suivie en lisant Ailleurs jusqu'à l'aube, un volume important qui reprend quatre recueils publiés dans les années 1980, à l'enseigne de Chambelland ou Saint-Germain-des-Prés, et une suite inédite intitulée Le Grand Imperméable. Dans ces premiers ouvrages, publiés sous le nom de Marie-Josée Hamy, on y découvre, outre l'affrontement avec le réel, l'onirisme un peu rageur écrit Jean Breton qui ajoute qu'elle a su, de façon personnelle, déployer les ailes du surréalisme.

Le surréalisme ? Oui, Marie murski - qui a désormais repris son nom de jeune fille - s'y frotte beaucoup... sans en avoir l'air, tout en convoquant simultanément ce réel auquel elle tient malgré tout ! Les poèmes se composent et se décomposent en de multiples miroirs qui nous renvoient peut-être à l'inconscient de l'autrice et au nôtre également.

Ainsi : Au regard sans fin qui m'observe - à deux doigts du manège - croupe légère et cheval de bois - j'aime à répondre - entre mes cils longuement peignés - qu'il y a encore - dans le creux de mes journées - quelques noix à casser.

Marie Murski doit se lire dans la lenteur, en s'accordant quelques temps pour respirer ou retrouver ses esprits, tant ses poèmes ont ce pouvoir de nous étouffer, de nous mettre en demeure d'affronter l'insupportable. C'est d'ailleurs là l'une des forces de cette poésie : l'affrontement.

Mais une question reste posée par la poète elle-même : Mais comment voir le fond - d'un précipice - que l'on porte à son cou ? - Parfois tu pleures - parfois tu détournes les yeux - à cause de l'écho - et du vide.

Yves NAMUR (inLe Journal des poètes n°3, 2019, Belgique).

*

Marie Murski connût une première vie d’auteur sous le nom de Marie-José Hamy. Elle publie un premier recueil de poèmes en 1977 sous le titre Pour changer de Clarté. Deux autres recueils suivirent qui permirent à Marie-José Hamy d’être reconnue comme une poétesse capable de voyager entre réel et surréel. Elle se dit déjà survivante, ce réel ne l’ayant pas épargné. Au début des années 90, elle publiera quatre nouvelles avant de tomber dans le cycle infernal des violences faites aux femmes. Totalement isolée par un conjoint pervers narcissique, elle disparaît du monde de l’écriture. Elle s’extraira in extremis de quatorze années de violence, grâce à des rencontres salutaires et à l’écriture qui lui donne une nouvelle vie. C’est sous son nom de jeune fille, Marie Murski qu’elle écrit désormais. 

Ce recueil rassemble l’ensemble de son œuvre à ce jour, de son premier recueil de 1977 à ses derniers poèmes écrit l’an passé. Sa poésie puissante, blessée, n’en est pas moins cathartique. C’est un hymne, non à la survie mais bien à la vie.

 

 Extrait de Si tu rencontres un précipice :

 Le matin jupe claire

dans la rondeur des chances

un raccourci pour prendre l’heure

la relève des guetteurs.

 

M’aime-t-on dans les sous-bois

dans les rivières

au creux des bras perdus

dérivant vers le lieu du berceau

accroché à l’étoile morte ?

 

Obstacle

roulis des murs sans joie

le soir passe

un couteau sur la hanche.

 

Qui donc s’envole ainsi

Emporte le bleu et le blanc

Et désole mon désert ?

 

Extrait de La baigneuse :

 

Dans le décolleté des vagues

le bleu poussé au large.

 

Le dernier appel

sans doute.

 

A sauver toujours la même baigneuse

qui ne se lasse ?

 

Et encore Attentat :

 

Une menace est tombée sur tes yeux

une menace et soudain

tu laisses là tes outils de jardin

l’ombre à racines nues

l’écaille des lys à la nuit des rongeurs

l’idée dans le cercle, inconsolable.

 

Rémi BOYER (in incoherism.wordpress.com, 16 février 2019).

*

Après quatre volumes de prose, Marie Murski revient à ses premières amours. Ses quatre recueils de poèmes et des inédits viennent de paraître en un seul volume.

Si Marie Murski a souvent occupé les pages des journaux ces dernières années, c’est pour les romans et nouvelles qu’elle a fait paraître depuis cinq ans. Plusieurs évoquaient – à mots couverts ou explicitement, comme Cris dans un jardin, récemment adapté au théâtre – les années passées sous l’emprise d’un mari violent et pervers narcissique.

Mais avant de signer ses ouvrages de son vrai nom, et avant cela de ne plus toucher à un stylo pendant quatorze ans, Marie Murski s’était fait connaître, sous le nom de plume de Marie-José Hamy, pour son œuvre poétique, qui l’avait menée, notamment, sur le plateau d’Apostrophes, l’émission de Bernard Pivot, en mars 1986.

De 1977 à 1989, l’auteure de Saint-Victor-de-Chrétienville (ancienne sage-femme à Pont-Audemer) avait publié quatre recueils de poèmes : Pour changer de clarté (1977), Le Bleu des rois (1980), Si tu rencontres un précipice (1988) et La Baigneuse (1989). Les voilà tous réunis en un seul volume, Ailleurs jusqu’à l’aube, qui rassemble également les poèmes inédits de Le Grand imperméable, écrits l’été dernier.

Car après quatre volumes de prose, Marie Murski a repris et son vrai patronyme et la plume pour « renaître » à la poésie. « Vive la poésie ! Vive ce bien précieux que j’avais cru perdu lorsque j’étais décervelée, minuscule chose écrasée au fond de mon jardin ! », livre-t-elle.

« Marie-José Hamy était l’une des meilleures d’entre nous, dans les années 80. Il en va de même aujourd’hui avec Marie Murski, une poète comme on n’en rencontre pas tous les jours ; une poésie qui dit la mort et les mots qui l’entourent, la solitude et ses couteaux d’étoiles », salue le poète eurois Christophe Dauphin, de l’Académie Mallarmé, qui signe la préface de l’ouvrage.

Florent LEMAIRE (in L'Éveil Normand, 15 mars 2019).

*

"Ailleurs jusqu'à l'aube" rassemble l'intégralité de l'œuvre poétique de Marie Murski ; du tout début jusqu'aux derniers poèmes écrits l'été dernier.

Les Hommes sans Épaules, artistes-guerriers comme il se doit, lui ont fait un bel ouvrage avec une préface de Christophe Dauphin, de l'Académie Mallarmé.

Bulletin de la Société des poètes normands, 10 février 2019.

*

Une oeuvre poétique …

Une berceuse fleurie sur des mots écorchés …
Un Ailleurs tourmenté, torturé …
un Ailleurs qui nous inonde …
un Ailleurs évocateur … onirique ou cauchemardesque …

La poésie des sensations
L’émoi des mots qui se conte à voix haute, pour en saisir toute l’intensité
Les mots qui se cognent, s’inventent, se chevauchent, se caressent, se libèrent, s’emprisonnent … se fracassent …

Une oeuvre qui, la dernière page tournée se garde encore à portée de main … 
Marie Murski, une poétesse, qui avec merveille sublime les mots …
« elle y trouvait des mots légers suspendus à l’encre, ... » p 166

Quel délice !!

in lespatchoulivresdeverone.com, mars 2019.

*

Marie Murski a publié quatre livres de poésie remarqués sous le pseudonyme de Marie-José Hamy entre 1977 et 1989. Je me souviens de ce nom, sans doute croisé dans des revues de l’époque, ou saisi lors de son passage dans l’émission Apostrophes de Bernard Pivot en 1986. Elle est alors une des voix émergeantes de la poésie. Après avoir publié quelques nouvelles en revues, elle disparaît brusquement du paysage éditorial au début des années 90.

Christophe Dauphin, reprenant de larges extraits de Cris dans un jardin, le récit de sa renaissance réédité plusieurs fois depuis sa parution en 2014,  expose les raisons de cette éclipse involontaire dans sa préface : en proie à un pervers narcissique, isolée et coupée de ses amis et de toute vie sociale, Marie-José Hamy a subi durant quatorze années de violences conjugales un inexorable processus de décervelage et de destruction, ne trouvant de réconfort que dans le jardin qu’elle parvint à créer, en guise de substitut à l’écriture.

Ce volume, publié sous son patronyme de naissance, reprend son œuvre poétique, ses quatre premiers recueils et Le grand imperméable, écrit récemment. Un livre pour effacer la douloureuse parenthèse, reprendre le cours de sa vie et renaître à l’écriture et à la poésie.

Marie-Josée CHRISTIEN (cf. "Nuits d'encre" in Spered Gouez / l'esprit sauvage n°25, 2019).

*

Les éditions Les Hommes sans épaules publient l’ensemble des poésies de Marie Murski, poétesse singulière d’origine polonaise qui vit actuellement en Bretagne, et dont l’œuvre d’une grande sensibilité est ici réunie, depuis Pour changer de Clarté, paru en 1977, sous le nom de plume de Marie-José Hamy, suivi par Le Bleu des rois (1983), Si tu rencontres un précipice (1988), La Baigneuse, et enfin Le Grand Imperméable.

 

Marie Murski a rejoint le comité de rédaction des HSE en 1989, avant de disparaître pendant quatorze ans de la scène littéraire. Elle réapparaît en 2007, reprend son nom de jeune fille, et publiera notamment un récit, Cris dans un jardin. Nous ne reviendrons pas ici sur la violence conjugale subie par Marie Murski, qui est rappelée par Christophe Dauphin dans sa préface. Mais l’enfance traumatisée, « l’enfance à la mine de plomb » est déjà présente dans les recueils qui précèdent chronologiquement la fatale rencontre.

 

Car la poésie de Marie Murski est un jardin, c’est-à-dire un lieu changeant ou s’expriment toutes les saisons de poésie, un lieu de vie, et un lieu de mort. Je pense en la lisant aux roseraies d’Apollinaire d’Automne malade, où le vent souffle, aux vergers vénéneux, où il a neigé ; chez Marie Murski,

 

L’automne est en sursis

 

Lèvres fendues en leur milieu

puis ouvertes en vol d’hirondelles

se parjurent d’onguents cireux

nommés rouge sang dans les couloirs de la mort.

 

 

Marie Murski, Ailleurs jusqu’à l’aube, Les hommes sans épaules, 2019, 20 euros.

 

Le jardin de Marie Marie Murski est un jardin intime où s’épanouissent -  et avortent parfois — d’étranges images qui rappellent celles d’André Breton ou de Philippe Soupault. C’est un jardin où se rejoue, se recompose en permanence, un drame personnel. La poète rebat les cartes et remodèle son territoire.

 

Ce jardin est aussi le lieu où se pressent l’intrusion, où la violence n’est jamais très loin :

 

Décisive cette main qui déshabille

qui se taille la part du lion

et crachote dans mes crocus

 

Mais on y trouvera aussi un érotisme floral qui prend le temps de s’épanouir, notamment dans le recueil La Baigneuse :

 

laisser la légèreté

dans son plaisir

la lenteur du fruit

autour du noyau

 

La poète nous livre une anatomie intime, à travers les images d’un corps-jardin, qui devient parfois un corps-paysage, et aussi un corps-mémoire :

 

Certains nuages restent

sous la peau

 

Mais le jardin de Marie Murski est aussi un laboratoire, un lieu de renaissance et de re-création, dont l’enchantement procède d’une animation virevoltante, parfois éperdue, d’abord parce que c’est un lieu habité de présences, un bestiaire dont la poète entend l’appel ambivalent :

 

Le rêve a ses raisons

des raisons de loup dans une forêt verte

 

Et si je cours sans cesse

c’est pour passer sans regarder

les petites têtes hilares

qui partout

jaillissent des troncs d’arbres

 

Des voix tantôt harcelantes, tantôt consolantes.

 

Inlassablement la poète est

 

Dragueuse d’infini

porteuse d’eau dans le combat des heures

 

On ne compte plus ses incarnations, « toupie » (rêve d’un mouvement perpétuel ?), ou lutteuse qui ne souhaite pas « mourir gentiment », et qui oppose à la fixité glaçante de la mort la virtuosité du verbe. Déjà, enfant, elle « tournait à l’envers ». N’est-ce pas la vocation du poète d’aller contre la rotation habituelle du monde ?

 

Le jardin est juste en-dessous du ciel, comme chez Verlaine le ciel est par-dessus les toits. On lira aussi des poèmes plus contemplatifs comme celui qui est dédié à Hubert Reeves, où la poète « chavire en boule de vertige ». Sage-femme de son métier, Marie Murski accouche aussi les étoiles :

 

Au-dessus il y a les étoiles

qui sont mes sœurs on le dit et c’est vrai

nous avons le même ventre dur

fécond dans l’éternité

 

Nous l’avons dit, le jardin de Marie Murski est un jardin violenté, un jardin saccagé, et pourtant, par la puissance du langage, elle fait entendre, dans des poèmes parfois difficiles, une voix dont les échos résonnent longtemps en nous, s’enracinent douloureusement dans la sensibilité du lecteur, y plongent des racines écorchées, à vif, palpitantes.

 

La poésie a sauvé la vie de Marie Murski, qui ne cesse de « vider ses poches », comme le petit Poucet rêveur de Rimbaud égrenant des vers. Et en effet, l’appel d’un départ se fait entendre souvent :

 

Partir vraiment

comme un pied qui s’écarte du continent.

 

Voici pour l’ailleurs.

 

Et pour terminer, je cite intégralement le magnifique poème qui termine le recueil Si tu rencontres un précipice, où la mort est évoquée dans un élan nuptial :

 

Qu’elle vienne

au galop comme dans les terres dangereuses

ou patientes comme les filets d’oiseleur,

mais

que son ombrelle ne soit pas tranchante

aux abords de mes yeux

qu’elle sache avec délicatesse

ôter la bulle d’air enroulée à mon doigt

qu’elle m’enserre doucement

dans son simple éclair

 

 

Voici pour l’aube.

 

Vincent PUYMOYEN (in recoursuapoeme.fr, 5 février 2025).




Lectures :

On retiendra du recueil de cette poète palestino-jordanienne, née au Koweït, sa liberté, son esprit d’ouverture et son effronterie.

Sa manière principale est l’interpellation, elle n’hésite pas à prendre à témoin, sa mère, sa grand-mère, les hommes en général, voire les morts… tous ceux qui l’entourent sans distinction, sans restriction et sans déférence. En les traitant d’égal à égal.

Un domaine où sa sensibilité est particulièrement affûtée est celui où elle traite des sentiments comme le désespoir ou l’ennui avec une tendance philosophique où elle fait des rapprochements entre dureté et patience, peur et clémence ou encore tristesse et héroïsme. Souvent à la limite du paroxysme ou de l’oxymore :

 

Je reconnais à la séparation qu’elle n’arrive

qu’en apportant

son bagage de commencements

 

ou encore plus directement à l’aphorisme : Le pardon est l’accomplissement du désespoir

Lorsqu’elle invoque Dieu, elle revendique son athéisme et n’hésite pas à écrire : Nous sommes tous tes enfants impies

 

En outre, elle ne manque pas d’humour :

Une statue n’en pouvant plus de rester debout

en veut au tremblement de terre

de tant tarder

 

et ne ménage personne, elle en premier lieu :

Je m’évertue

à écrabouiller publiquement ma fierté

 

Elle s’exprime en toute liberté, en répétant :

J’ai envie de toi…

 

Et dans une ode à la vie :

...Levons haut nos verres

et soyons tonitruants

impudiques !

 

Avec un hymne superbe dédié aux femmes :

Les femmes ne prennent pas l’initiative des guerres

Ne portent pas les armes

 

Et plus loin : Elles n’enfantent pas des tueurs

 

Et dans un autre poème un rappel historique :

Nous mettions bas dans les champs

Nous fertilisions la terre avec le sang de l’accouchement

 

Et dans un autre texte remarquable :

Les morts reviennent toujours

Tu ne dois pas lui rappeler que son corps est glacial

Et commence à se décomposer

 

Avec ce conseil :

quand le défunt revient à la maison

ne le serre pas contre toi

 

« Griffes » qui donne le titre à l’œuvre est considéré à juste raison par le préfacier Christophe Dauphin comme le manifeste d’une poète insoumise

Je vends aux passantes des griffes

une griffe pour tuer

une griffe pour violer

une griffe pour blesser

une griffe pour découdre les blessures

une griffe pour se donner des gifles

au-dessus des tombeaux des aimés

 

Jacques MORIN (« Les indispensables de Jacmo » in dechargelarevue.com, 5 août 2025).

 

*

Dans une belle édition bilingue, arabe et français, paraît le recueil "Griffes" de la poète palaestinienne, Jumana Mustafa, traduit par le poète marocain, Abdellatif Laâbi.

Jumana Mustafa est née en 1977 au Koweit, de parents exilés, elle vit aujourd'hui entre la Jordanie et l'Egypte. militante pour les droits de l'Homme, elle est fondatrice du festival Poetry in Theaters.

Jumana écrit une poésie de défi, surprend par son audace. Sa parole est affranchie des lieux courants qu'on attend de la poésie palestinienne pour écrire la voix d'une femme en butte au machisme social, aux retors de visions rétrogrades et sort ses griffes, sans vernis, ni contours.

Ses mots directs, d'apparence simples, crient, sans fioritures de langage, une douleur,, une vie intérieure en révolte, contre tant de maux, tant de contrariétés, tant de malentendus entre femmes et hommes. Poète citoyenne du monde, sa poésie est un chnat d'amour, de liberté et de vie.

Elle écrit : Nous n'avons besoin ni de papillon - ni de flûte - ni de source miroitante - Nous voulons ingurgiter un autre verre - pour vivre une heure de plus.

Tahar BEKRI (in kapitalis.com, Tunisie, 24 juin 2025).

*

Les Hommes sans Épaules publient ce poignant et admirable recueil de poèmes, traduits de l’arabe de Palestine par Abdellatif Laâbi. Cette édition est bilingue, plaçant côte à côte la langue arabe et la langue française, deux langues nées pour la poésie.

Malgré le contexte douloureux dans lequel demeure le peuple palestinien, ce n’est pas une poésie de combat, de résistance, qui serait légitime mais une poésie de réalisation, de liberté, de profondeur, qui éveille par la lucidité et la simple présence à soi-même et au monde, une force intangible de l’esprit.

 

Le premier poème a pour titre « La liberté m’a murmuré que j’étais sa fille préférée ».

 

« Vois-tu, mère ils ont de petites cornes

 et des queues sous leurs pantalons

Ils parlent dans leurs barbes

une langue maudite

et font circuler entre eux des talismans

comme des encensoirs

Cependant, j’ai pu survivre

et sauver ton visage

J’écris avec mes doigts

sur la buée des vitres

dans l’espoir que quelqu’un soufflera

sur la face du poème

et que celui-ci apparaisse

J’avoue que le désespoir a toujours été

le premier arrivant

le premier

à renouer avec la sérénité

le premier

à se lever le matin

et le dernier à se coucher

J’avoue que l’ennui

depuis que je l’ai connu

a toujours tenu à changer de couvre-chef

Je reconnais à l’absurde

d’avoir réparé

toutes les horloges insolites… »

 

Christophe Dauphin la désigne comme une « poétesse libre et insoumise ». Les poèmes sont longs, ils déferlent comme les vagues sur une plage, doucement et régulièrement ou, au contraire, viennent frapper les rochers avec fracas.

 

« Les ogresses m’ont transplanté dans une matrice humaine

et ont fourvoyé mes restes

Elles m’ont revêtue de la peau d’un cadavre de jeune fille et m’ont relâchée

Je flotte dans ma peau

Les hommes me prennent pour une femme

alors que je suis une petite ogresse

Je rugis quand j’ai faim

quand je désire le maître des ogres

et que j’ai envie du sang de gazelle… »

 

Livre de poésie, c’est aussi un livre de sagesse, une sagesse terrible, celle qui jaillit du monde tel qu’il est et non tel que nous le rêvons.

 

« Peut-être ne le sais-tu pas encore

les femmes n’ont pas inauguré toute cette mort

et peut-être ne le sauras-tu jamais

elles n’enfantent pas des tueurs

Les tueurs

s’enfantent eux-mêmes »

 

L’amour côtoie la mort, naturellement, sans ostentation, parce que c’est ainsi. La beauté, si improbable, couvre de son manteau de plénitude les affres de l’incarnation et de l’exil, en soi-même plutôt que géographique. Il y a bien les « griffes », il y a aussi les caresses. Les deux font la danse de la vie.

 

Rémi BOYER (in incoherism.wordpress.com, juin 2025).

*

Nouvelle voix de la poésie palestinienne d’aujourd’hui, Jumana Mustafa est traduite pour la première fois en français par Abdellatif Laâbi.

« La liberté m’a murmuré que j’étais sa fille préférée ». Ainsi s’intitule le poème sur lequel s’ouvre ce recueil de textes choisis et traduits par Abdellatif Laâbi dans l’œuvre de Jumana Mustafa. Née au Koweït en 1977 et vivant entre la Jordanie et Le Caire, la poétesse est reconnue comme une figure majeure de la littérature palestinienne et a choisi la liberté comme étendard. Ce recueil déploie une palette d’émotions, de la lucidité la plus crue au plaisir, à l’amour, jusqu’à la révolte, pour mettre en mots un rapport au monde marqué par la perte du pays, l’exil, la condition féminine. Cela commence sur le mode de l’inventaire des drames :

 

« Je reconnais à la défaite

de bien choisir son moment

à la solitude sa virginité

au désastre ses nouveautés

à la distraction sa célérité

aux questionnements

leur droit à l’existence »

 

Et cela se poursuit sur le ton de la confiance et de l’espoir : « Comme cette vie est généreuse ! / Elle ne m’a pas rappelé mes erreurs ».

 

« Les femmes ne prennent pas l’initiative des guerres »

 

Dieu, c’est pour l’aider en amour qu’elle l’implore. L’amour, comme l’histoire et la mort, elle les envisage avec une lucidité triste : « La perfection / à suivre… » Les trois sont liés du reste, et la poétesse soupire : « Et je regrette / de ne pas avoir ce qu’il faut / pour recoller les blessures du monde ». Tour à tour intimiste et déclamatoire, Jumana Mustafa fait la réclame de ses « Griffes » pour défier la douleur. Mais la déréliction et le cynisme n’ont pas de place dans ses textes. Elle ne pleure pas les victimes, elle renvoie la culpabilité aux agresseurs :

 

« Les femmes ne prennent pas l’initiative des guerres

ne portent pas les armes

[…] Elles n’enfantent pas des tueurs

Les tueurs

s’enfantent eux-mêmes ».

 

Elle rend un bel hommage à Fayrouz, qui a continué à chanter en ignorant la guerre. Elle compatis à la mélancolie des grands-mères qui ont donné à l’exil leur descendance.

 

Jumana Mustafa défie les morales des fables et leurs ordres établis, invitant au défi, à la joie comme une résistance : « Elle fut ridicule / l’époque qui nous avait inculqué / impassible / ses leçons sur le bien ». Et de nous enjoindre :

 

« La vie, tant qu’elle est là

Si nous devons porter un toast

faisons-le pour elle

Levons haut nos verres

et soyons tonitruants

impudiques ! »

 

Et vous, vous lisez quoi ?

 

Kenza SEFRIOUI (in Enass.ma, Maroc, 4 juillet 2025).

*




12 décembre 2013 Dans Rimbaud revue

"Auteur de quelques vingt-sept ouvrages de poésie, prose poétiques ou souvenirs publiés depuis un quart de siècle, Jacques Simonomis n’attendait qu’un commentateur pour que son œuvre connaisse vraiment le rayonnement auquel ses qualités humaines la destinaient. C’est maintenant chose faite par la grâce d’un Christophe Dauphin particulièrement bien inspiré, qui analyse, ausculte une par une et dans tous les domaines les qualités et l’évolution d’un langage haut en couleur, chargé de tendresse humaine et d’authentique révolte face au monde que nous connaissons. Simonomis le sensible nous apparaît plus accessible encore, à travers Sa vérité qui n’est pas celle de tous, son rythme de poète qui casse et brise les tabous, son humour, parfois grinçant, qui met au pilori et les hommes et leurs œuvres, sans oublier le fondateur et l’animateur depuis une bonne décennie du fameux Cri d’os, ouvert à toute œuvre de qualité… Complété par de larges extraits de l’œuvre de Simonomis, cet ouvrage est un tout qu’on ne peut négliger lorsqu’on se penche sur l’œuvre du fondateur du Cri d’os."

Jehan Despert (Rimbaud Revue n°27, 2002).




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